Bonjour
Coup de tonnerre dans un ciel que seuls les naïfs imaginaient serein. Tonnerres et éclairs sous la forme d’une dépêche de l’Agence France Presse. Où l’on mesure les limites de la solidarité nationale quand il est question de morale, de justice et dividendes. Où l’on apprend que le géant pharmaceutique français Sanofi a refusé, mercredi 16 janvier, de donner suite aux premières demandes d’indemnisation de victimes de son médicament antiépileptique Dépakine®. En d’autres termes il rejette sur les autorités sanitaires française l’entière responsabilité de ce qui est désormais médiatiquement présenté comme un « scandale sanitaire ».
Le Monde rappelle que la Dépakine® est accusée d’avoir provoqué des malformations et des retards de développement chez des milliers d’enfants dont la mère prenait cet antiépileptique (principe actif : acide valproïque) durant sa grossesse.
Réaction officielle du géant pharmaceutique : le dispositif mis en place par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) fait peser « principalement sur le laboratoire la charge de l’indemnisation » sans prendre en compte « les preuves établissant que Sanofi a informé les autorités en toute transparence » sur les risques de la Dépakine pour les femmes enceintes, au fur et à mesure de l’avancée des connaissances scientifiques.
Et le géant de poursuivre : depuis la fin des années 1980, les autorités sanitaires françaises « ont à plusieurs reprises rejeté les demandes de Sanofi qui visaient, en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques, à mentionner dans la notice patient les risques pour le fœtus pouvant être liés à la prescription de ce médicament dans le cadre d’une grossesse ».
« Solliciter » Sanofi pour « contribuer »
Selon les estimations de l’Assurance-maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la Dépakine® et ses dérivés sont directement responsable (depuis 1967) de malformations (entre 2 150 et 4 100 cas suspectés) et de troubles du neuro-développement (entre 16 600 et 30 400 cas).
Les risques de malformations liées au valproate de sodium ont été mis en lumière par des études scientifiques dès les années 1980 et les risques neuro-développementaux l’ont été à partir du début des années 2000. L’AFP se souvient aussi qu’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé a déclaré à plusieurs reprises (l’an dernier) que l’Etat allait « solliciter » Sanofi pour « contribuer » à indemniser les victimes de la Dépakine®.
La ministre connaît désormais la réponse du géant. Mais que pèse, face à lui, le pouvoir exécutif ?
A demain
@jynau