Bonjour
En d’autres temps le presse régionale catholique aurait tu son nom avant le procès. Aurait ignoré, méprisé, les rumeurs de la ville. #Metoo ou pas, tel n’est plus le cas. L’affaire dépasse déjà la ville d’Angers. « Des dizaines de SMS, des propositions appuyées et des cadeaux déposés dans la boîte à lettres de sa victime – une jeune secrétaire du CHU d’Angers –, le Pr Abdel-Rahmene Azzouzi vient de recevoir une convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel d’Angers le 14 juin » rapporte le correspondant du Monde, Yves Tréca-Durand, dans la cité du Roi René.
Ce médecin de réputation internationale (« un des experts internationaux des traitements focaux du cancer de la prostate localisé avec la plus grande expérience dans le domaine de la photothérapie dynamique. Il participe également activement à la mise en place de nouvelles méthodes permettant des biopsies ciblées pour le diagnostic du cancer de la prostate à un stade précoce» précise le CHU de la ville) est par ailleurs un ancien élu municipal d’Angers. Il est poursuivi pour harcèlement sexuel, avec circonstance aggravante : il aurait abusé de l’autorité que lui conférait sa fonction de médecin et de chef de service. Il devra également s’expliquer sur une accusation de détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel (en l’occurrence le dossier médical de la victime) – un délit passible selon le code pénal de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende.
La directrice du CHU d’Angers avait été alertée en juin 2018 par la victime qui réclamait une protection de l’établissement. Le procureur de la République de la ville avait alors ouvert une enquête conduisant rapidement à la garde à vue du médecin. Ce dernier avait reconnu l’envoi « de dizaines de SMS » et de cadeaux (« des chocolats, des bonbons et un DVD du film A bras ouverts » précise Le Monde), mais assuré qu’il n’avait « jamais eu de geste déplacé ni fait d’allusion sexuelle ».
Corticoïdes et abaissement des standards moraux
Mais le Pr Abdel-Rahmene Azzouzi avait aussi invoqué pour sa défense la prise d’un traitement à base de corticoïdes qui aurait altéré son discernement et « abaissé ses standards moraux » (sic). Il avait, par ailleurs, parlé de « cabale » ourdie par des collègues jaloux – allant jusqu’à dénoncer un racisme latent au sein du CHU.
L’affaire s’enrichit et se complique du fait que le Pr Azzouzi s’est déjà fait connaître pour ses prises de position en faveur de l’islam de France – notamment dans ses écrits publiées dans Le Monde des religions (voir Le Quotidien du Médecin). Il a aussi longtemps soutenu Tariq Ramadan, dit Le Monde, jusqu’à ce que ce dernier fasse l’objet d’accusations de viol par plusieurs jeunes femmes. L’urologue a d’ailleurs choisi pour le défendre Me Samim Bolaky, qui a lui aussi pris publiquement la défense de l’islamologue suisse :
« Ce dossier ne méritait pas d’aller en correctionnelle. Certains éléments de cette convocation sont scandaleux. M. Azzouzi a souligné la plastique exceptionnelle de la partie civile, lui a envoyé des SMS, s’est rendu à son domicile pour déposer des cadeaux dans sa boîte à lettres et lui a proposé de sortir. Le parquet entend démontrer le harcèlement sexuel mais ce n’est pas ça. C’est de la drague, maladroite peut-être, mais rien de plus, rien de moins. On est dans une ère où, à coups de lois, on essaie de crisper les relations hommes-femmes, de criminaliser le fait pour un homme de vouloir séduire une femme. L’intention de harceler sexuellement n’a jamais habité M. Azzouzi. »
La poursuite de la pratique de la médecine ? Le CHU d’Angers indique que le Pr Azzouzi « est toujours suspendu de sa chefferie de service par mesure conservatoire » mais qu’il « continue à assurer son activité médicale » tant que la justice ne s’est pas prononcée. Et ajoute « qu’il reviendra ensuite au Conseil de l’Ordre et au Centre national de gestion des carrières de décider des suites professionnelles éventuelles ».
A demain
@jynau