Bonjour
Agnès Buzyn est toujours ministre des Solidarités et de la Santé. Et voici que les responsables du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) annoncent, dans une « newletter », qu’ils sont prêts à « donner l’ordre » à leurs adhérents « d’arrêter la pratique de l’IVG » si elle persistait dans son refus de les recevoir.
Une obscure affaire de « Fonds de garantie des dommages consécutifs à des Actes de Prévention, de Diagnostic ou de Soins dispensés par des professionnels de santé ». Une affaire qui, si l’on comprend bien, ne concerne que quelques praticiens.
Injustifiable
Cette menace a aussitôt alerté les associations féministes qui en appellent, précisément, à Agnès Buzyn (sans oublier Marlène Schiappa). Mais elle a aussi, fort heureusement suscité une condamnation sans appel du Conseil national de l’Ordre des médecins :
« Menacer de priver des femmes de l’accès à l’IVG est totalement contraire à la déontologie médicale Le Conseil national de l’Ordre des médecins condamne fermement la menace du Syngof de demander à ses adhérents d’arrêter la pratique des IVG. L’Ordre des médecins a été alerté via les réseaux sociaux au sujet d’une newsletter du Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France, dans laquelle ce syndicat se dit prêt à « donner l’ordre » à ses adhérents « d’arrêter la pratique de l’IVG » si la ministre des Solidarités et de la Santé refusait de les recevoir.
« Le Conseil national de l’Ordre des médecins condamne fermement, au nom de la déontologie, l’expression d’une telle menace mettant en cause les droits des femmes et portant atteinte à l’indépendance des professionnels, qu’aucun conflit avec les autorités ne saurait justifier. Quelles que soient les revendications des médecins adhérents au Syngof quant à leur couverture assurantielle, ils ne sauraient à ce seul motif mettre en difficulté des femmes, en se retirant de soins auxquels la loi leur donne accès.
« Menaçant de priver des femmes de l’accès à l’IVG, une telle attitude serait en contravention claire avec les obligations déontologiques. Cela serait un acte inexplicable et injustifiable, aux conséquences potentiellement dramatiques. »
Pour sa part Agnès Buzyn a réagi en dénonçant le « caractère inadmissible (…) d’une telle prise en otage des femmes ». Et la ministre de regretter « l’image faussée des médecins gynécologues et obstétriciens de France que renvoient ces nouvelles déclarations inacceptables de la part d’un syndicat qui entend les représenter ».
Prise d’otages
Que cherche le Syngof ? Il y a quelques mois le Dr Bertrand de Rochambeau, président de ce syndicat, avait lancé une vive polémique en parlant publiquement parlé d’ « homicide » à l’endroit de l’IVG. (« Homicide: action de tuer un autre être humain. ») Il avait aussitôt été promis au pilori par les ministres Agnès Buzyn et Marlène Schiappa. Et tancé par son Ordre lui rappelant que « la clause de conscience ne saurait être un moyen de se soustraire à la loi et aux dispositions de la déontologie médicale ».
A l’évidence ce rappel ordinal n’a pas été suffisant pour faire la part entre syndicalisme et déontologie – pour respecter la séparation des pouvoirs. Où l’on voit à quel point la confusion des esprits peut être dommageable dans les espaces médicaux et démocratiques.
A demain
@jynau