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CSAPA. Le magazine trônait dans la petite salle d’attente. Sur le présentoir, près de la fontaine à eau. « Faut-il taper sur la vape ? ». C’est à la une d’ « Amitié, La Poste Orange – Association d’Aide et de Prévention des adictions ». N° 179 – Automne 2018.
« Il y a dix ans environ, la cigarette électronique faisait son apparition. Depuis, pas facile d’y voir clair parmi les nombreuses études publiées sur le sujet, et les débats qui mobilisent chercheurs, médecins, utilisateurs. Nous en avons interrogé quelques-uns.
Et le magazine (Anne-Claire Gras) d’évoquer les conclusions alarmistes diffusées dans les médias généralistes sur les dangers de la cigarette électronique : « risques d’infarctus accrus, effets cancérigènes et allergènes, surproduction de mucus, développement de maladies pulmonaires inflammatoires… ». Des mises en garde qui n’ont pas suffi à inciter Olivier, 37 ans, à abandonner la vape. Cela fait deux ans que, du jour au lendemain, cet ingénieur du son installé à Paris a troqué son paquet de tabac à rouler pour une cigarette électronique. Depuis, il n’a jamais ressorti son briquet. Et continue de remplir quotidiennement sa «vapoteuse» avec un liquide dosé à 6 mg/ml de nicotine, saveur Malboro ou spéculoos – « nickel avec le café ! » Le tout pour un budget d’une centaine d’euros par mois, «soit à peu près ce que je dépensais en fumant ma vingtaine de cigarettes par jour ».
Olivier en est arrivé là en discutant avec d’autres vapoteurs, « et surtout en glanant des informations sur Internet ou auprès de sa boutique attitrée ». « Les médecins à qui j’en ai parlé n’avaient pas vraiment de conseils à me donner. Ils me renvoyaient plutôt vers les patchs. »
Et le Pr Yves Martinet pneumologue et président du Comité national contre le tabagisme d’opiner : « Pour un professionnel de santé, il est éthiquement difficile de recommander une solution pour laquelle il manque encore des preuves scientifiques. »
Ethique et Révolution des Volutes
Ethiquement difficile, aussi, de ne pas citerl’Académie des sciences américaine qui a fait analyser, en début d’année, huit cents études études sur le sujet. Eyt qui conclut, sans surprise, que substituer complètement la cigarette par la vape réduit l’exposition du consommateur à de nombreux produits toxiques et cancérigènes présents dans les cigarettes traditionnelles.
Ethique ? « Le problème, avec la diffusion d’études pseudoscientifiques souvent truffées d’incohérences, c’est qu’elles peuvent dissuader les gens de tester la vape, et donc les priver d’une solution pour arrêter le tabac, regrette Claude Bamberger, président de l’Aiduce (Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique), créée en 2013.
« La vape aide-t-elle vraiment à stopper la cigarette ? Si la réponse est un grand « oui » pour Claude Bamberger, l’agence nationale Santé publique France a, elle, adopté une position plus contrastée. Dans les résultats d’une enquête menée il y a quelques mois, elle soulignait que »pour certains fumeurs, vapoter pourrait aller à l’encontre du processus d’arrêt du tabac et de son effet bénéfique sur la santé si, au lieu d’essayer d’arrêter complètement de fumer du tabac, certains vapofumeurs se contentaient de réduire leur consommation en considérant qu’il s’agit d’une réussite suffisante »».
«Pour répondre de façon certaine à cette question, il nous manque des chiffres», estime le Pr Martinet. Ce que l’on peut affirmer aujourd’hui, c’est que vapoter est vraisemblablement moins dangereux que fumer, et que si un patient nous dit qu’il a arrêté de fumer en vapotant, on va le féliciter ! »
Féliciter ? Certains verront là les reliques de l’attitude infantilisante qui, longtemps, a prévalu dans les rapports entre médecin et patient. D’autres regretteront une nouvelle fois, amèrement, que les autorités sanitaires, le pouvoir exécutif, le gouvernement et le président de la République n’aient toujours pas pris la mesure, le poids et l’ampleur de la Révolution des Volutes. Que ce Nouveau Monde macronien, tant annoncé, tant vanté, n’ait toujours pas saisi ce que devrait être une belle et grande politique de réductions des risques.
« Amitié La Poste Orange » On retrouvera le magazine dans la petite salle d’attente du CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie). Non loin de la fontaine à eau.
A demain
@jynau
Une réflexion sur “E-Cigarette : mais pourquoi Emmanuel Macron n’ose-t-il donc pas en faire la promotion ?”