Epidémie d’Ebola au Congo-Kinshasa : l’OMS décrète l’«urgence sanitaire mondiale»

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C’est fait : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi 17 juillet que l’épidémie d’Ebola, qui sévit en République démocratique du Congo (RDC), était désormais une « urgence sanitaire mondiale ». Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué qu’il « était temps pour le monde de prendre acte » de l’épidémie. Pour autant il a recommandé que les frontières de la RDC avec ses voisins restent ouvertes.

L’OMS  a pris sa décision après la découverte d’un cas mortel dans la deuxième ville de la RDC, Goma (un million d’habitants), située à la frontière avec le Rwanda. En juin, deux cas avaient également été détectés en Ouganda voisin. Un vaccin contre cette fièvre hémorragique existe depuis 2016 mais certaines populations locales sont réticentes et le contexte politique tendu entrave l’action de l’OMS en RDC.

À ce jour, près de 3000 agents de santé ont été vaccinés contre la maladie à Goma. Plus de 1650 personnes sont décédées au cours de la flambée actuelle, tandis que douze nouveaux cas environ sont signalés chaque jour.

La flambée restant encore limitée aux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, la riposte est dans une phase déterminante. L’OMS évalue le risque de propagation aux provinces voisines comme étant très élevé. « En collaboration avec le Gouvernement, nous pouvons mettre un terme à cette flambée et nous y parviendrons. Nous avons des outils plus puissants que jamais pour lutter contre Ebola, y compris un vaccin efficace, a déclaré le Dr Tedros. Mais il faut que les attaques et les autres perturbations des activités de riposte cessent ».

Depuis janvier, l’OMS a compté 198 attaques dirigées contre les interventions de riposte qui se sont traduites par sept décès et ont blessé cinquante-huit agents de santé et patients. « Nous avons besoin du soutien politique de toutes les parties, et de l’investissement de la communauté, pour que les intervenants puissent travailler en toute sécurité et sans être interrompus. C’est le seul moyen d’empêcher le virus de continuer à se propager. »

Les zones des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu touchées par Ebola se caractérisent par la  médiocrité des infrastructures, l’instabilité politique et des conflits persistants qui impliquent des dizaines de groupes de milices armées, et la défiance des communautés vis-à-vis des autorités nationales et des étrangers. 

Plusieurs milliards de dollars

En mai, le Secrétaire général des Nations Unies et le système humanitaire interinstitutions ont renforcé l’action conjointe des Nations Unies. Parmi les mesures prises figurait la nomination d’un Coordonnateur des interventions d’urgence des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (EERC), M. David Gressly, qui est basé dans les zones touchées pour veiller à ce qu’un environnement favorable, en particulier en matière de sécurité, de logistique, de climat politique et de mobilisation communautaire, soit en place pour permettre la riposte en matière de santé publique et répondre aux préoccupations des communautés touchées. 

Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’OMS : « Si nous n’obtenons pas immédiatement des ressources financières nettement supérieures, il ne sera pas possible de mettre un terme à la flambée. Tout retard donne au virus la possibilité de se propager, ce qui a des conséquences désastreuses. Nous devons faire tout ce qui est possible aujourd’hui pour éviter d’atteindre l’ampleur de la flambée que nous avons connue en Afrique de l’Ouest il y a cinq ans, qui a coûté la vie à plus de 10 000 personnes avant qu’une riposte de plusieurs milliards de dollars permette de ramener le nombre de cas à zéro. » 

On peut le dire autrement : le combat contre Ebola est mené aux environs d’une zone envahie par des groupes armées. Et l’épidémie pourrait vite se propager au-delà des frontières de la RDC vers l’ensemble de la région. 

« L’urgence sanitaire mondiale » est une mesure exceptionnelle, qui n’a été décrétée que quatre fois seulement par l’OMS : en 2009 pour la grippe A(H1N1), en 2014 pour la poliomyélite, en 2014 (bien trop tardivement) pour une épidémie d’Ebola qui a fait plus de 11 300 morts dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Liberia, Guinée, Sierra Leone) et en 2016 pour le virus Zika.

Les experts du comité d’urgence, réunis à Genève ont exprimé leur « déception au sujet des retards dans le financement » de l’aide. « Il est crucial que les Etats n’utilisent pas le statut d’urgence mondiale comme excuse pour imposer des restrictions au commerce et aux déplacements qui auraient un impact négatif sur la réponse sanitaire et sur la vie de la population dans la région », a souligné le Pr Robert Steffen, chef de ce comité d’urgence. On peut voir là un appel, pressant et solennel, à l’aide.

A demain @jynau

1 Conseils aux voyageurs du gouvernement français : une épidémie de maladie à virus Ebola est déclarée depuis le 1er août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. La capitale du pays, Kinshasa, n’est pas concernée. Les zones concernées sont notamment : Alimbongo, Beni, Biena, Butembo, Goma, Kalunguta, Katwa, Kyondo, Lubero, Mabalako, Masereka, Oicha, Vuhovi, Manguredjipa (province du Nord-Kivu) ; et Mandima (province de l’Ituri).

Les localités de Bunia et Kisangani, ainsi que la frontière ougandaise demeurent sous surveillance compte tenu du risque de propagation lié aux déplacements de populations, même si l’épidémie reste pour l’heure circonscrite dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Il est recommandé de suivre les consignes de prévention suivantes :

• se tenir régulièrement informé de l’évolution de l’épidémie en consultant le compte twitter du ministère de la Santé de RDC (@MinSanteRDC), les sites Internet de l’ambassade de France en RDC et de l’OMS (http://www.who.int/csr/disease/ebola/fr/ et http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ebola-virus-disease)

• respecter systématiquement les règles d’hygiène suivantes : http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/ebola/article/maladie-a-virus-ebola

• éviter les lieux et les événements à forte densité de population (marchés, stades, etc.)

En cas d’apparition de symptômes évocateurs de la maladie jusqu’à trois semaines après votre retour en France, cessez toute activité, isolez-vous et contactez immédiatement le SAMU-Centre 15 en signalant votre séjour et vos activités en RDC. 

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