Bonjour
C’est l’autre front politique, majeur, sur lequel Agnès Buzyn est en première ligne : en même temps que la crise ouverte des urgences, le déremboursement pré-annoncé des spécialités homéopathiques. « Les défenseurs de l’homéopathie remboursée ne désarment pas » observe Le Quotidien du Médecin (Loan Tranthimy). La Haute autorité de santé (HAS) vient de demander aux journalistes de « réserver la date » : elle rendra son « avis définitif » le 28 juin. Ce qui réactive l’énergie du collectif MonHoméoMonchoix auréolé d’une pétition qui a récolté près de 900 000 signatures.
On sait que cette association ultra-pro-homéopathie est composée d’ « organisations professionnelles », de « sociétés savantes », d’ « associations de patients » – sans oublier les trois firmes très directement concernées (Boiron, Lehning et Weleda). C’est une forme original de lobbying qui cristallise la colère entretenue depuis la désormais célèbre « fuite médiatique » de l’avis provisoire du Comité de transparence de la HAS.
Officiellement l’avis définitif sera transmis au gouvernement qui tranchera. Or Agnès Buzyn a d’ores et déjà abandonné son pouvoir de décision en annonçant qu’elle suivrait l’avis de la HAS. Et elle l’a réaffirmé au Quotidien du Médecin : les produits homéopathiques seront déremboursés « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».
Effondrement et marginalité
« Le déremboursement inquiète fortement les patients car cela va toucher à leur pouvoir d’achat et pénaliser les plus fragiles. Mais il y a aussi la crainte de sortir l’homéopathie du champ du système de santé. Pour nous, cela est insupportable », répond en écho Joël Siccardi, président de l’association Homéo Patients France (AHP), créée en 1998, qui « réunit les utilisateurs d’homéopathie ». Quant au Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) : « Notre préoccupation est l’avenir même de cette pratique thérapeutique. Un déremboursement créerait un effondrement de la formation, ou bien elle deviendrait marginale pour les médecins mais aussi pour les non-médecins. Là est notre grande crainte car nos patients courraient un grand risque ».
Sans oublier le Dr Antoine Demonceaux, président de l’association SafeMed qui dénonce le « biais scientifique » de la méthode d’évaluation de la HAS : « On parle de molécules ! Si un médicament n’a pas molécules, cela ne peut pas marcher. Si cela ne peut pas marcher, alors c’est inefficace… Mais on occulte les recherches physiques, biophysiques des médicaments homéopathiques qui ne sont certes pas des médicaments portant des molécules mais qui sont une réalité de médicaments. Les dés sont pipés à l’avance ».
L’effervescence dépasse de loin les soignants. Agnès Buzyn et le gouvernement doivent aussi désormais compter avec deux nouveaux poids lourds du paysage politique national. Xavier Bertrand tout d’abord qui n’a jamais caché sa position, plus économique que pro-homéopathique : « Le déremboursement de l’homéopathie est une fausse bonne idée et coûterait plus cher ! ». Xavier Bertrand existe politiquement. Ancien ministre de la Santé, aujourd’hui retiré dans son fief nordiste il est, débâcle de son camp oblige, amplement courtisé pour revenir aux affaires républicaines. On dit même qu’il a l’oreille du Président.
Maison de la Chimie
Et puis, à ses côtés, Yannick Jadot, encore auréolé de son score aux élections européennes. Un écologiste qui entend bien conquérir le pouvoir exécutif et qui déclarait il y a peu sur France-Inter :
« Il y a aujourd’hui des millions de Français qui utilisent l’homéopathie. C’est un coût extrêmement faible, ça participe de soigner et je crois qu’on ne peut pas simplement analyser l’impact d’un médicament au regard de sa composition, c’est le résultat qui compte…. –Donc rembourser un placebo, s’il fonctionne, c’est bien ? –L’enjeu, c’est de soigner. S’il est prouvé que l’homéopathie participe de soigner des personnes qui s’y retrouvent, franchement, au regard du coût de l’homéopathie, c’est pas un sujet. »
Nous en sommes ici, à la confluence de la médecine et de la science, du pouvoir et de la croyance. La prochaine étape est fixée au 12 juin, date de l’audition des laboratoires par les experts de la Commission de la transparence. Puis, le 26 juin cette Commission adoptera en séance plénière « l’avis définitif sur l’intérêt de maintenir le remboursement des médicaments homéopathiques en séance plénière». Enfin, le 28 juin « exclusivement réservé aux journalistes », le bouquet final : à 9h 15 une conférence de presse en présence du Pr Dominique Le Guludec, Présidente du Collège de la HAS, du Pr Christian Thuilliez, Président de la Commission de la transparence et de Mathilde Grande – Cheffe du service évaluation des médicaments. Des membres de la Commission de la transparence seront également présents.
