« Six morts de la grippe dont deux soignants » : la rumeur et le mystère d’Orléans

Bonjour

Pourquoi parler aux médias quand on ne sait pas ? Nous apprenions il y a trois jours, via La République du Centre qu’un patient de l’Ehpad Les Ombrages (80 places) était mort au centre hospitalier régional d’Orléans-La Source. Un décès, assurait-on, liée à l’épidémie de grippe qui avait déjà causé la mort de cinq personnes en quelques jours. Information confirmée par Edwige Rivoire, directrice générale de l’Ugecam Centre (qui gère les établissements de santé de l’Assurance Maladie dont cet Ehpad).

Le quotidien régional ajoutait « qu’au moins » deux salariés d’un centre de soins voisin de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) étaient décédés à leur domicile le 24 janvier « vraisemblablement » à la suite d’« syndrome grippal ». De fait un communiqué de l’Agence régionale de santé Centre Val de Loire confirmait : « deux personnes salariées du CRF des Coteaux à la Chapelle-Saint-Mesmin sont décédées le 24 janvier 2019 à leur domicile. Elles étaient en arrêt maladie pour ‘syndrome grippal’».

Mourir d’un « syndrome grippal » ?

« On en est six décès : trois résidents dans le courant du mois de janvier, un quatrième résident dont on a eu connaissance le 26 janvier et deux cette semaine parmi le personnel soignant », expliquait encore un porte-parole de l’ARS. Les sexes et les âges des victimes n’étaient pas communiqués mais l’ARS précisait que les trois résidents décédés dans le courant du mois de janvier « avaient plus de 90 ans ». « Il y a une mesure de confinement. Personne ne sort de l’établissement sans qu’on ait bien pris en compte les traitements qui doivent être faits : distribution de masque, rappel des règles hygiéniques, message de prévention de la vaccination », ajoutait cette source.

Trois jours plus tard, flottement, tout est remis en question. La même ARS explique que sur les six décès, cinq demeurent en réalité « inexpliqués ». Elle indique ainsi qu’un seul cas « avéré » de grippe a été établi. Il s’agit de la femme 85 ans, décédée le 26 janvier au CHR d’Orléans. « On ne sait formellement pas si les trois autres décès [des résidents de plus de 90 ans] sont liés à la grippe » reconnaît l’ARS. La veille elle expliquait que pour les six décès « il y a des éléments qui font vraisemblablement penser à un syndrome grippal mais on est en attente des résultats d’examens ». Mourir d’un « syndrome grippal » ?

Le fils de l’octogénaire décédée au CHR, Benoît Desroche, a annoncé lundi à l’AFP son intention de porter plainte. « Elle n’était pas vaccinée. Elle l’avait été les années précédentes mais pas cette année. Elle était malade depuis trois semaines et elle n’a été hospitalisée que 48 heures avant son décès. Si son cas avait été pris à temps, peut-être qu’elle serait toujours-là aujourd’hui », a-t-il déclaré.  Concernant les deux agents du centre de soins également décédés, l’ARS précise simplement que « l’un d’eux n’était pas vacciné ». Et elle « ignore » si l’autre l’était.

Quand on ne sait pas, mieux vaut ne rien affirmer aux médias.

A demain

@jynau

PS. Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi du 29 décembre l’ARS Centre-Val de Loire a souhaité apporter les informations suivantes (de manière complémentaire aux informations fournies dans la soirée du 28 janvier par le groupe UGECAM, gestionnaire de l’EHPAD et du Centre de rééducation fonctionnelle « le Côteau » à La Chapelle Saint-Mesmin):

« 1 Parmi les six décès, le virus de la grippe a été isolé chez un résident. Il s’agit d’undes virus circulants de l’épidémie actuelle de grippe saisonnière, faisant partie des virus inclus dans le vaccin cette année. Il ne s’agit en aucun cas de la grippe aviaire. 2 La cause du décès ne sera pas formellement établie pour les deux personnes membres du personnel de l’établissement. Leurs décès sont vraisemblablement liés à cette épidémie. Ces personnes, qui n’étaient pas vaccinées, ont présenté des symptômes respiratoires ou pulmonaires, dans le contexte d’un foyer grippal confirmé au sein de l’établissement et de circulation active des virus grippaux dans la région. 3 L’ARS rappelle que la vaccination des professionnels soignants n’est pas obligatoire mais qu’elle est recommandée, pour protéger leurs patients et se protéger eux-mêmes. C’est à ce titre que dans le cadre des relations contractuelles entre l’ARS et les établissements médicaux-sociaux et sanitaires, des objectifs sont fixés pour améliorer la couverture vaccinale. »

