Bonjour
Le vent américain va-t-il enfin commencer à tourner ? La firme pharmaceutique Purdue Pharma, et la famille majoritairement propriétaire (les descendants de Mortimer et Raymond Sackler) ont accepté de payer 270 millions de dollars (240 millions d’euros) pour mettre fin à une plainte de l’Etat de l’Oklahoma liée à la crise des opioïdes. « Il s’agit d’une victoire majeure contre les industriels accusés d’avoir favorisé la dépendance aux drogues qui ravage les Etats-Unis » résume l’Agence France Presse.
C’est le procureur général de cet Etat du Midwest qui a annoncé, mardi 26 mars, ce paiement dans le cadre d’un accord à l’amiable passé avec le producteur du tristement célèbre OxyContin. Les 270 millions de dollars serviront en grande partie à financer le centre de recherche sur les dépendances de l’université publique de Tulsa. Ce centre va recevoir dès maintenant, de Purdue Pharma, 102,5 millions de dollars – auxquels s’ajouteront 75 millions de dollars sur cinq ans de la famille Sackler, et l’équivalent en médicaments de 20 millions de dollars pour traiter les personnes devenues dépendantes.
« C’est une victoire monumentale » dans la bataille contre la crise « cauchemardesque » des opioïdes qui ravage les Etats-Unis – même si ce n’est qu’« un premier pas », a fait valoir le procureur général. Cet accord à l’amiable n’épuise pas la plainte déposée en 2017 par l’Oklahoma contre les fabricants d’opioïdes – plainte qui vise aussi les géants Johnson & Johnson et Teva accusés d’avoir fait une promotion sans retenue de leurs spécialités alors même qu’ils connaissaient parfaitement leurs effets néfastes.
Appétits addictifs de Big Pharma
« D’autres accords à l’amiable pourraient suivre dans d’autres juridictions où Purdue Pharma a été attaqué pour des faits similaires : au moins 1 600 plaintes ont été enregistrées au niveau fédéral, supervisées par un juge de Cleveland (Ohio), et des centaines au niveau des Etats, dont New York et le Massachusetts, précise l’AFP. Face à cette avalanche de plaintes, la direction du laboratoire avait évoqué la possibilité de se déclarer en faillite. » Le paiement des 270 millions de dollars semble toutefois assuré.
Quant au Dr Craig Landau, président de Purdue Pharma il a assuré que l’accord trouvé témoigne de « la détermination de la firme à jouer un rôle moteur pour résoudre la crise des opioïdes ». L’AFP rappelle encore qu’aux Etats-Unis ce sont les pratiques marketing des compagnies pharmaceutiques qui sont visées : « en encourageant les médecins à prescrire, voire à surprescrire, ces analgésiques hautement addictifs, elles sont accusées d’avoir précipité des millions d’Américains dans l’addiction aux médicaments ou aux drogues dures, comme l’héroïne, ou de synthèse, comme le fentanyl. »
Pour l’heure, en dépit de quelques premiers symptômes inquiétants, la France semble ne pas être massivement concernée par ce phénomène. Il ne serait pas inintéressant de comprendre pourquoi. Et de savoir si les décisions américaines freineront, ailleurs dans le monde, les appétits addictifs de Big Pharma.
A demain
@jynau
En France, on a le vin.