Bonjour
L’affaire, fort coûteuse, est bien mal partie. Elle a pour nom ECSMOKE : une étude nationale prévue pour être menée dans onze hôpitaux et un dispensaire. Objectif : évaluer l’efficacité de la cigarette électronique (avec ou sans nicotine) comparée à un médicament « aidant au sevrage tabagique » (varénicline, Champix®). Encore faut-il, pour cela, obtenir la participation d’un minimum de 650 personnes « fumant au moins dix cigarettes par jour, âgées de 18 à 70 ans et souhaitant arrêter de fumer ». Ce qui ne devrait pas, en France, être bien difficile à trouver. Cette étude est financée par les autorités de santé (PHRC 2015). Son coût : entre 900.000 et un million d’euros. Bien lire : entre 900.000 et un million d’euros.
Pour nombre de spécialistes d’addictologie et de réduction des risques ECSMOKE souffre de nombreux défauts méthodologiques. Lancée bien trop tardivement, incroyablement coûteuse, potentiellement grevée de conflits d’intérêts, elle ne saurait selon eux répondre utilement aux questions soulevées. « Dans cette étude, l’inconscient contre le vapotage est à ciel ouvert » nous résumait le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions en octobre dernier, au moment du lancement.
Nous sommes en avril de l’année suivante, et rien n’avance. En dépit de la publicité faite par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris 1 le Dr Ivan Berlin (Pitié-Salpêtrière) peine à recruter : il manque encore …. 500 volontaires comme vient de l’indiquer France Bleu Paris (Mélodie Pépin), repris par Vap’You et Vap’News :
« L’AP-HP semble galérer depuis des mois pour trouver des volontaires. Pour rappel, contrairement à ce prétendent les communiqués, cette étude ECSMOKE ne compare LA vape, mais seulement un seul matériel, une seule saveur, deux taux de nicotine, zéro (!) et 12 mg/ml ce qui est potentiellement insuffisant pour la plupart des fumeurs. Donc une étude à 900.000€ (avec nos impôts) pour rien, ou peut-être juste pour essayer de montrer qu’un médicament (la varénicline) est ‘’aussi’’ efficace que la vape (avec des pré-requis d’usage complètement biaisés) ».
Au risque de choquer, la question doit être posée : ne conviendrait-il pas, tout bien pesé, d’arrêter les frais ?
A demain
@jynau
1 Pour notre part nous indiquions, dès novembre sur ce blog, que les fumeurs intéressés pour participer à l’étude pouvaient contacter le centre coordinateur par téléphone : 0622938609 et/ou retrouver toutes les informations sur aphp.fr. Nous ajoutions qu’en pratique des médecins spécialisés dans le sevrage tabagique de douze consultations de tabacologie de plusieurs hôpitaux à Angers, Caen, Clamart, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Lille, Lyon, Nancy, Nîmes, Paris, Poitiers et Villejuif prendraient en charge chaque fumeur participant à l’étude pendant six mois en leur fournissant une cigarette électronique personnelle à puissance réglable et des liquides spécifiques saveur tabac blond (soit avec 12 mg/ml nicotine, soit sans nicotine), des comprimés de varénicline ou sa version placebo.
Cher Jean-Yves Nau,
Comme je vous ai déjà écrit, je veux bien présenter cette étude et ses enjeux à tous ceux qui s’y intéressent. Je refuse toute critique de la part des personnes qui ne connaissent pas ses détails méthodologiques.
Vous écrivez votre blog mais vous ne répondez jamais à ma demande de discussion ouverte.
C’est facile d’être négatif, faire des critiques sans connaitre les détails. Ça fait lire votre blog.
Par ailleurs, notre recrutement est excellent, nous souhaitons finir l’étude le plus tôt possible pour rendre public les résultats le plus tôt possible – d’où la nouvelle campagne de recrutement.
Ivan Berlin
Monsieur Berlin, vous avez souvent expliqué les détails de votre méthode, et c’est justement pour cela qu’il y a des critiques parfaitement fondées. En premier lieu, il serait INDISPENSABLE de modifier votre communication. En aucun cas, vous ne comparez LA cigarette électronique. Vous ne comparez que deux combinaisons sur des millions possibles. Votre taux de nicotine maximum de 12mg/ml est insuffisant pour la plupart des fumeurs, ce qui constitue un biais majeur. Ajouté à un seul choix de saveur et un seul matériel, cela invalide par avance toute conclusion relative à une autre méthode.
Cela sans compter que nous avons suffisamment d’information sur l’efficacité du vapotage, c’est le moyen le plus populaire en France pour arrêter de fumer, ce qui ne tient ni du hasard, ni des fantasmes. Les fonds publics seraient bien mieux utilisés à d’autres études pour perfectionner les connaissances.
En France, en matière de Réduction Des Risques, les autorités de Santé se mobilisent toujours au plus tard et rarement pour le mieux. Ce fut vrai pour l’accès aux seringues stériles pour les usagers de drogues, ça l’est toujours pour les Salles de Consommation.
Et ce que l’on adore par dessus tout, c’est l’expérimentation ! On invoquera le principe de précaution pour la décision et pour les usagers une mise en oeuvre retardée de plusieurs années. Le cannabis thérapeutique fait parti du panel.
ECSMOKE, arrive après la bataille et curieusement avec un objectif d’étude, une méthodologie et une alternative Champix/ cigarette électronique dépassée. Certes les études cliniques correspondent rarement à la réalité, mais là : vaporiseur, taux de nicotine et arôme sont tout sauf ce qui est conseiller au fumeur pour arrêter de fumer et ce qu’il prendra. Chercher l’erreur ou l’enfumage ?
D’autant que, comme souvent, les données sont accessibles. L’efficacité supérieure aux substituts nicotiniques de la vape a été démontrée au niveau international.
La politique de santé publique en Angleterre de promotion de la vape contre le sevrage tabagique est appliquée depuis des années avec les résultats que l’on sait. Brexit oblige ?
Alors, de quoi s’agit-il exactement ?
Et me revient l’argument d’Ivan Belin lors d’une présentation pas si lointaine : « la caution médicale et scientifique ».
Faut-il le répéter encore et encore : La vape est un auto-support qui s’est construit pas à pas et bénéficie d’innovations permanentes qui convient très bien aux usagers.
Qu’elle puisse être recommandée par médecins, addictologues, pneumologues est une chose. Sa médicalisation et son entrée en pharmacie en est une autre qui n’a jamais remporté les suffrages des usagers de lq vape.
Resterait un combat d’arrière garde qui consisterait à penser pouvoir faire la promotion du Champix en fonction des résultats à venir de l’étude d »ECSMOKE, biaisée dès le départ, comme le souligne Sébastien Beziau.
Patrick Favrel