La nouvelle affaire Vincent Lambert : Agnès Buzyn exprime l’embarras français à livre ouvert

Bonjour

Que faire se demande-t-on dans les hautes sphères juridiques et politiques ? Le Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU (CIDPH) vient de demander à la France de suspendre toute décision d’arrêt de l’alimentation/hydratation de Vincent Lambert – et ce dans l’attente d’une instruction sur le fond, a-t-on appris samedi 4 mai auprès des avocats des parents. Quelques heures plus tard Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé faisait savoir que le gouvernement français répondrait à la demande du comité de l’ONU – et ce alors même que la France n’était pas tenue légalement de la respecter. Agnès Buzyn, sur BFM-TV :

 « Aujourd’hui, juridiquement parlant, tous les recours » dans cette affaire « sont arrivés au bout, et toutes les instances juridictionnelles, qu’elles soient nationales ou européennes, confirment le fait que l’équipe médicale en charge de ce dossier est en droit d’arrêter les soins.

« Les parents de Vincent Lambert se sont retournés vers ce comité qui s’occupe des personnes handicapées, et non des personnes en état végétatif comme Vincent Lambert [et cet organisme a demandé de surseoir à un arrêt des soins] parce qu’ils n’ont que la version des parents. Nous ne sommes pas tenus par ce comité légalement, mais bien entendu nous prenons en compte ce que dit l’ONU et nous allons leur répondre ».

Où l’on aimerait comprendre pourquoi, alors que le France n’est pas tenue de répondre à la demande de l’ONU, elle décide « bien entendu » de faire comme si tel était le cas. Que nous vaut ce bien entendu que l’on entend si mal ?

L’Etat français dispose désormais de six mois pour fournir ses observations à l’ONU. En attendant la France doit veiller à ce que l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert ne soient pas suspendues – et ce en vertu de la convention relative aux droits des personnes handicapées. Etat végétatif ou pas.

A demain

@jynau

 

2 réflexions sur “La nouvelle affaire Vincent Lambert : Agnès Buzyn exprime l’embarras français à livre ouvert

  1. Tous les Français peuvent bénéficier des dispositifs créés par la loi du 6 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie. Tous les Français, sauf celui dont la situation a largement inspiré cette loi : Vincent Lambert.

    Toute personne en fin de vie peut bénéficier d’une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD), si elle la demande, et si sa demande entre dans le cadre défini par la loi.

    Toute personne peut refuser l’acharnement thérapeutique, sauf une : Vincent Lambert, et pour trois raisons :
    – Vincent Lambert n’est pas en mesure d’exprimer sa volonté,
    – il n’avait pas rédigé de directives anticipées même s’il en avait parlé avec son épouse,
    – il n’est pas en fie de vie.

    Dans sa dernière décision, le Conseil d’État n’a pas dit qu’il fallait arrêter les traitements qui maintiennent artificiellement en vie Vincent Lambert : les sages du Conseil d’État ne font pas de prescription médicale. Le Conseil d’État a simplement dit que l’équipe médicale en charge du patient était en droit, à l’issue de sa décision collégiale, d’arrêter les traitements, de mettre en œuvre une SPCMD associée à un traitement de la douleur.

    Au nom du refus de l’obstination déraisonnable et de l’acharnement thérapeutique, conformément à la loi, l’équipe médicale est donc en droit non pas d’euthanasier Vincent Lambert mais d’arrêter l’hydratation et l’alimentation artificielles, de lui prodiguer une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès, associée à un traitement de la douleur, des soins de support, dans le respect des bonnes pratiques émises par la Haute Autorité de Santé.

    Mais cela ne veut pas dire que l’équipe médicale va le faire pour la simple et unique raison qu’elle ne prendra pas le risque d’être menacée, intimidée, harcelée, voire pire. Ce ne serait pas la première fois, ni la dernière, qu’une loi n’est pas appliquée faute de pouvoir la faire appliquer.

    Pour que la loi puisse bénéficier à Vincent Lambert, il faudrait que l’État garantisse la sécurité de l’équipe médicale, sa protection rapprochée. En février dernier, dans une affaire de fausse accusation d’euthanasies, des membres de l’équipe médicale et soignante de l’EHPAD du L…, rattaché à un CH, ont été harcelés, menacés de mort. Le médecin faussement mis en cause a été suspendu à titre conservatoire pour le protéger. L’établissement a dû l’exfiltrer pour qu’il ne soit pas agressé.

    Pour Vincent Lambert, le CHU de Reims serait obligé d’activer sa cellule de crise et de prévoir tous les scénarios, du plus probable (réunions de prière au pied du bâtiment réunissant des centaines, des milliers de personnes) jusqu’au pire (intrusion dans le service pour enlever le patient, agression du personnel accusé de meurtre, etc.).

    C’est pourquoi la demande du Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU, de poursuivre les traitements, tombe à pic. « Bien entendu » que le ministère de la Santé va y répondre et attendra sans doute la réponse du CIDPH qui peut prendre des mois, voire des années.

    La loi du 6 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie est faite pour tous ceux qui ne voudraient jamais se retrouver dans la situation actuelle de Vincent Lambert mais ne peut rien faire de plus pour Vincent Lambert, dont le corps inerte sert d’étendard à la croisade de ses parents et de leur mouvement catholique intégriste.

    Vincent Lambert est un homme dont l’histoire a été réduite à une affaire qui porte son nom. Il faut se souvenir de lui, il faut se souvenir du courage admirable de sa femme présente à son chevet tous les jours pendant des années. Il faut aussi penser à leur fille qui n’avait que deux mois en 2008, l’année de l’accident de son père, et qu’il faut protéger des disputes des adultes.

    Alors peut-être, le mieux, serait d’autoriser ses parents à hospitaliser leur fils dans le centre de leur choix.

    Pour en finir avec cette affaire instrumentalisée par ceux qui pensent que la loi de février 2016 ne va pas assez loin et demandent la légalisation de l’euthanasie, et à l’opposé, ceux qui pensent que la loi va trop loin en permettant la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès.

    Pour ne pas se retrouver un jour dans la situation actuelle de Vincent Lambert, il n’y a qu’une seule solution : rédiger ses directives anticipées. C’est-à-dire exprimer à l’avance sa volonté concernant sa propre fin de vie dans le cas où l’on ne serait plus en capacité de le faire.

    La loi du 6 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie est équilibrée et répond presque à toutes les situations. Elle renforce les directives anticipées.

    Même si vous avez rédigé des directives anticipées, tant que vous vous êtes conscient, le médecin vous demandera ce que vous souhaitez, car à tout moment vous demeurez libre de changer d’avis, de modifier ou d’annuler vos directives anticipées.

    Tous les deux infirmiers, Vincent Lambert avait évoqué la fin de vie avec son épouse mais il n’avait pas rédigé de directives anticipées. Ce fut bien là le problème.

    Marc PEREZ
    http://www.hdoc.fr

  2. L’euthanasie devrait être davantage permise. Il y a des problèmes éthiques mais rien de rationnellement insurmontable.

    On joue beaucoup à se faire peur.

    L’essentiel est que ce soit tout de même quelque chose qui se fasse essentiellement à la demande du patient (Vincent Lambert est un cas somme toute un peu particulier). Je ne veux pas voir des docteurs Bonnemaison injectant du curare selon son bon vouloir à droite et à gauche…

    J’ai demandé une euthanasie. Y compris selon les critères que j’aurais en tête dans un monde un peu plus idéal, je ne rentrerais pas dans les critères. Mais c’est encore un autre débat.

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