Bonjour
Nouvelle tragédie individuelle. Nouvelles interrogations collectives. Nouveaux émois au sein de la communauté médicale hospitalière parisienne et française.
5 février. On apprend, de sources concordantes, que le Pr Christophe Barrat, chirurgien âgé de 57 ans, s’est suicidé par défenestration le dimanche 3 février au sein des locaux de l’hôpital Avicenne (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris). Ce praticien était chef du service de chirurgie bariatrique et métabolique du groupe hospitalier Hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis (Avicenne, Jean-Verdier et René-Muret).
Dans un email interne adressé aux établissements du groupe hospitalier (auquel Le Quotidien du Médecin – Anne Bayle-Iniguez) a eu accès, un hommage officiel a été rendu au Pr Barrat, « un professionnel respecté et apprécié de ses équipes »qui « incarnait l’excellence de sa spécialité et avait une reconnaissance nationale dans le domaine de la chirurgie bariatrique ».
Bien évidemment cette fin tragique n’est pas sans rappeler celle du Pr Jean-Louis Mégnien, cardiologue de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) – il s’était lui aussi défenestré sur son lieu de travail le 17 décembre 2015. Une mort qui avait rapidement mis en lumière la somme des conflits internes au sein de cet établissement hospitalier réputé. Et, après enquête, une mort à bien des égards indissociable d’une forme de harcèlement moral et institutionnel.
Interrogé par Le Quotidien du Médecin, le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste à Avicenne et membre de l’AMUF et de la CGT, fait le rapprochement entre les deux suicides, tous deux « multifactoriels »:
« L’hôpital essaye de se défausser de ces responsabilités en évoquant la maladie grave du Pr Barrat [ce dernier souffrait d’un cancer] mais le contexte professionnel dans lequel il exerçait doit aussi être pris en ligne de compte, Le Pr Barrat était au top à 50 ans, il dirigeait le service de chirurgie viscérale de Jean-Verdier, l’un des meilleurs de France. C’était une belle réussite. Et puis, il y a quatre ans, son service a été fermé pour être regroupé avec celui d’Avicenne. Cette stratégie de regroupement de l’activité médicale de l’AP-HP n’a pas aidé. »
Ce n’est pas tout. A l’échelon local le Dr Prudhomme évoque une « ambiance pas très bonne » (voire « conflictuelle») entre le Pr Barrat et le chef de service de chirurgie générale, digestive, cancérologique, bariatrique et métabolique de l’hôpital Avicenne. « Il y avait à Avicenne un conflit entre deux professionnels, et cela, avec le management autoritaire d’un directeur,souligne l’urgentiste-syndicaliste. C’est une situation interne typique du monde médical, à Avicenne ou ailleurs, qui n’est rien d’autre qu’un système clanique. »
D’ores et déjà un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHST) extraordinaire s’est réuni et une cellule psychologique a été ouverte immédiatement. La CGT a réclamé l’ouverture d’une enquête sur les risques psychosociaux dans les trois établissements qui composent le groupe Hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis. La direction générale de l’AP-HP ne s’est pas encore exprimée.
A demain
@jynau
Merde