Bonjour
Médecin un jour, médecin toujours. Faut-il parler de vocation, de sacerdoce ou d’addiction ? Ou, plus simplement, de continuer à travailler pour gagner sa vie, soutenir ses proches et ses patients ? Autant de questions soulevées par ce travail que vient de publier la direction de la recherche , des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) : « Un médecin libéral sur dix en activité cumule emploi et retraite ».
Où l’on apprend qu’en France, au 1er janvier 2018, près de 10 % des médecins libéraux ou ayant une activité mixte exercent dans le cadre du dispositif « cumul emploi-retraite » 1, soit un peu plus de 12 000 médecins (contre 4 500 en 2011) . Le nombre de bénéficiaires du dispositif s’est fortement accru ces dernières années. Les spécialistes conventionnés en secteur 2, et notamment les psychiatres, y ont davantage recours que les généralistes.
Au-delà de 65 ans
Mieux : au-delà de 65 ans, près de 70 % des médecins encore en activité sont des « cumulants ». La cessation d’exercice définitive de ces bénéficiaires intervient en moyenne à 69,5 ans, après avoir cumulé revenu d’activité et pension de retraite pendant près de quatre ans. Leurs revenus sont quasiment au même niveau que ceux des actifs « non cumulants ».
On peut le dire autrement : la croissance du dispositif d’année en année entraîne un recul progressif de l’âge de fin d’activité des médecins libéraux : en moyenne 67 ans en 2017. La fin d’activité intervient plus tardivement pour les spécialistes, du moins dans les zones où ils sont nombreux à exercer, ainsi que pour les généralistes, mais dans les zones peu denses. Les médecins généralistes sont en dessous de la moyenne de l’ensemble des médecins cumulants (8,3%). Ils reculent ou diffèrent leur départ à la retraite « dans les zones très peu denses, là où ils savent que leurs patients auront des difficultés à retrouver un médecin traitant ».
Où l’on voit que les chiffres de la Dress permettent, en dépit de leur sécheresse, de prendre la mesure de ce qui peut, au choix, être qualifié de vocation, de sacerdoce ou d’addiction.
A demain
@jynau
1 Le « cumul emploi-retraite » permet de percevoir des revenus professionnels tout en étant retraité. Ce dispositif existe depuis la création du système de retraite en 1945, mais ses modalités ont été assouplies par la loi du 21 août 2003, puis par la loi de financement de la Sécurité sociale de 2009. Avant le 1er janvier 2009, l’exercice de l’activité libérale devait procurer des revenus nets inférieurs annuellement à 130 % du plafond de la Sécurité sociale (soit 39 732 euros au 1er janvier 2018). Mais depuis le 1er janvier 2009, ce plafond n’existe plus. Pour bénéficier de ce dispositif, il faut à la fois avoir fait valoir ses droits à la retraite et avoir atteint l’âge du taux plein, ou avoir l’âge légal de départ à la retraite et justifier de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier d’une pension de retraite à taux plein.
Une réflexion sur “Médecine : combien continuent à la pratiquer quand ils pourraient jouir de leur retraite ?”