Bonjour
On l’avait connu au sommet de lé dermatologie française, dans les plus beaux quartiers de la capitale. On a retrouvé sa trace aux confins des déserts, clinique des Cèdres, Brive-la-Gaillarde (Corrèze). On avait connu un homme formidable d’énergie et de savoirs, pétillant de culture et soucieux de partage, charmeur et pédagogue, passionné de médecine jusqu’au bout des ongles. Les dernières nouvelles nous confirment qu’il n’a pas changé.
Le Pr Jean-Paul Escande, 80 ans, ponte de la dermatologie, et auteur à succèss’ennuyait ferme à la retraite. Il vient de relancer une activité de consultation au service des Brivistes « pour être utile, pour la médecine, et par passion pour sa profession ». « Certains y voient une première : un spécialiste octogénaire de réputation internationale, qui ré-endosse la blouse blanche après quelques années de retraite, et se met plusieurs jours par semaine au service d’une patientèle locale en manque de spécialistes » résume Le Quotidien du Médecin (Jean-Pierre Gourvest)
Et Le Quotidien de résumer la biographie atypique de cet homme né à Brive en mars 1939 – tient de la saga médicale. Études à Paris, professeur à 35 ans à Cochin (AP-HP) où il fera toute sa carrière, chef de service de dermatologie à 44 ans, travaille sur les cancers de la peau et le mélanome malin. Diplômé d’immunologie à l’Institut Pasteur, chercheur en biologie, dirige un service consacré au sida lors de l’arrivée des premiers malades en France (1981). En 1975, un livre à succès « Les Médecins » (Bernard Grasset) le lance dans le grand bain. Confesse devenir alors « une petite vedette des médias de l’époque ».
Vedette des médias, amoureux du rugby
« Je n’ai jamais pris un centime à mes patients, révèle-t-il aujourd’hui. Me contentant des salaires versés par la fonction publique, je n’avais aucun intérêt à me faire de la pub, mais j’adorais la communication. Je me suis retrouvé éditorialiste à Radio Monte Carlo, réalisateur télé, chroniqueur à France Inter. J’ai aussi écrit quelques livres. Par contre, j’ai toujours refusé de faire de la politique malgré les appels du pied de Jacques Chirac, occupé et passionné par mon métier. »
Cet amoureux du rugby tombé sous le charme de René Dubos est condamné à la retraite à 68 ans. Des remplacements durant huit ans avant de raccrocher en 2016. Puis revient à Brive occuper la maison de ses parents (son père est décédé à l’âge de 105 ans). « Je me sens en pleine forme. Honnêtement, à la retraite, je m’ennuyais », confie-t-il au Parisienainsi qu’à FR3. Et au Quotidien :
« J’ai bien l’intention de me replonger dans la dermato. On a mis à ma disposition un cabinet que j’occuperai plusieurs jours par semaine, sous le statut de médecin libéral, hébergé par le centre de soins. Je suis payé à la consultation et mes gains seront ceux de la profession, au sein d’un univers médical débordé auquel j’espère donner un coup de main. Je crée un service qui n’existe pas aux Cèdres, mais que je vais développer. Mais je continuerai l’écriture, tout en pratiquant ! Je ne serais pas venu à Brive faire la guerre aux autres. Je suis simplement heureux de me retrouver sur mes terres et de rendre service. »
Pour combien de temps encore ? « A genoux, et prions… » rit-il. Il a signé avec la clinique briviste un contrat renouvelable chaque année. « La vie continue ». On applaudit.
A demain @jynau
Un billet dont la lecture fait chaud au cœur. Merci.
» Certains y voient une première : un spécialiste octogénaire de réputation internationale, qui ré-endosse la blouse blanche après quelques années de retraite »
A 80ans, mon grand père, s’il savait encore tout de la taille des pruniers n’aurait pas par contre été capable de savoir s’il avait ou non fermé la porte de la maison à clé. Ni s’il avait pensé à mettre un pantalon.
Tout est relatif…
Si un type qui pète la forme à 80ans décide de combler le manque de médecins, tant mieux. Mais qu’on ne reproche pas à tous de ne pas en faire autant.