Bonjour
C’était il y a onze ans. Nicolas Sarkozy présidait. François Fillon était Premier ministre et Roselyne Bachelot-Narquin, ancienne pharmacienne, était ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Cette dernière signait, le 30 juin de cette année-là, le Décret n° 2008-641 du 30 juin 2008 relatif aux médicaments en accès direct dans les officines » Journal Officiel du 1er juillet 2008 : 10577-10578.
« En France, depuis juillet 2008, les pharmaciens sont autorisés à mettre à disposition du public, dans leur officine, certains médicaments en « libre accès », expliquait alors le mensuel Prescrire. Ils n’y sont pas obligés. À eux, le cas échéant, de faire les bons choix, notamment : proposer des médicaments utiles, ayant un conditionnement adapté, et saisir chaque occasion pour renforcer le conseil ». Et l’indépendant Prescrire ajoutait :
« En France, la mise en œuvre du « libre accès » est en droite ligne de la « marchandisation » du médicament. Un des objectifs des pouvoirs publics est d’ailleurs clairement commercial : « offrir des prix publics concurrentiels et améliorer le pouvoir d’achat des citoyens ». Selon la ministre de la Santé, « un observatoire des prix sera lancé très prochainement ». Il sera aussi intéressant d’observer l’escalade publicitaire que cela va provoquer. Aucun des médicaments en « libre accès » n’est remboursable par l’Assurance-maladie. Même à des prix annoncés moindres, les patients n’ont pas besoin de médicaments à balance bénéfices-risques défavorable, ni de médicaments sans efficacité démontrée et recyclés pour l’automédication. »
Onze ans après « les prix se sont envolés » vient de révéler l’association de consommateurs Familles rurales qui publie, ce mardi 16 avril, les résultats de son étude annuelle sur les prix des médicaments.
Jungle tarifaire et esprit de lucre
Depuis la création de son « Observatoire des médicaments » en 2010, Familles rurales dit avoir constaté une hausse de 9 % du prix moyen de son « panier » de médicaments les plus fréquemment utilisés dans la santé familiale, précise l’AFP. Le prix de l’anti-inflammatoire Nurofen®, par exemple, a bondi de 25 % depuis 2010, celui des pastilles pour la gorge Strepsils® de 19 % et celui du médicament contre les aigreurs d’estomac Maalox® de 12 %, selon l’association.
Les médicaments OTC (« over the counter ») ont par ailleurs subi deux hausses successives de TVA sur la période, passée de 5,5 % à 7 % en 2012 puis de 7 % à 10 % en 2014. L’association relève aussi des écarts de prix très importants de ces médicaments, qui peuvent varier du simple au triple selon les pharmacies. En moyenne, l’écart constaté tourne autour de 190 %.
Plus généralement l’ouverture à la vente en ligne de médicaments OTC depuis fin 2012 renforce la « jungle tarifaire qui règne sur ce secteur », et dégrade l’accompagnement des patients, estime encore Familles rurales. De nombreux sites ne respecteraient pas les règles applicables en termes de conseils aux consommateurs : 30 % ne proposent pas de questionnaire visant à vérifier la compatibilité du médicament avec l’état de santé du patient.
Dans les « officines physiques »l’association déplore le délitement de l’information accessible, affirmant que « 75 % des boîtes sont dépourvues d’étiquette » indiquant leur prix, et que la moitié sont rangées sur des présentoirs situés derrière le comptoir des pharmacies. Familles rurales dénonce enfin des campagnes publicitaires « de plus en plus agressives » dans le secteur qui font oublier aux consommateurs les risques de certains médicaments. L’association en appelle aux pouvoirs publics pour mettre en œuvre des sanctions à l’encontre des professionnels ne respectant pas les droits des patients.
Onze ans après. Nicolas Sarkozy et François Fillon sont partis vers d’autres cieux, sous d’autres longitudes. Reste la signataire du décret, ancienne pharmacienne ayant œuvré au sein de l’industrie pharmaceutique. Il serait intéressant de connaître son point de vue sur l’évolution d’une situation dont elle est personnellement à l’origine. La question pourrait lui être posée dans le cadre des « Grosses Têtes », célèbre émission radiophonique (RTL) caractérisée par une forme d’humour grivois à laquelle l’ancienne pharmacienne-ministre participe régulièrement pour la plus grande joie des auditeurs.
A demain
@jynau
Bonjour, il ne faut pas répercuter une étude sans en connaitre la méthodologie. Si vous allez dans des pharmacie sans passage et que vous demandez un produit non référencé dans la pharmacie, vous aurez des prix astronomiques. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre cela! Il en est de même lorsque vous vous rendez à l’épicerie du coin et que vous comparez le prix avec la GMS. Toutes les études sérieuses le montrent et le prouvent, la France est l’un des pays les moins chers en OTC. Relisez ce rapport http://www.openhealth.fr/images/files/barometre_selfcare_2017_afipa.pdf . Il serait plus intelligent de comparer pour une dci donnée quelle est la spécialité la moins chère de chaque pharmacie et non réclamer une marque donnée que toutes les pharmacies ne peuvent référencer. Ensuite, connaitre la typologie de la pharmacie, rurale, urbaine, périphérique…puis enfin faire une analyse en y intégrant ces données. Merci
Ce que vous dites est tout à fait pertinent.
Dans ce cas, il est clair qu’il serait bénéfique pour les prix OTC que la vente puisse se faire en GMS…
Bonjour, comme je l’ai indiqué, la France est un des pays les moins chers d’Europe en OTC, moins chers que les pays qui ont libéralisé leur marché au détriment de la santé publique. Le médicament n’est pas un bien de consommation courante. Il doit être encadré. Comment voulez vous qu’un pharmacien de GMS, même dans un corner spécifique, garde la moindre compétence sur les traitements médicamenteux autres qu’OTC et puisse conseiller convenablement un patient dont il ne connaîtra rien. De plus, il ne pourra pas accéder à son DP et/ou DMP et ne sera plus formé sur les traitements, protocoles des pathologies sérieuses et leur évolution?