 

5 réflexions sur “« Six morts de la grippe dont deux soignants » : la rumeur et le mystère d’Orléans

  1. Il existe toujours un moratoire/suspension de l’obligation vaccinale contre le virus de la grippe pour les médecins.Qu’attend on pour la rétablir? Une pandémie grippale?
    Incompréhensible en terme de santé publique!

  2. Georges, le hic, c’est que vacciner les soignants pour protéger les soignés relève de la foi du charbonnier.

    Je peux me permettre de le dénoncer, j’ai cette foi et me vaccine consciencieusement avec l’iée de protéger les miens âgés, enceintes et petits et mes patents.

    Malheureusement cela n’a pas l’air de fonctionner, en tut cas cela n’a pas été bien étudié
    Cochrane (d’avant la liquidation de Peter Gotzsche) dixit (ci-dessous)

    Quand on lit l’ARS (L’ARS rappelle que la vaccination des professionnels soignants n’est pas obligatoire mais qu’elle est recommandée, pour protéger leurs patients et se protéger eux-mêmes) on peut en conclure que l’ARS ne fait pas sa formation médicale continue.

    On peut prôner la vaccination sans preuve , mais il faut alors être honnête et transparent et dire que cela repose sur des présomptions (foi du charbonnier). POurqui pas , je me vaccine sur cette base – là après tout.

    https://www.cochrane.org/CD005187/ARI_influenza-vaccination-healthcare-workers-who-care-people-aged-60-or-older-living-long-term-care

    Authors’ conclusions:
    Our review findings have not identified conclusive evidence of benefit of HCW vaccination programmes on specific outcomes of laboratory-proven influenza, its complications (lower respiratory tract infection, hospitalisation or death due to lower respiratory tract illness), or all cause mortality in people over the age of 60 who live in care institutions. This review did not find information on co-interventions with healthcare worker vaccination: hand-washing, face masks, early detection of laboratory-proven influenza, quarantine, avoiding admissions, antivirals and asking healthcare workers with influenza or influenza-like illness (ILI) not to work.

    This review does not provide reasonable evidence to support the vaccination of healthcare workers to prevent influenza in those aged 60 years or older resident in LTCIs. High quality RCTs are required to avoid the risks of bias in methodology and conduct identified by this review and to test further these interventions in combination.

  3. Deux soignants doc moins de 65 voire 60 ans, qui meurent à domicile avec des signes de syndrome grippal, c’est très mystérieux;

    On s’attend à ce que les complications de la grippe amènenent à consulter et les malades non abandonnés par la famille ou la société, s’ils meurent meurent à l’hôpital en service réanimation éventuellement sous curculation extracorporelle.

    Habituellement avec la grippe si on en meurt c’est à l’hopital ou dans les 30 jours suivant la sortie,
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5632265/
    .. de pneumonie, de staphylococcies, autres surinfections, d’infarctus du myocarde, d’encephalite, myocardite, de défaillance multiviscérale, mais je ne pense pas que ça prenne soudainement les gens dans leur sommeil à la maison. Sauf erreur d’évaluation de la graité par l’entourage ou le médecin.

    Mais là 2 travailleurs d’un EHPAD quasi simultanément morts chez eux ce peut être un hasard mais c’est étrange.

    A suivre

  4. Un petit post-it devrait être affiché dans toutes les salles de rédaction et amphis de soignants (là sous forme d’une enseigne lumineuse clignotante rouge) :
    « Lié à » n’a jamais voulu dire « causé par ». Et réciproquement.

