Rembourser l’homéopathie : Xavier Bertrand, ancien ministre et ses astuces du balayeur

Bonjour

La pression monte. Les poids lourds montent en ligne. Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, défenseur affiché de l’homéopathie, et président de la région Hauts-de-France en appelle au président de la République : il ne faut pas dérembourser ces produits. Ce serait une «fausse bonne idée», qui mettrait à mal le «pouvoir d’achat» et la «liberté de choix des patients» explique Xavier Bertrand dans une lettre adressée à Emmanuel Macron. Et de proposer ce couper la poire homéopathique en deux : faute de mieux, «maintenir un taux de remboursement de 15%».

 «Vous connaissez ma position (…) constante depuis 2005, quand je déclarais : « dérembourser l’homéopathie serait une fausse bonne idée »», écrit le président des Hauts-de-France (ex-LR) Xavier Bertrand dans cette lettre au président de la République, dont l’AFP a eu connaissance. D’une part, alors que «les patients sont des millions» à utiliser des produits homéopathiques et les médecins «des milliers» à le prescrire, un déremboursement entraînerait «un transfert des prescriptions sur la médecine conventionnelle ce qui, économiquement, coûterait plus cher», estime-t-il.

Garantir la liberté

Le déremboursement pèserait particulièrement sur «le pouvoir d’achat» des Français, poursuit-il : «En effet (…) ce sont nos concitoyens qui ont recours à l’homéopathie qui devront s’acquitter de cette dépense qui peut s’élever à plusieurs dizaines d’euros par mois». Le prix augmenterait par ailleurs «automatiquement», avec une TVA plus élevée pour les produits non remboursés, ajoute l’élu. Dans ce cas, «la liberté de choix pour les patients, essentielle (…) ne peut être garantie», déplore-t-il encore.

Et puis, sans doute, le plus étonnant. S’il est effectivement bien démontré qu’aucune étude scientifique n’a prouvé l’efficacité de l’homéopathie, Agnès Buzyn (qui lui a succédé au ministère des Solidarités et de la Santé) «pourrait engager» de telles études. C’est inefficace uniquement parce que l’on n’a pas démontré le contraire ! Ceci n’est pas sans faire songer à l’ « astuce du balayeur» déjà mise en œuvre par le même Xavier Bertrand en 2012 quand était ministre de la Santé du gouvernement Fillon. Une astuce médicamenteuse dénoncée par la revue Prescrire et que nous avions alors détaillée sur Slate.fr.

Il s’agissait alors des quatre médicaments officiellement autorisés chez les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ; Aricept, Exiba, Exelon et Reminyl alors commercialisées (depuis dix ans ou plus) respectivement par les multinationales Esai, Lundbeck, Novartis Pharma et Janssen Cilag. On savait alors depuis plusieurs années déjà que les firmes qui commercialisent ces molécules étaient incapables d’apporter la preuve de leur efficacité pour prévenir (ou pour ralentir) les processus de dégénérescence neuronale qui caractérisent cette maladie incurable. Et on savait également, avec le recul, que ces médicaments exposent à une toxicité potentielle nullement négligeable les malades qui les consomment, souvent sur de très longues périodes.

Après bien des atermoiements la Commission de la transparence (en charge de l’évaluation des médicaments) de la Haute autorité de santé (HAS) annonçait en octobre 2011 qu’elle avait dégradé l’intérêt thérapeutique de ces quatre spécialités pharmaceutiques. Leur «service médical rendu» (SMR) considéré comme «important» depuis 2007 passait alors à «faible». Aucune information médicale ou scientifique nouvelle n’était pourtant intervenue pour justifier cette dégradation du SMR.

Il y a un an, précisément

Pour sa part, Xavier Bertrand avait anticipé sur la publication des conclusions de la commission (indépendante) de transparence pour annoncer qu’en toute hypothèse ces médicaments inefficaces et potentiellement toxiques continueraient à être commercialisés et à être remboursés. En théorie, la décision prise en octobre par la commission de transparence de la HAS devait conduire à une saisine du Comité économique des produits de santé (CEPS) présidée par Gilles Johanet. Cet organisme interministériel devait à son tour trancher sans décider: proposer de maintenir le remboursement intégral, de réduire le taux de la prise en charge ou de passer au stade du déremboursement.

Puis l’épilogue, le taux de remboursement par la Sécurité sociale de ces quatre spécialités pharmaceutiques (et de leurs copies) passant de 65% à 15%, une décision publiée au Journal Officiel du 15 mars 2012«Cela ne changera rien en pratique ni pour les patients ni pour la collectivité, car ces trois anticholinestérasiques [Aricept, Exelon, Reminyl] et la mémantine [Exiba] sont pris en charge à 100% dans la maladie d’Alzheimer dans le cadre des “affections de longue durée” (ALD)», observait alors Prescrire. Je dérembourse tout en maintenant le remboursement. L’astuce du balayeur, en somme.

