Bonjour
Il est bien des manières de militer ; bien des manières de parler de la tragédie que constitue l’affaire Vincent Lambert. L’une d’elle consiste à parler de « feuilleton », comme le fait aujourd’hui le site de France Inter (Julien Baldacchino). Un « feuilleton de six ans » et, corollaire, une « série » dont on commence à se lasser.
On peut aussi parler, au choix, de « soins » ou d’ « alimentation-hydratation ». De « handicap profond » ou d’« état végétatif chronique ». Prendre fait et cause pour les parents ou dénoncer leurs convictions religieuses « proches des catholiques intégristes ». User de cette affaire pour mener le combat au nom d’un « droit de mourir dans la dignité ».
Ces affrontements vont, dans les prochains jours aller en s’intensifiant après l’annonce faite par le Dr Vincent Sanchez (CHU de Reims) aux parents de Vincent Lambert qu’il allait interrompre les « traitements » de ce dernier durant la semaine du 20 mai. Une annonce, qui plus est, faite par courrier et révélée par l’AFP. « Je vous informe que l’arrêt des traitements et la sédation profonde et continue évoquée lors de la procédure collégiale seront initiés au cours de la semaine du 20 mai ».
Fin programmée du « feuilleton » ? « Les parents ont-ils désormais de nouveaux recours pour empêcher l’application de cette troisième décision, s’interroge France Inter Samedi 11 mai, les avocats des parents ont annoncé qu’ils allaient engager « un certain nombre de recours », sans préciser lesquels. « Nous saisissons les juridictions compétentes pour que la France soit contrainte de respecter ses engagements internationaux », a-t-il déclaré ». D’autres médias évoquent un appel solennel à Jacques Toubon, Défenseur des droits voire à Emmanuel Macron.
« N’importe quoi »
La situation est d’une particulière complexité puisque le Comité international de protection des droits des personnes handicapées de l’ONU (CIDPH) vient de demander à la France de suspendre toute décision d’arrêt des soins de Vincent Lambert, dans l’attente d’une instruction sur le fond. Et que Suite à cette demande Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé avait déclaré, sur BFM-TV :
« Aujourd’hui, juridiquement parlant, tous les recours dans cette affaire sont arrivés au bout, et toutes les instances juridictionnelles, qu’elles soient nationales ou européennes, confirment le fait que l’équipe médicale en charge de ce dossier est en droit d’arrêter les soins.
« Les parents de Vincent Lambert se sont retournés vers ce comité qui s’occupe des personnes handicapées, et non des personnes en état végétatif comme Vincent Lambert parce qu’ils n’ont que la version des parents. Nous ne sommes pas tenus par ce comité légalement, mais bien entendu nous prenons en compte ce que dit l’ONU et nous allons leur répondre ».
Or, pour les avocats des parents, Agnès Buzyn « raconte n’importe quoi ». Selon eux « les conventions internationales obligent la France et sont supérieures à la loi en application de la Constitution ». « C’est certainement ce ressort-là que la défense des parents fera jouer pour tenter une nouvelle fois de bloquer la décision » estime France Inter.
« Il n’y a aucune urgence médicale à arrêter l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert et rien ne justifie une violation aussi éhontée du droit international et des mesures provisoires réclamées par l’ONU », ont d’ores et déjà prévenu les avocats. Où l’on voit que l’affaire dépasse, de beaucoup, le seul Dr Vincent Sanchez.
Ce médecin encore inconnu des médias osera-t-il néanmoins passer à l’acte ? Dispose-t-il encore de l’autonomie pour le faire ? Quel sens donner à son courrier ? Que fera sa hiérarchie hospitalière en relation avec sa tutelle ministérielle ? Quelle seront les volontés exprimées depuis le Palais de l’Elysée ? Que dira l’ONU au nom des personnes handicapées ? Qui écrit la fin des tragédies ?
A demain
@jynau
« Or, pour les avocats des parents, Agnès Buzyn « raconte n’importe quoi ». Selon eux « les conventions internationales obligent la France et sont supérieures à la loi en application de la Constitution ». »
Dans le cas précis de Vincent Lambert et d’Agnès Buzyn, est-ce que ce point précis est vrai? Agnès Buzyn raconte-t-elle « n’importe quoi » lorsqu’elle affirme que la France n’est pas « tenue légalement » par le comité international de protection des droits des personnes handicapées de l’ONU?
J’aimerais bien savoir la vérité vraie?
(Même si je trouve quand même que les parents de Vincent Lambert poussent le bouchon franchement trop loin.)
« l’équipe médicale en charge de ce dossier est en droit d’arrêter les soins »
Mais personne ne semble trouver curieux qu’on n’ait pas émis l’hypothèse de changer d’ « équipe médicale en charge de ce dossier »? Il me semblait qu’en France un patient (mais peut-être pas un « dossier »?) avait le choix de son médecin et était libre d’en changer?
Et quel est le raisonnement éthique qui voudrait qu’on change d’équipe médicale?
« Il me semblait qu’en France un patient (mais peut-être pas un « dossier »?) avait le choix de son médecin et était libre d’en changer? »
Le patient ne peut pas s’exprimer. C’est quoi la logique profonde qui permet de se mettre à parler à la place d’un tel patient et de considérer qu’il est « libre » de changer d’équipe médicale?