Cancer : donner un peu moins de 500 euros pour le dépister ? Un étrange communiqué de l’AP-HP

Bonjour

Où l’on reparle d’une affaire jamais résolue : celle de la « méthode de filtrage du sang qui permet un dépistage précoce du cancer » ; une méthode mise au point Patrizia Paterlini-Bréchot professeure de biologie cellulaire et moléculaire et d’oncologie à l’université Paris Descartes ; directrice d’une équipe de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et « conseillère scientifique d’une entreprise qu’elle a fondée ».

Nous avons, sur ce blog, consacré plusieurs textes à cette affaire à bien des égards troublante. On la voit aujourd’hui réapparaître sous la forme, peu banale, d’un « communiqué de presse » sur le site de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris : « Détection du cancer : Le Professeur Patrizia Paterlini-Bréchot nommée finaliste du Prix de l’inventeur Européen 2019 pour ses travaux ». Où l’on retrouve, sous une forme bien étrange, aux frontières du discours publicitaire, le discours tenu depuis des années :

« L’invention de Patrizia Paterlini-Bréchot permet aux médecins de détecter les cellules cancéreuses dans un échantillon de sang bien avant qu’une tumeur ne puisse être détectée grâce aux méthodes classiques d’imagerie médicale. Une détection qui intervient avant même que le patient ne développe des métastases, un stade de propagation où 90 % des patients perdent leur combat contre la maladie (…)

On estime à 18,1 millions le nombre de cancers diagnostiqués dans le monde en 2018 et à 9,6 millions le nombre de personnes ayant succombé à la maladie l’an dernier. Certains cancers sont particulièrement difficiles à diagnostiquer : le cancer du poumon, par exemple, n’est détecté à un stade précoce que dans 15 % des cas. Trouver une méthode efficace et non contraignante pour diagnostiquer les cancers le plus tôt possible permettrait de sauver des millions de vies chaque année. Cela a été l’objectif de toute la carrière de la chercheuse italienne (…) C’est en 2000 que l’inventrice a partagé les résultats de son nouveau procédé – nommé ISET® (Isolation by Size of Tumour cells) – dans des revues scientifiques, avant de déposer une demande pour le premier d’une longue série de brevets européens. »

Et encore ceci, toujours sur le site de l’AP-HP :

« La méthode de Patrizia Paterlini-Bréchot consiste à prélever, diluer puis déposer le sang dans une petite fiole en plastique contenant un filtre en polycarbonate ultrafin, qui va fonctionner comme un filtre à café. La fiole est ensuite déposée dans une sorte de centrifugeuse qui va générer une légère aspiration permettant au sang de passer à travers le filtre.

« Tandis que les cellules les plus petites vont passer à travers les pores du filtre, les cellules tumorales, s’il y en a, vont être retenues parce qu’elles sont plus grosses. Une manipulation qui peut être réalisée en seulement 15 minutes environ. Elle est si précise qu’elle peut détecter une seule CTC dans un échantillon de 10 millilitres de sang, soit parmi près de 50 milliards de cellules sanguines. Les oncologues peuvent ensuite étudier au microscope les cellules capturées par le filtre afin de déterminer s’il s’agit bien de cellules cancéreuses et ainsi effectuer d’autres analyses en conséquence. Les patients peuvent alors passer d’autres examens pour déterminer la teneur et la durée du traitement à recevoir, et cela bien avant l’apparition des métastases. »

Pour diffuser son invention, Patrizia Paterlini-Bréchot a fondé Rarecells Diagnostics en 2009. L’entreprise est une spin-off de l’université Paris-Descartes, de l’INSERM et de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et détient la licence exclusive des brevets du test ISET, qu’elle distribue et élabore. Le contrat de licence stipule que les redevances doivent revenir aux institutions publiques qui détiennent les brevets.

« Le marché mondial du dépistage des CTC était estimé à 8,2 milliards d’euros en 2017 et devrait atteindre 24,9 milliards en 2023. Patrizia Paterlini-Bréchot est une véritable pionnière sur ce marché, ajoute encore  l’AP-HP.  Son test ISET® est disponible en France depuis février 2017 pour un coût qui avoisine les 500 euros, pour l’instant pas encore couvert par l’assurance maladie (sic). » Où l’on retrouve l’impasse que nous évoquions il y a deux ans lorsque la Pr Patrizia Paterlini-Bréchot venait de publier « Tuer le cancer » (éditions Stock).

Efficace le test ISET® ? Comment savoir ? 1 Disponible partout en France ? Il y a deux ans il n’était pratiqué que sur un seul site : le Laboratoire Probio (9, rue Stanislas – 75006). Le prélèvement de sang n’yétait effectué que sur rendez-vous les mardis et jeudis entre 9h00 et 11h00. Aujourd’hui ce prélèvement n’est plus effectué que les jeudis. Le prix n’a pas changé. Seule étrange nouveauté : le « communiqué de presse » de l’AP-HP.

A demain

@jynau

1 En janvier 2017 l’Institut National du Cancer nous précisait  que la technique ISET® était soutenue par l’Institut National du Cancer (INCa) était soutenue à hauteur de 1,6 M€ sous la forme de quatre ‘’Appels à projets’’ – et que cette technique était « actuellement en cours d’évaluation ».

 

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