Depuis bien des pages se sont tournées. Et il y a un an Agnès Buzyn tranchait politiquement : depuis le 1eraoût 2018 l’achat des médicaments de la maladie d’Alzheimer ne fait plus l’objet d’un remboursement par l’assurance maladie.

« En France, le bien fondé du remboursement des médicaments par l’assurance maladie est régulièrement réévalué par la Haute Autorité de santé afin de s’assurer qu’ils présentent un intérêt thérapeutique suffisamment important » rappelait alors Agnès Buzyn. « A quand, demandions-nous alors, le plan de déremboursement des médicaments homéopathiques ? » C’était il y a un an, précisément.

A demain @jynau

5 réflexions sur “Rembourser l’homéopathie : Xavier Bertrand, ancien ministre et ses astuces du balayeur

  1. C’était donc il y a Un an :
    < 1 Dans un communiqué commun, cinq sociétés savantes (la Fédération des centres mémoire, la Fédération française de neurologie, la Société française de neurologie, la Société française de gériatrie et de gérontologie, et la Société francophone de psycho-gériatrie et de psychiatrie de la personne âgée) ont, le 30 mai, protesté contre le déremboursement – une mesure qualifiée de « délétère pour les patients français et leur entourage ».

    … Bon, et depuis, qu'en est-il du coût medico – social du suivi ou du non plus suivi , de ces patients ??? Et pour les aidants ???

    Quant aux soi-disant preuves scientifiques 'd'inéfficacité scientifiquement attestées', … comment ça s'appelle donc en langage élaboré, lorqu'un déni à l'envi fait religiosités anti scientificisées à 90 milliards et 'quelques brouettes' près ??? (voir précédent article)

    Ça fait cher le verre de vin, direz vous …
    Pour rappels : https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/06/le-laboratoire-novartis-accuse-d-avoir-corrompu-deux-ex-premiers-ministres-grecs_5252528_3214.html

    Salutations respectueuses .

  2. Déviants, pataqu’est-ciens d’homéopathésusateurs , médicatres chars là tant qu’y sont …
    Ben, on y vient :

    < Méthodes « ésotériques », pratique « mystérieuse » : il est temps de dérembourser l'homéopathie et de la sortir de l'Université, réclame le CNGE
    https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2019/01/10/methodes-esoteriques-pratique-mysterieuse-il-est-temps-de-derembourser-lhomeopathie-et-de-la-sortir-de-luniversite-reclame-le-cnge_864740

    … Bon et là même, si diligemment, ce sont des astuces de quoi ?

    La première des sentences académiques, c'était en 1835, si ma mémoire ne me fait défaut … antisociale , bien trop observantes de la culture des temps, ces idées véhiculées valaient pour condamnation officielle de l'Académie de médecine à Paris .
    Pour les plus férus en sales histoires, regardez bien, un peu plus loin … Bon , on sait, c'est loin, … c'était au siècle dernier .

    Alors que l'urgence climatique ne souffre plus de retard, avons nous encore le luxe de nous payer de si blessantes manoeuvres ??? Après avoir été charl

    • atinisés de bien des maux, les pata- utilisateurs de souches ou remèdes homoeopathiques , méritent-ils vraiment pareils traitements ???

      Il paraît, que pour imaginer quelques solutions aux dérèglements climatiques, certains scientifique se mettent en commun, pour élaborer des plans rêvant de vivables lendemains …
      Alors, … ce sera pour quand, aux collégiens ???

  3. (Xavier Bertrand)  » un déremboursement entraînerait «un transfert des prescriptions sur la médecine conventionnelle ce qui, économiquement, coûterait plus cher»

    Qui est ce zouave ?Comment le sait il ? Lu dans le marc de café ou la boule de Madame Irma ? Je pense quant à moi que le déremboursement va faire fondre plus de glaciers. Comment je le sais ? Je le sais.

    Encore un qui a séché les cours de philo en terminale.

    Et il poursuit l’énergumène:
    « «la liberté de choix pour les patients, essentielle (…) ne peut être garantie» » ET oui ; et si on veut s’acheter un bracelet grigri ou un aimant pour le mal de coccyx parce que je le sais ça marche , tout le monde le sait bien , il faut le rembourser.

    Et le summum de l’illetrisme scientifique, de la fadaise qui le dispute à la baliverne niaise à souhait: Je ne suis pas sûr mais comme vous l’écrivez on croit comprendre que Xavier Bêta à dit ceci :
    « S’il est effectivement bien démontré qu’aucune étude scientifique n’a prouvé l’efficacité de l’homéopathie, Agnès Buzyn … «pourrait engager» de telles études. C’est inefficace uniquement parce que l’on n’a pas démontré le contraire !

    Les études n’ont pas démontré que c’est efficace, donc ce n’est pas inefficace ? Il a perdu des neurones le Père Bertrand .

    Sans compter l’absence de plausibilité physico-chimico-biologique.
    Au début je croyais que l’homéopathie c’etait un truc inventé de Gargamella dans les histoires de Puffi (les Stroumpfs) . C’est peut-etre ça en fait ?

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