Bonjour
Toujours rien d’officiel mais des clignotants qui passent au vert. La fin progressive du mystère : Agnès Buzyn en haut de l’affiche de La République en marche pour les européennes. Ainsi Europe 1 (Hadrien Bect) :
« Aujourd’hui à la Santé, Agnès Buzyn est très bien là où elle est et elle le fait savoir. Au travail, son ministère, elle y tient, elle qui est hématologue de profession. Mais la voilà presque malgré elle émancipée de son statut de ministre de la société civile : d’abord pour défendre un président trop seul au début du quinquennat, ensuite pour parler d’Europe, sujet fondamental pour la ministre, elle qui compare la construction européenne à celle d’une cathédrale au Moyen-Âge : ‘C’est ce que des hommes sont capables de bâtir ensemble qui va les dépasser et leur survivra’, dit-elle. C’est beau comme un discours de campagne. »
Ainsi, encore, Paris Match (Mariana Grépinet) : « Agnès Buzyn, la pasionaria de l’Europe »
« ‘’L’Europe est le sujet majeur, le sujet d’avenir’’, insiste la ministre de la Santé. Si elle assure que personne ne l’a sollicitée pour être candidate aux élections européennes de mai 2019 sur la liste LREM-Modem, Agnès Buzyn ne ferme pas la porte et loin de là. ‘’Si on (1) me demande c’est qu’on (1) considère que l’Europe mérite que j’abandonne tout ça’’, ajoute t-elle, en référence à la loi Santé qu’elle va porter en mars, à la loi bioéthique qui doit passer en conseil des ministres avant l’été et au chantier de la dépendance.
« L’Europe est la cathédrale du futur, ce que des hommes sont capables de construire, ce qui va les dépasser et leur survivra », dit, comme habitée par le sujet, l’ancienne belle-fille de Simone Veil qui fut la première femme présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel. Estimant que la liste de la majorité doit être composée « d’une équipe qui montre des compétences et des intérêts diversifiés », elle rappelle que c’est en grande partie pour son engagement pro-européen qu’elle a voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle.
(…) Nouvelle venue en politique, Agnès Buzyn revendique de faire de la politique autrement, sans changer ce qu’elle est. ‘’On peut faire de la politique sans être dans la posture et sans mentir, en étant gentil, honnête…’’, dit-elle. L’ex-hématologue pourrait accepter un nouveau défi, elle qui se décrit comme ‘’une femme de bataille mais très posée’’. Et de conclure : ‘’Je ne me défile pas devant les combats’’. »
Survivre à ses bâtisseurs
Sans oublier Le Figaro pour qui la «Mme Santé» du gouvernement cache de moins en moins bien son intérêt pour ce « changement de carrière ». Se présentant en privé (et de plus en plus en public) comme une «combattante», la ministre de la Santé parlerait du Vieux Continent avec « lyrisme ». Elle oserait comparer la construction européenne à une « cathédrale du futur », patiemment érigée, survivant à ses bâtisseurs. « J’en ai marre qu’on me cantonne uniquement à mon champ de compétences Je veux bien parler tous les jours de la grippe et des urgences mais je suis engagée sur tous les sujet, déclarait-elle le 10 février dernier. On a besoin d’un récit collectif. Je veux pouvoir m’autoriser à parler de tout. »
Sortir de son champ de compétences, donc. Parler de tout et métaphoriser en liberté. A commencer par cet étrange fil rouge catholique de la « cathédrale », cette église où se trouve le siège de l’évêque (la cathèdre) ayant la charge d’un diocèse. Sans doute peut-on, par métaphore, désigner ainsi ce qui évoque une cathédrale par ses dimensions, sa magnificence, etc. « (…) nous quittâmes enfin ce sale canot sauvage pour entrer dans la forêt par un sentier caché qui s’insinuait dans la pénombre (…), illuminé seulement de place en place par un rais de soleil plongeant du plus haut de cette infinie cathédrale de feuilles. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 204.
Il n’en reste pas moins que c’est là, pour parler de l’Union européenne depuis un pays attaché comme la France à la séparation des Eglises et de l’Etat, une bien étrange image.
A demain
@jynau
(1) Le Canard Enchaîné de ce 6 mars s’interroge : « Qui est ‘’on’’ ? »