    • F-M Michaut, , je plaide pour une énorme post-it.
      d’ailleurs sil faudrait le poser sur chaque exemplaire de JAMA , NEJM, The LAncet BMJ etc.

      La confusion de la causalité avec l’association( lié à) est un des pêchés récurrents d’une imense partie de la recherche médicale, qui signe sa médiocrité.

      John Ioannidis un expert en « Médecine fondée sur le preuves » et méthodologie des études médicales, a récemment fustigé et tourné en dérision la recherche en nutrition.

      https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2698337
      https://www.acsh.org/news/2018/08/24/john-ioannidis-aims-his-bazooka-nutrition-science-13357

      Il n’y a pas que la nutrition hélas.

      Il n’est que de voir que toutes les études d’observation ou presque sont interprêtées si ce n’est par les auteurs, alors par les commentateurs de la presse médicale et grand public comme montrant des liens de causalité alors que non: c’est faux, il s’agit d’associations sujettes à d’innombrables biais.

      Quand à la causalité, pour y faire croire, les chercheurs ne présentent pas les résultats avec des chiffres sincères. Euphémisme.

      Ils utilisent à la pelle les variations de risque relatif, pour impressionner ou enjoliver leur poulain. Par contre ils ont bien recours au risque absolu, parfois pourminimiser les effets secondaires du poulain.

      Exemple:

      La trompolysine diminue le risque de récidive du cancer de l’orteil de 50%.
      On arrive à ce chiffre enthousiamat ainsi (cas fictif évidemment)
      Trompolysine : récidives 10
      PLacebo: récidives 20
      De 20 à 10 on diinue le risque relatif de 50%

      EN FAIT:
      Nombre de sujets traités : 1000 par groupe
      Placebo: 20 récidives pour 1000 soit 2%
      Trompolysine: 10 récidives pour 1000 soit 2%

      La vraie diminution du risque est donc la diminution du risque absolu , celui qui intéresse le malade :
      2% – 1% = 1 %

      Ou comment faire passer une diminution de 1% pour une diminution de 50% !

      Autre exemple qui montre que, bien que les méthodologistes sérieux mettent en garde depuis des décennies, les chercheurs (publish or perish and you’d better publish something sexy or else you’ll get your paper rejected you stupid !) et plus grave, les directeurs de revues médicales les plus côtées se roulent sans honte dans cette supercherie :

      https://www.redactionmedicale.fr/2010/11/la-communication-sur-les-risques-est-mauvaise-dans-les-abstracts.html

      Cette malhonnèteté se retrouve dans une immense majorité des études médicales actuelles.
      En fait c’est quasiment de la fraude.

      Pour en revenir à la causalité, si une étude non pas d’observation qui ne montre que des associations, mais une étude en double aveugle avec tirage au sort correct, non arrêtée avant son terme, sans trop de perdus de vue montre que la poudre de pénis de tamanoir augmente de 1,6% la survie des traumatisés crâniens, est-ce que vous acceptez qu’une différence de 1,6% (en risque absolu et pas encore pire , relatif puisse indiquer une causalité ?
      Parfois il nefaut pas s’arrêter à la technique statistique, mais réfléchir.

      Cela peut correspondre à un essai comme suit:
      2 groupes de 1000 patients
      9 morts dans le groupe pénis de tamanoir
      25 dans le groupe placebo
      Risque du groupe tamanoir : 0,9%
      Risque du groupe placebo: 2,5%
      RÉSULTAT SIGNIFICATIF FANTASTIQUE :
      DIMINUTION DE 64 % DES DÉCÈS !
      Oui mais attendez !
      64% de diinution du risuqe relatif.
      Le risque absolu baisse de 1,6%
      Pour sauver un traumatisé il faut en traiter 63 par la poudre de pénis de tamanoir !
      (NNT ou number needed to treat = 63)

      Des essais comme ça c’est toutes les semaines et on vous vend la fine fleur des médicaments de tous les jours ainsi.

      Si je traite 63 patients pour en sauver un : peut on affirmer qu’il y a une causalité ?

      Mmmm pas si simple hein ?

      Demandons à Aristote , ou à des philospohes modernes !

      Laissez les tamanoirs tranquilles !

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