Bonjour
François Sureau, 61 ans, est une riche personnalité atypique du paysage médiatique. On peut en prendre la mesure dans un solide portrait du Monde (Pascale Nivelle): « François Sureau, la mauvaise conscience d’Emmanuel Macron. Gardien des libertés publiques et ardent défenseur des demandeurs d’asile, l’avocat et écrivain tape sur la loi asile-immigration, tout en conservant l’oreille du président de la République. » (Pascale Nivelle).
« Longtemps, il s’est ennuyé à chercher un sens à sa vie. Il grimpait, grimpait, passant de l’ENA au Conseil d’État, sautant d’un cabinet d’avocats d’affaires à la gestion des affaires, dans les assurances (AXA) ou la finance (MultiFinances International), parfait petit soldat de son milieu. « J’avais le goût assez jésuitique de répondre aux réquisitions du jeu social », explique-t-il. »
Ancien de Saint-Louis-de-Gonzague et de Sciences Po, officier dans la Légion étrangère, il fut aussi maître des requêtes au Conseil d’Etat ; fils du Pr Claude Sureau (gynécologue-obstétricien de renom, également libre et atypique, qui a marqué son époque), chroniqueur à La Croix, l’homme était ce matin l’invité de la matinale de France Inter : « François Sureau : « Le gilet jaune est l’expression même de la soumission du peuple français » ».
France Inter qui lui demanda de revenir sur sa formule (nous soulignons) utilisée dans un entretien accordé il y a quelques jours au Figaro (Eugénie Bastié) :
« Je pense aussi que le public, et je ne m’en exempte pas, aimerait que l’État lui dise simplement les choses. Qu’il cesse d’employer le langage de mabouls qu’il affectionne et déploie au long de lois interminables et pour la plupart inutiles, y trouvant l’excuse de son inaction profonde. Il y a dans cette insurrection larvée une protestation contre le «monde virtuel» du gouvernement. »
Aliéné, barjo, cinglé, hurluberlu, insensé, malade.
Connaissez- vous « maboul », cet adjectif populaire et familier? Qui a perdu la raison, fou. Complètement maboul. « (…) le troisième « éminent » rédacteur en chef de la Lanterne, était maboul bien avant qu’on le sût. Il était président du conseil au moment de la déclaration de guerre. » (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 150.)
François Sureau :
« La confiscation de l’activité politique par le langage de l’administration, de la technocratie, est quelque chose d’absolument surprenant. Allez sur YouTube et regardez comment parlaient Mitterrand ou Pompidou, vous serez saisis, sur une autre planète (…) Ce n’était pas une langue différente, c’était la langue d’une époque où il y avait du Victor Hugo chez les ouvriers, chez les paysans (…) Aujourd’hui …. on assiste par exemple aux « Assises de la mobilité » Quand je les ai vu apparaître, j’ai vu quelque chose se dégrader dans le pays (rires dans le studio) On est assis et on bouge… Cela fait penser à ce que disait un vieux gaulliste qui disait ‘’Pourquoi les assises, la correctionnelle aurait suffi.
« Après çà il y a eu pire : la Loi d’Orientation des Mobilités … Au plein début de la crise des Gilets Jaunes on fait passer une loi de 80 pages qui prévoit le fichier national des cyclistes… l’interdiction de construire des carrefours en amont des ronds-points … les péages urbains … et tout ça exprimé dans une langue invraisemblable où le maire de Trifouilly-les-Oies se voit qualifié d’AOT pour Autorité Organisatrice de Transports. Il n’y a plus de brigade de gendarmerie, plus de poste, plus de boulangerie, plus de café mais, tenez-vous bien, le maire est une AOT. C’est surréaliste… ! »
Surréalisme et jactance. Où l’on saisit mieux en quoi la récente « Itinérance Mémorielle » présidentielle a pu être de nature à impacter les esprits d’un pays devenu un conglomérat de « territoires » quand, hier encore, il n’en formait qu’un.
A demain
@jynau