Une question, déjà, tracasse et alerte : comment interpréter le fait que, pour parler de l’homéopathie, on réunisse les journalistes au sein de la Maison de la Chimie ?
A demain @jynau
Bonjour, et mercis pour votre publication
🤨{ « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».} !!! 🧐
Aux confluences des logiques, sans doutes sera t-il utile, à Mme la ministre, de pratiquer en urgences une, les exercices pratiques d’un ouvrage de références en la matière :
« L’ouverture au probable » par Ian HACKING & Michel DUFOUR, ‘éléments de logique inductive’ Ed Armand Colin – 2004:
Référence: https://www.cdiscount.com/livres-bd/livres-sciences-humaines/l-ouverture-au-probable-elements-de-logique-i/f-105154309-9782200265670.html
Première de couverture: 🤗
Les certitudes se font rares dans un monde où nous sommes, toujours d’avantage, soumis au probable, aussi bien dans le registre du savoir que dans celui de l’action. Paradoxalement, le fait que l’incertain est maître de la nature comme la société constitue l’une de celles qui organise nos existences. Si vivre c’est se résoudre à faire face au risque, il faudra sans doute se raccrocher à la survivante de l’infernale boîte de Pandore, l’espérance. La logique inductive fait en quelque sorte ce choix: moins assurée que sa consœur déductive, elle fait cependant fructifier tout un nouveau style de rigueur venu maîtriser la probabilité au fil des quatre derniers siècles .
ABSTRACT:
La logique inductive étudie les arguments risqués à l’aide des probabilités. Il existe différents types d’arguments risqués, notamment « l’inférence à la meilleure explication » et les arguments s’appuyant sur le témoignage. Ce livre d’introduction, qui se veut accessible au plus grand nombre, présente au fil des chapitres des mises au point sur les concepts élémentaires de la logique inductive, un exposé des enjeux associés au probable et une initiation à la théorie de la décision. Le lecteur découvrira quelques grandes figures illustrant le domaine et disposera d’un aperçu sur les divers points de vue qui s’y affrontent. En fin de chapitre, sont proposés des exercices d’applications sur les notions examinées. – Première Partie, «Logique» : Chap. 1, Logique; Chap. 2, Qu’est-ce que la logique inductive ? – Deuxième Partie, «Comment calculer les probabilités» : 3, Le sophisme du joueur; 4, Notions probabilistes élémentaires; 5, Probabilité conditionnelle; 6, Règles fondamentales de probabilité; 7, La formule de Bayes. – Troisième Partie, «Comment combiner probabilités et utilités» : 8, Espérance; 9, Maximiser l’espérance; 10, Décision en contexte d’incertitude. – Quatrième Partie, «Les divers types de probabilité» : 11, Que veux-tu dire ?; 12, Interpréter la probabilité. – Cinquième Partie, «Probabilité épistémique» : 13, Probabilités personnelles; 14, Cohérence; 15, Apprendre par expérience. – Sixième Partie, «Probabilité fréquentiste» : 16, Stabilité; 17, Approximations normales; 18, Signifiance et puissance; 19, Confiance et conduite inductive. – Septième Partie, «Probabilité en philosophie» : 20, Le problème philosophique de l’induction; 21, Un mode de contournement du problème de l’induction : l’apprentissage par expérience; 22, Une conduite inductive pour contourner le problème de l’induction.
