Bonjour
Le temps passe-t-il trop vite ? C’était il y a, déjà, cinq ans. Décembre 2013, dépêche d’ APM News :
« Le président du conseil de surveillance de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), Jean-Marie Le Guen, a rendu hommage à la « compétence » de l’ex-directrice générale de l’AP-HP, estimant qu’elle avait été victime d’une « certaine forme d’injustice » lors d’un « moment de convivialité » organisé à l’occasion du départ de Mireille Faugère.
Lors d’une intervention d’une dizaine de minutes, prononcée dans une salle comble de l’hôtel Scipion (Paris Vème), Jean-Marie Le Guen a estimé que l’assistance était venue pour montrer son « amitié » à Mireille Faugère, cette amitié tenant à sa « personnalité » mais aussi aux « circonstances » de son départ.
« Mireille Faugère a été révoquée de ses fonctions le 13 novembre et a été remplacée le jour même par Martin Hirsch. Comme l’avait révélé l’APM, elle n’a appris la nouvelle que dix jours avant ce conseil des ministres. « Nous sommes tous convaincus qu’une certaine forme d’injustice vous a été faite », a souligné Jean-Marie Le Guen qui a toutefois noté que « l’engagement public s’accompagne souvent d’injustices ». (…)
« Intervenant par la suite, sans reprendre les termes utilisés deux jours avant dans une interview au Parisien Mireille Faugère a souligné qu’elle vivait son départ comme « un chagrin d’amour ». Et comme lors de moments de dépit amoureux, « on n’est pas prêt à trouver un nouveau boyfriend », a-t-elle ajouté en faisant référence à son avenir professionnel mais tout en se disant convaincue de « pouvoir rebondir ». »
Rebondir après un deuil amoureux ? Le dernier rebondissement est à découvrir dans Le Canard Enchaîné de ce 16 janvier (Isabelle Barré). Où l’on apprend que Richard Ferrand, ancien journaliste socialiste aujourd’hui président macronien de l’Assemblée Nationale, aimerait désigner Mireille Faugère au Conseil supérieur de la magistrature. Et Le Canard d’actualiser un riche dossier ouvert il y a deux ans et dont nous nous étions fait l’écho. Une affaire de très gros sous, un argent public versé avant d’être réclamé.
Factures volatilisées
Au début du mois d’octobre 2016 le Canard Enchaîné avait mis ses palmes dans le vaste plat des factures impayées : 80 millions d’euros de factures dues à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris s’étaient volatilisées en 2011 quand l’AP-HP était dirigée par Mireille Faugère dont le Canard révélait alors le montant assez mirobolant des émoluments.
Dans un communiqué, l’AP-HP traitait en quelques lignes alambiquées de la demande de Martin Hirsch à celle qui était devenue « conseillère maître à la Cour des comptes » :
« (…) le Conseil de surveillance a pris acte avec satisfaction de ce que le Directeur général avait pris la décision qu’il lui incombait de prendre, en demandant le reversement des sommes liées aux activités privées de l’ancienne Directrice générale, en conformité avec la politique générale menée en matière de contrôle des cumuls d’activité, soutenue par le Conseil de surveillance ; il a demandé à être informé des suites, dans le cadre d’une procédure dont il a été rappelé le caractère contradictoire. »
« En poste de septembre 2010 à mi-novembre 2013, Mireille Faugère a en effet coûté fort cher à l’AP-HP, conservant ou acquérant malgré ses fonctions à titre personnel des mandats au sein de conseils d’administration d’organismes divers (entreprises publique et privée, fondation, association) expliquait le site Hospimédia. Des mandats qu’elle avait mentionnés lors de son recrutement sans susciter d’observations ni d’objections, s’est étonnée la chambre, qui ne précise pas le montant mais signale qu’ils contrevenaient aux règles d’exercice définies par la loi de juillet 1983 ‘’portant droits et obligations des fonctionnaires’’. »
Garantir l’indépendance des magistrats
Il fallait aussi compter avec les écarts de rémunérations avec les textes réglementaires – et ce, semble-t-il, pour un montant avoisinant les 530 000 €. L’ancienne DG touchait un peu moins de 300 000 € brut par an, dont une part fixe de 250 000 €. Soit un montant supérieur de 50% au salaire perçu par son prédécesseur, Benoît Leclercq, et son successeur, Martin Hirsch (environ 200 000 € par an dont 165 000 € en fixe). Sans oublier une indemnité de licenciement brute de 125 000 € quand ce même montant n’aurait pas dû excéder 25 881 € net (la moitié de la rémunération de base nette pendant trois mois). Ainsi que des jetons de présence en tant que membre des conseils d’administration d’EDF et d’Essilor de 2010 à 2013 – ce que le droit administratif interdit.
Le Canard Enchaîné précise aujourd’hui que Mireille Faugère, 62 ans, refuse de rembourser les sommes réclamées (148 934 €) par Martin Hirsch en dépit d’un jugement du tribunal administratif de Paris (elle a fait appel). Et le Canard d’observer que cette situation ne manque pas d’interroger quand il s’agit d’une nomination au Conseil supérieur de la magistrature qui a pour rôle de garantir l’indépendance des magistrats de l’ordre judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif. Cela ne devrait pourtant n’être qu’une formalité pour celle qui, après la direction générale de l’AP-HP, a été nommée à la Cour des Comptes. Tel est du moins le point de vue de l’hebdomadaire satirique.
Quant à Jean-Marie Le Guen, il a quitté la politique et le socialisme pour rejoindre, à la mi-juin 2017, Siaci Saint-Honoré, importante société française de courtage en assurance, en tant que conseiller du président du groupe. Le temps passe trop vite.
A demain
@jynau