Bonjour
Que restera-t-il, demain, de cette agitation du microcosme autour d’Agnès Buzyn « tête de liste macroniste aux élections européennes » ? Hier encore tous les médias l’évoquaient, la tenaient pour certaine. Aujourd’hui motus. On laisse entendre que c’est fini, qu’elle aurait « jeté l’éponge », que le président regarderait ailleurs. D’autres noms circulent à la cour et le maître des horloges est actuellement en Afrique. Versailles n’a jamais été si proche du Palais de l’Elysée.
« Pressentie pour prendre la tête de liste LREM aux européennes, la ministre de la Santé semble avoir tourné la page, résume Le Figaro (Marcelo Wesfreid). Il y a peu la ministre de la Santé parlait de l’Europe, cette «cathédrale» des temps modernes, avec lyrisme. Son envie de défendre le projet européen sautait aux yeux. Et puis, plus rien. Le scénario semble subitement caduc. »
Que s’est-il passé ? Le Figaro a enquêté. « La ministre n’avait pas envisagé cette possibilité au début. Elle s’est prise au jeu à force de caresser l’idée, croit savoir un conseiller gouvernemental. Mais elle s’est vite rendu compte qu’avoir des convictions profondes et une histoire familiale était une chose. Mener une campagne sans doute violente, une autre.»
Champ de compétences
Dans l’entourage du président de la République, on évoque «une mousse médiatique autour de cette possible candidature, qu’il fallait faire retomber». Et puis un signe qui ne trompe pas dans le monde du spectacle politique et carnassier : l’ex-belle fille de Simone Veil a (pourquoi ?) refusé de croiser le fer contre Marine Le Pen, le 14 mars, dans «L’Émission politique» de France 2 – et ce alors qu’elle avait été sollicitée pour l’exercice. A sa place, Nathalie Loiseau, pour l’heure donnée favorite comme « tête de liste ». «Cet épisode montre qu’Agnès Buzyn n’est peut-être pas assez solide pour mener ce combat», cingle un conseiller important. Tout, ou presque, est dit.
Que sait-on de plus ? Que la ministre des Solidarités et de la Santé a été reçue le 6 mars « dans l’après-midi », par Emmanuel Macron en personne. Et que le même jour, Nathalie Loiseau était elle aussi elle « conviée à un entretien au Château ». Dans la majorité, la piste Agnès Buzyn ne serait plus portée que par François Bayrou, patron du MoDem et maire de Pau. « Il a passé son temps à lui dire qu’elle était la meilleure, qu’elle était faite pour cette compétition », grince un partisan de Nathalie Loiseau. Mais qui écoute encore, aujourd’hui à Paris, François Bayrou ?
Qui, donc ? Le mystère demeure. « Ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui ne savent pas parlent », déclare, pour sa part, Agnès Buzyn qui disait il y a peu sa lassitude de devoir parler, chaque jour ou presque de la grippe et des urgences. Elle voulait « dépasser son champ de compétences ». La voilà aujourd’hui confrontée à la rougeaole, à l’endométriose, à la fin du numerus clausus et à la mort des petites maternités. Le quotidien banal et national, en somme, d’une ministre des Solidarités et de la Santé, numéro six du gouvernement.
Sans parler de l’invraisemblable menace « anti-IVG » du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof). Où l’ex-belle fille de Simone Veil découvre, près d’un demi siècle plus tard, que les mêmes combats restent parfois à mener.
A demain
@jynau