Bon … Une question aux décisionnaires du déremboursement, et à l’heur des cours pratiques en universités pour contrer et « les racismes », et ‘désagréments des mises aux bans’… :
Pour les praticiens en médecines intégratives, … et leurs forts courageux patients … y’aura une ‘prime à la tête’, ou ce sera ‘bonus pour tout le monde’, en cas de « chasse aux sorcières », comme l’histoire en a déjà connues tant, tant, et tant ?
Avec respectueuses salutations.
Je ne comprends pas ce que cet ouvrage apporte de neuf au débat. Oui, le concept de risque, la règle de Bayes et la théorie de la décision est mal maîtrisée par nos décideurs. Je suis le premier à le savoir.
Maintenant, comment cela s’appliquerait à la question du deremboursement de l’homéopathie?
Mystère et boule de gomme.
Il y a des chasses aux sorcières qui me répugnent, et d’autres qui sont nécessaires.
Brûlons les homéopathes!
(Bien qu’on veuille bien faire la paix et nous limiter à appliquer un deremboursement…)
TL;DR.
Moi quand je suis enrhumé je prends de l’Augmentin. Ca marche. C’est pas une preuve ça ?
Moi quand je suis enrhumé je bois de l’eau. Ca marche aussi. Quand est-ce que la sécu va me rembourser ma facture d’eau?
J’aime bien M. JAdot quand il parle écologie, environnement.
Mais stop ! cordonnier , pas plus haut que la sandale ! (… ne supra crepidam sutor iudicaret )
» Il y a aujourd’hui des millions de Français qui utilisent l’homéopathie. C’est un coût extrêmement faible, ça participe de soigner et je crois qu’on ne peut pas simplement analyser l’impact d’un médicament au regard de sa composition, c’est le résultat qui compte…. »
—> Oui , justement ! Et le résultat ne s’apprécie pas au témoignage même multiple mais scientifiquement…
« Donc rembourser un placebo, s’il fonctionne, »
—> Prouvez-le …
« c’est bien ? –L’enjeu, c’est de soigner. S’il est prouvé que l’homéopathie participe de soigner des personnes qui s’y retrouvent, »
—> Participe de soigner ? Que signifie ce charabia ?
« franchement, au regard du coût de l’homéopathie, c’est pas un sujet. » »
—> Et au regard de l’intelligibilité ?
Pour répondre à votre question , sans doute n’existe – t- il pas de maison de l’Alchimie, ni de la Succussion, ni hippocratique ni homéopathique?
+1
Pour ajouter à votre excellente citation, voici la mienne:
« Mais qu’allait-il faire dans cette galère? »
Les lauriers (bio) du père Jadot ont dû lui tomber sur les yeux.
Quelle idée de fourrer le bout de sa canne dans cette polémique en ayant une opinion si tranchée! Au mieux il récoltera quelques voix des EnMarche pro-homéo assez furieux contre la sous-fifre macronienne. Au pire, en représentant des écolos, il vient de s’aliéner tous les anti-homéo qui ont voté pour son parti. Ne pouvait il pas déléguer ce rôle à un sous-fifre, un fusible, comme l’a fait Macron? Ou ne rien dire comme le semble faire Lepen?
Une stratégie intéressante aurait été de discuter de l’effet placebo et de la manière de l’intégrer dans la médecine moderne. Et éventuellement d’enchaîner sur le déremboursement des médicaments en général, y compris « allo-pathiques ». Mais s’associer à cette fichue pétition, aie aie aie.
Les écolos vont encore réussir leur spécialité: gagner aux élections européennes et se ramasser sur les autres!
Il aurait carrément du dire « c’est une question piège à con, y a pas de bonnes réponse, Rivasi c’est Rivasi, alors on grandit un peu et on passe à autre chose? »
Au lieu de ça, il se prend les pieds dans le filet…
900.000 clics sur un bouton qu on peut cliquer autant de fois qu on veut ne font pas 900.000 signataires.