Bonjour
D’une particulière gravité, l’accusation ne pouvait rester sans réponse. Après le suicide du Pr Christophe Barrat à l’hôpital Avicenne, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARe) avait dénoncé la « communication désastreuse » de l’AP-HP sur le sujet et accusé cette dernière de « violer le secret professionnel en laissant fuiter dans la presse qu’il luttait depuis plusieurs mois contre une maladie grave ». « Il s’agit d’un suicide réalisé sciemment sur le lieu de travail et cela ne mérite pas de telles insinuations ! » déclarait le Dr Anne Geffroy-Wernet, citée dans Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas Primbault).
Pour sa part, sur le site whatsupdoc le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au CH Avicenne et responsable CGT déclarait : « La décision de se donner la mort est souvent liée à plusieurs facteurs. Mais je suis outré par la communication de l’hôpital qui parle d’une longue maladie…Ce collègue était en effet atteint d’un cancer, découvert récemment, il était en traitement… Je trouve assez scandaleux que l’on se défausse de cette manière. »
Aujourd’hui, pour la première fois, la direction de l’AP-HP réagit publiquement, et ce via son service de presse : « Information sur le décès du Professeur Christophe Barrat » 1 :
« Nous regrettons d’avoir à nous exprimer publiquement et de sortir du recueillement plus opportun en cette période de deuil. Toutefois, les circonstances nous obligent à le faire et ce en plein accord avec la famille du Professeur Christophe Barrat, afin d’apporter les précisions suivantes :
– nous avons fait référence, dans le message diffusé au sein du groupe hospitalier et des instances de l’AP-HP, à l’état de santé du Professeur Christophe Barrat afin, selon l’expression même de son épouse, « d’apporter un éclairage au geste de son mari ». Nous n’avons donc en rien rompu le secret médical mais avons été autorisés à porter cet élément à la connaissance de notre communauté selon la volonté et le plein accord de la seule personne légitime à nous délier de ce secret : son épouse, qui a validé ce message avant qu’il soit diffusé.
– le Professeur Christophe Barrat disposait de l’entière confiance et du plein soutien de la gouvernance du Groupe Hospitalier Universitaire que nous représentons et nous avions décidé collégialement de lui confier de nouvelles responsabilités, ce dont il était parfaitement informé et ce pourquoi il nous avait encore très récemment exprimé sa satisfaction.
Un processus d’enquêtes s’engage par ailleurs, et il convient que celui-ci puisse se dérouler dans la plus grande objectivité. A nouveau nous exprimons notre pleine solidarité et nos sincères condoléances à son épouse, ses deux enfants et ses proches et souhaitons que chacun respecte la sérénité à laquelle ils peuvent aspirer dans cette période douloureuse et alors que se prépare la cérémonie d’hommages et d’adieux au Professeur Christophe Barrat. »
A demain
@jynau
1 Le communiqué est signé Didier FRANDJI, Directeur des Hôpitaux Universitaires Paris Seine Saint Denis; Pr Nathalie CHARNAUX, Directrice et Doyen de la Faculté Santé, médecine et biologie humaine ; Pr Yves COHEN, Président de la Commission médicale d’établissement locale.
Je suis assez étonné par l’argumentaire de l’APHP : le secret médical ne peut être rompu par la famille, encore moins par l’employeur.
Donc même avec l’accord de l’épouse, il y a abus, voire faute en dévoilant publiquement un état de santé.
Qu’il repose en paix.
Je viens de lire votre autre article concernant la violation du secret : on est donc tous d’accord qu’il y a faute.