Cannabis, politique et légalisation: à partir de quel âge autorisera-t-on la récréation ?

Bonjour

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : « Cannabis : une consommation précoce favorise le déclin cognitif » (Pourquoi Docteur ?, Charlotte Arce). C’est une confirmation que l’on trouvera dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. Résumons la publication : fumer régulièrement du cannabis durant l’adolescence et poursuivre dans cette voie pendant plusieurs années peut altérer durablement les circuits cérébraux et favoriser une forme de « déclin cognitif ».  

Le travail a été dirigé par Marilyn Cyr, PhD, PsyD (New York State Psychiatric Institute) : « Deficient Functioning of Frontostriatal Circuits During the Resolution of Cognitive Conflict in Cannabis-Using Youth ». Les auteurs ont analysé les données d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) recueillies auprès de vingt-huit adolescents et jeunes adultes (âgés de 14 à 23 ans) et ayant une consommation importante de cannabis ainsi qu’auprès de trente-deux témoins non consommateurs. Les participants ont été analysés au cours de l’exécution d’une tâche d’incompatibilité spatiale appelée (« tâche Simon ») – un exercice qui nécessite de parvenir à résoudre un conflit cognitif pour réagir avec précision.

Par rapport à ceux ne fumant pas de cannabis, les consommateurs ont montré une « activation réduite dans les circuits fronto-striataux » – ceux qui  favorisent le contrôle cognitif et la résolution des conflits. Ils ont aussi observé qu’ une consommation chronique débutée précocemment peut avoir un impact plus important sur le développement de ces circuits cérébraux qu’une consommation débutée plus tardivement.

En vente libre chez les buralistes

« La plupart des adultes ayant des problèmes de consommation d’alcool et d’autres drogues avaient très probablement des problèmes de toxicomanie et d’alcool à l’adolescence, une période de développement au cours de laquelle les circuits neuronaux qui sous-tendent les processus de contrôle cognitif continuent de mûrir, explique Marilyn Cyr.En tant que tel, le cerveau de l’adolescent peut être particulièrement vulnérable aux effets de la consommation de substances, en particulier le cannabis, la drogue récréative la plus couramment consommée par les adolescents du monde entier. »

Marylin Cyr ajoute : « Ces résultats constituent une première étape vers l’identification de cibles cérébrales pour les interventions précoces qui réduisent les comportements de dépendance en améliorant la capacité d’autorégulation ». Ce sont aussi et surtout des résultats qui ne manqueront pas de nourrir la polémique qui vient de s’ouvrir en France quant à la nécessaire légalisation du cannabis « récréatif ».

L’une des propositions des légalisateurs et d’encadrer la commercialisation chez les buralistes – en interdisant (bien évidement) la vente aux mineurs. Rappelons que 25% de lycéens, en France, fument quotidiennement du tabac. Et que pour l’essentiel ils s’approvisionnent chez des buralistes – buralistes employés de l’Etat et à qui la loi interdit (bien évidemment) d’en vendre 1. Qu’en sera-t-il avec le cannabis ? Et quel responsable politique osera dire, alors, qu’il ne savait pas ?

A demain @jynau

1  Spilka S, Godeau E, Le Nézet O et al Usages d’alcool, de tabac et de cannabis chez les adolescents du secondaire en 2018 Tendances n° 132, OFDT, juin 2019

2 réflexions sur “Cannabis, politique et légalisation: à partir de quel âge autorisera-t-on la récréation ?

  1. Quand depuis des semaines de nombreux Français et Françaises alertent sur leurs difficultés socio-économiques, leurs fins de mois difficiles ou plus que difficiles, le chômage programmé de leurs enfants, est-il bien opportun, prioritaire, de mener campagne pour le cannabis, la PMA, la GPA ou contre l’homéopathie ?
    Mais il est vrai que ceux qui ont voix au chapitre ne sont pas les mêmes que ceux qui ont tenté les ronds-points pour être visibles dans l’espoir d’être vraiment pris en considération;

  2. une publication à nuancer néanmoins avec une méta-étude publiée quelques mois plus tôt: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29710074

    « Associations between cannabis use and cognitive functioning in cross-sectional studies of adolescents and young adults are small and may be of questionable clinical importance for most individuals. Furthermore, abstinence of longer than 72 hours diminishes cognitive deficits associated with cannabis use »

    ladite publication ne parle en outre pas d’une éventuelle consommation d’alcool ou d’autres drogues en association avec le cannabis, j’espère que ce biais évident aura pu être évité.

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