Bonjour
La rumeur parisienne enfle. Hier encore elle n’y « réfléchissais même pas ». Interrogée sur RTL sur son départ imminent du gouvernement pour participer comme tête de liste aux élections européennes elle répond : « Emmanuel Macron ne me l’a pas demandé. J’ai de très belles lois à porter. Les noms qui circulent dans la presse sont des spéculations. Je n’y réfléchis même pas. »
Aujourd’hui tout se précipite, comme en témoigne Le Figaro (Marcelo Wesfreid) : « Européennes: malgré de nombreux dossiers en cours, Agnès Buzyn tentée par une candidature ». « Pour beaucoup, ce n’est déjà plus une hypothèse, écrit le quotidien. Mais une certitude. ‘’Sa candidature comme tête de liste pour les européennes est fortement probable», confie un cadre de La République en marche. Agnès Buzyn a d’ailleurs rencontré le directeur de campagne Stéphane Séjourné, la semaine dernière. »
« Elle ferait une excellente tête de liste, a rajouté la garde des Sceaux Nicole Belloubet sur BFMTV. Elle a à la fois le charisme et la volonté.» «Elle est très appréciée, tant au parti qu’au groupe, et incarne le renouvellement et la société civile», souligne la porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé. Cette piste semble tenir la corde par rapport à un autre scénario, qui a également circulé: la candidature de la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau.
Et Le Figaro de préciser, comme d’autres, que la «Mme Santé» du gouvernement cache de moins en moins bien son intérêt pour ce « changement de carrière ». Se présentant en privé (et de plus en plus en public) comme une «combattante», la ministre de la Santé parlerait du Vieux Continent avec « lyrisme ». Elle oserait comparer la construction européenne à une « cathédrale du futur », patiemment érigée, survivant à ses bâtisseurs. Et dans le même temps elle l’assure: Emmanuel Macron ne lui aurait rien demandé.
Sortir de son champ de compétences et « parler de tout »
« Ex-belle-fille de Simone Veil, fille et petite-fille de déportés à Auschwitz, Agnès Buzyn porte en elle les stigmates de l’histoire tragique du XXe siècle, écrit Le Figaro. Son entrée en lice, pour le scrutin de mai, rebattrait les cartes au gouvernement. ‘’Un remaniement pourrait intervenir en avril’’, croit savoir un macroniste historique. Sans attendre, les spéculations vont bon train. Le nom de Nicolas Revel circule d’ores et déjà pour occuper son fauteuil. Directeur de la Caisse nationale de l’assurance-maladie, c’est surtout un proche d’Emmanuel Macron (tous deux furent secrétaire général adjoint à l’Élysée, au début du quinquennat Hollande). »
La tentation sera-t-elle à ce point forte qu’elle abandonnerait ses « belles lois » qu’elle se disait heureuse de porter ? A commencer par celle qui vise à refonder notre système de santé ? Sans oublier la révision de la loi de bioéthique et celle de la réforme des retraites. Mais il semble bien Agnès Buzyn entend quitter au plus vite sa casquette d’experte pour entrer de plain-pied dans le grand et rutilant univers de la politique. Mais après vingt mois au pouvoir, elle se sent armée pour sauter le pas.
« J’en ai marre qu’on me cantonne uniquement à mon champ de compétences Je veux bien parler tous les jours de la grippe et des urgences mais je suis engagée sur tous les sujet, déclarait-elle le 10 février dernier. On a besoin d’un récit collectif. Je veux pouvoir m’autoriser à parler de tout. » Elle disait encore souhaiter, désormais, « faire de la politique et [se] lâcher » (sic). Est-ce dire que faire de la politique c’est, consubstantiellement, sortir de son champ de compétences ? Et si oui à quelles fins ?
A demain
@jynau