Bonjour
« Un cas d’école du mépris de la parole des malades ». C’est un éditorial au canon que signent, dans le dernier numéro (juin 2019) de l’auguste Revue du Praticien, Jean Deleuze et Alain Tenaillon. Un texte original et dérangeant qui heurtera dans différentes sphères du pouvoir sanitaire et médicamenteux. Un autre regard médical sur une affaire d’une complexité reflet de notre modernité.
Où l’on reparle, hasard ou fatalité, du Levothyrox à la veille de la conférence de presse l’Association Française des Malades de la Thyroïde qui suivra (au « Café des Officiers » (sic) le 6ème « Comite de suivi » du Lévothyrox organisé au Ministères des Solidarités et de la Santé. Extraits de cet éditorial :
« Les milliers de patients qui se sont plaints de troubles variés avec la nouvelle formule de Levothyrox, ne se sont vu opposer à leur colère que des commentaires condescendants voire méprisants. L’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a maintenu que le médicament était fiable et n’a fourni, avec retard, que des données partielles quand celles du dossier d’autorisation de mise sur le marché lui ont été demandées. Le laboratoire Merck s’est abrité derrière la conformité réglementaire de son étude de bioéquivalence qui, fondée sur la moyenne des valeurs de biodisponibilité au cours du temps chez un peu plus de 200 sujets sains testés et qui étaient leur propre témoin, ne montrait pas de différence entre les deux formules.
« Quand les données de cette étude lui seront demandées par l’ANSM et des chercheurs, il fournira des documents images et non des données informatisées rendant quasi impossible leur analyse. Enfin d’éminents endocrinologues attribueront les troubles décrits à un effet nocebo entretenu par les réseaux sociaux et une mauvaise information des patients. Après quelques hésitations, la ministre de la Santé sera plus prudente, décidant une réintroduction temporaire de l’ancien Levothyrox et tentant de rassurer les patients et leurs associations en demandant une enquête sur l’information réalisée et la gestion de la crise, enquête qui se révèlera catastrophique pour les pouvoir publics. Au total l’ensemble des instances professionnelles, industrielles et administratives ont globalement fait bloc contre les malades sans chercher à écouter leur mal être, considéré comme imaginaire voire complotiste et en refusant de proposer la moindre étude pour essayer de comprendre. »
Pour La Revue du Praticien un « début de reconnaissance scientifique des troubles » est enfin intervenu grâce à une équipe qui a réussi à reprendre toutes les données de l’étude de bioéquivalence et a montré que si en moyenne celle-ci semblait satisfaisante, en réalité la variabilité de la biodisponibilité était importante en fonction de la formule utilisée pour 60 % des individus testés, cela dans le sens du sous- ou du surdosage, ce qui expliquait la valeur de la moyenne 1 et ainsi expliquer, compte tenu de la faible marge thérapeutique du médicament, une partie des symptômes ressentis par les malades ainsi déséquilibrés dans leur traitement.
Quelles leçons tirer de ce « bras de fer avec les malades » ?
« Certes, il faut revoir et améliorer les tests d’évaluation des médicaments et de la bioéquivalence et que l’ANSM ait les moyens de contrôler les études fournies. Il faut que les autorités et les professionnels jouent la transparence en cas de crise et apprennent à sortir de leur certitude quand un problème apparaît. Mais surtout il faut apprendre à considérer les patients comme des citoyens responsables et donc à écouter leur parole. Les malades n’ont pas forcément raison, loin de là, mais s’ils posent des questions c’est parce que leur quotidien est souvent beaucoup plus difficile que ne l’imaginent les médecins. Donner corps à la démocratie sanitaire, c’est les faire participer, avec leurs représentants, à tous les niveaux décisionnels concernant la gestion de leur santé, c’est de ce fait reconnaître leur expertise sur le vécu de leur maladie et ainsi faire progresser la recherche sur leur prise en charge. »
Le « démocratie sanitaire » est un concept qui, en vingt ans, a certes fait quelques progrès. L’affaire du Levothyrox vient démontrer qu’il reste bien du chemin à faire. Elle montre surtout, écrivent Deleusze et Tenaillon, « l’importance de mettre en oeuvre rapidement les études permettant de valider ou d’invalider le ressenti des patients et non de nier leur parole ». Comment ne pas leur donner, pleinement, raison ?
A demain @jynau
1 Le même numéro de La Revue du Praticien publie un texte documenté original signé de Catherine Hill et de Martin Schlumberger Institut Gustave Roussy, Vilejuif) : « Les deux formules de Levothyrox ne sont pas bioéquivalentes La responsabilité directe du changement de formulation dans la survenue de signes et symptômes indésirables chez certains patients est donc extrêmement probable » .
Bonjour,
< considéré comme imaginaire voire complotiste et en refusant de proposer la moindre étude pour essayer de comprendre…..
Où, … l’on dira que c’est encore assez gentil, … si l’on se réfère à « d’incroyables rationnalités », qui arrivent même assez bien, à tailler un portrait profilé des usateurs de médicaments évalués en très jolies scientificités Mépris, avez-vous dit ? … Seulement ???
… Analyses et études rebondies ??? Non …
… … Relayées en à qui mieux –mieux par les réseaux twitterisés et certains quotidiens parfois bien scabreux … Non … Non … ça ne se pourrait jamais … croyez pas ???
Mais aux faits … croyez bon, … pourquoi ?
Pour certaines pratiques intégratives, là, on se fait quelques idées : [ https://reporterre.net/L-offensive-contre-l-homeopathie-veut-eradiquer-une-pensee-medicale-alternative ]…
… Mais pour le commun des patients, ça ferait idéologies – politisées ??? C'est ça ?
Mercis pour votre publication. Salutations.