Comptabiliser les blessés des Gilets Jaunes : Agnès Buzyn opposée au «fichage des malades»  

Bonjour

Combien ? Agnès Buzyn vient d’annoncer qu’elle allait prochainement recevoir des représentants de la Société française d’ophtalmologie, qui s’alarme des blessures oculaires causées lors des manifestations de Gilets Jaunes. « C’est un problème spécifique dont je souhaite discuter avec la Société française d’ophtalmologie, a-t-elle déclaré sur Europe 1. Je vais les recevoir parce qu’ils m’ont alertée sur beaucoup de blessures à l’œil. Ce problème-là, spécifique, je vais le regarder avec eux. »

La veille, dans une tribune publiée sur Mediapart et accompagnée d’une pétition, une centaine de personnalités avait appelé Agnès Buzyn à « lever le voile » sur le nombre de blessés, manifestants ou forces de l’ordre, hospitalisés depuis le début du mouvement.

Les signataires de la tribune s’indignent des blessures, parfois irréversibles, causées notamment par l’utilisation de lanceurs de balles de défense (LBD), et se disent « choqués » par le « silence » de « l‘administration de la santé publique ». Réplique d’Agnès Buzyn :

« Les hôpitaux reçoivent tout le monde, sans trier et sans ficher. Un médecin, un urgentiste qui soigne un malade va connaître sa blessure mais ne va pas identifier s’il est un Gilet Jaune, un membre des forces de l’ordre ou même un passant qui a couru et s’est blessé. Connaître le nombre de personnes hospitalisées qui seraient soit Gilets Jaunes, soit forces de l’ordre, ce n’est pas comme ça que les hôpitaux fonctionnent et je ne demanderai jamais aux soignants de ficher les malades qui arrivent. »

Blessures délabrantes

La Pr Chloé Bertolus  (service de chirurgie maxillo-faciale, hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP) était interrogée il y a peu, par Le Quotidien du Médecin, Elle expliquait dénombrer seize traumatisés faciaux pris en charge dans les hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) depuis le début de ces manifestations de «gilets jaunes». Elle explique en substance que ces lanceurs de balles sont des armes certes non létales mais nullement inoffensives :

 «Les blessures causées sont des fractures comminutives mandibulaires ou du zygoma avec une plaie en regard, mais sans pertes de substance comme on pourrait l’observer avec des armes à feu, précisait-elle. Elles s’apparentent à des fractures obtenues suite à un choc par un objet contondant. Les blessures les plus délabrantes concernent l’orbite, avec une possible perte du globe oculaire. La prise en charge chirurgicale implique une opération de trois heures minimum pour une fracture isolée de la mandibule. Certains patients ont eu des blocs beaucoup plus longs, et auront d’autres interventions chirurgicales.»

«La principale difficulté est que ces blessures sont annoncées par des hématomes et non par des plaies ouvertes, ce qui les rend plus difficiles à diagnostiquer»observait  pour sa part le Pr Pierre Carli, président du Conseil national français de l’urgence hospitalière et patron du Samu de Paris. Ce spécialiste conduit actuellement un travail de recueil et d’analyse des dossiers des blessés par lanceurs de balle pris en charge dans les services d’urgence hospitaliers français. Objectif : élaborer des protocoles visant à améliorer la prise en charge des blessés.

On ajoutera que la pétition lancée auprès des soignants par le Pr Laurent Thines, neurochirurgien (CHRU de Besançon) [« Les soignants français pour un Moratoire sur l’utilisation des armes sub-létales »] a dépassé les 154 000 signatures. Agnès Buzyn n’a pas été interrogée sur ce sujet. En temps que médecin et membre du gouvernement elle pourrait l’être prochainement.

A demain

@jynau

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s