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Veille de Noël 2018. Et résurgence du « rapport de force ». D’un côté un pouvoir exécutif à la peine pour concrétiser les promesses présidentielles faites aux Gilets Jaunes. De l’autre l’émergence de nouvelles demandes – avec risque massif de diffusion épidémique. Après les policiers, les urgentistes. Avec grève illimitée annoncée.
C’est à lire dans Le Parisien (Gwenael Bourdon) : « Seine-Saint-Denis : grève annoncée au Samu, une réunion est prévue ce lundi ». Et, une nouvelle fois, une grève « médicale » où il ne s’agit pas de réclamer une « augmentation du pouvoir d’achat » : les assistants de régulation médicale réclament des moyens pour répondre correctement aux patients. De l’argent pour remplir sa mission.
« Deux réunions de négociations et les coups de fil un brin pressants de responsables de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) aux responsables syndicaux n’y ont rien fait. Les agents de régulation médicale (ARM) du Samu de Seine-Saint-Denis devraient se mettre en grève illimitée à partir de ce lundi, exigeant des créations de postes. Cette mobilisation est la première depuis la fin des années 1990. Les ‘’standardistes’’ du numéro d’urgence médicale estiment ne plus pouvoir travailler correctement. »
Rapport de force. Bien évidemment la « grève » sera symbolique : assignation du personnel par le directeur de l’hôpital Avicenne; les ARM continueront à décrocher le téléphone. Soutenus par les médecins urgentistes il réclament toujours 10 postes supplémentaires – pour répondre comme il convient aux appels des patients (plus de 600 000 par an, soit 230 000 dossiers médicaux). « On travaille quasiment tout le temps en service minimum. Les gens doivent attendre quatre à cinq minutes parfois avant qu’on prenne leur appel… alors qu’il y a des cas graves », expliquait la semaine dernière Raphaël Thimon, ARM depuis dix-huit ans à Bobigny et délégué syndical CGT. Le 21 décembre, seuls 27 % des appels étaient décrochés dans la minute, comme l’exigent les critères qualité du Samu.
Bras de fer et extension du mouvement
Et Le Parisien de préciser que tout ceci s’inscrit dans le bras de fer engagé avec la direction de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Agence régionale de santé (ARS). Pour Christophe Prudhomme, délégué CGT, « il n’est pas exclu que le mouvement s’étende à d’autres Samu en Ile-de-France, qui sont confrontés aux mêmes difficultés ». Celui du Val-de-Marne vient de déposer un préavis de grève pour le 26 décembre.
Rapport de force. Après quels maigres réponses de l’AP-HP ( « un renfort de l’effectif pour la période hivernale » de trois postes, et la création d’une « équipe additionnelle de remplacement », en faisant appel à des étudiants en médecine) l’ARS vient d’annoncer un « soutien financier exceptionnel (2,4 millions d’euros) aux huit Samu d’Ile-de-France pour desserrer la contrainte sur les effectifs et faire face à l’activité soutenue de cette période de fin d’année ».
Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS d’Ile-de-France a déclaré à l’AFP qu’il allait « débloquer une enveloppe exceptionnelle de soutien à chacun des Samu d’IDF de 300 000 euros, ce qui fait 2,4 millions à l’échelle régionale. » Cette somme, « débloquée sur des crédits propres à l’agence », sera versée « la première semaine de janvier ».
Et M. Rousseau de s’engager sur la voie escarpée du mea culpa : il reconnaît des difficultés de recrutement, un turnover très élevé dans certains Samu, « comme à Paris et en Seine-Saint-Denis », ainsi qu’un « nombre d’appels qui augmentent, par exemple à Paris avec les Gilets Jaunes ». Il constate également de « vraies disparités d’activité et d’indicateurs de résultats entre les différents Samu », estimant qu’il y a un « travail de fond à faire sur l’organisation ».
Et au gouvernement ? Dans Le Journal du Dimanche, Edouard Philippe, Premier ministre se confie et menace : « Je prends des coups, je peux en donner. Agnès Buzyn s’exprime sur une pleine page. Elle boxe avec l’insoumis et de plus en plus dérangeant François Ruffin « M. Ruffin fait son show, depuis le début. Il utilise la politique comme une scène de spectacle. Et rien ne l’arrête pour exister ». La ministre des Solidarités et de la Santé ne perçoit « aucun problème » entre le chef de l’Etat et son Premier ministre. Et elle a ce mot, étrange : « Nous devons faire un effort supplémentaire pour écouter ».
Rapport de force.
A demain
@jynau