Bonjour
Sortir du grand flou, celui où aiment se cacher les loups ! A la demande du gouvernement français on devrait, demain ou après-demain, répondre à une question sanitaire essentielle, au cœur d’une polémique politique aux dimensions planétaires – mais une question toujours pendante. Nous venons ainsi d’apprendre que l’Agence nationale française de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) va se bouger. Elle va lancer « un appel à candidature pour améliorer les connaissances relatives à la cancérogénicité du glyphosate, herbicide massivement employé à travers le monde et mieux connu sous le nom de Roundup®.
C’est peu dire que de parler d’un « grand flou » . Le CIRC, agence internationale de recherche sur le cancer de l’OMS avait inscrit en 2015 le glyphosate sur la liste des substances « cancérigènes probables ». Puis l’EFSA (Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments) et l’ECHA (Agence Européenne des produits Chimiques d’autre part) concluaient respectivement en 2015 et en 2017 que le glyphosate était « peu susceptible de présenter un risque cancérogène ». Certains, journalistes et/ou militants déguisés en lanceurs d’alerte virent là l’œuvre d’innombrables lobbies. Puis la justice américaine commença à venir à leur secours en jugeant sur le fondement d’un lien de causalité toujours en pointillé.
C’est dans ce contexte embrouillé que les ministres français en charge de l’écologie, de la santé et de l’agriculture avaient saisi l’ANSES en mars 2018. Puis en juillet cette agence avait remis « un avis relatif à un cahier des charges d’une étude sur le potentiel caractère cancérogène du glyphosate ». Et c’est finalement à la suite de cet avis que l’ANSES lance un appel à candidature « à l’attention des équipes de recherche publique, nationales et internationales pour réaliser cette étude ». Les résultats seront disponibles « sous 18 mois » et viendront « compléter le dossier de réexamen de l’autorisation de la substance par les États Membres de l’Union Européenne en 2022 ».
Questions citoyennes
Ce qui, d’ailleurs, n’empêcha nullement Robert Genet, directeur général de l’ANSES de déclarer en mai dernier sur Europe 1 que « le glyphosate, utilisé conformément aux réglementations en vigueur, ne présente pas de danger en France ». On rappellera qu’en 2016 l’ANSES estimait que « le niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité » (sic) et que le classement du CIRC pouvait « se discuter » (re-sic).
Coût de l’étude à venir : 1,2 M€. En complément (et pour ne rien simplifier…) le gouvernement français va « mobiliser l’ANSES » pour qu’elle procède (avec l’appui de l’INRA) au retrait des autorisations de mise sur le marché français des produits contenant du glyphosate – dès lors que des alternatives existent pour chacun des usages couverts par l’autorisation de la mise sur le marché.
Où l’on retrouve Emmanuel Macron, son célèbre concept (« en même temps ») associé au verdissement affiché de son gouvernement. Explication de l’exécutif au citoyen: « Cette démarche permet, sur le fondement des travaux de la communauté scientifique, de mettre en œuvre l’engagement présidentiel de sortie du glyphosate et d’accélérer la transition vers une agriculture moins dépendante aux produits phytosanitaires et plus respectueuse de l’environnement et de la santé. »
S’il pouvait poser une question le citoyen demanderait pourquoi lancer si tard une étude dont les commanditaires semblent déjà connaître les conclusions – conclusions différentes de celles du passé. Et ce même citoyen, soucieux des deniers publics, de demander pourquoi cette étude n’est pas menée (et financée) à l’échelon européen.
A demain @jynau
C’est effectivement tardif, mais cela peut permettre d’essayer d’identifier ou de confirmer dans quelles conditions le glyphosate peut être cancérigène. Il semble en effet que si l’on pratique une agriculture raisonnée on peut réduire considérablement son utilisation, et que son association avec d’autres pesticides comme c’est souvent le cas peut produire une synergie toxique qu’il conviendrait d’identifier. Cela étant ce n’est peut être pas 1,2 million d’euros qui seront nécessaires mais bien plus.
Mercis pour votre post,
< Cela étant ce n’est peut être pas 1,2 million d’euros qui seront nécessaires mais bien plus. … ce qui rejoint aussi le problème des études requises, pour peaufiner le mode d'action des remèdes homéopathiques (voir précédents articles sur le sujet).
Curieusement, alors qu'elle s'en est exprimée en publique, Mme la ministre des solidarités es santés, à eu alors, des avis quelques peu … tranchés (voir précédents articles) sur cette question précise, des récherches en partenariats publique-privé …
http://www.assh-asso.fr/actualites/newsletter/272-newsletter-juillet-2019
Le coût des recherches appointées, est un sujet vraiment problématique, pas qu'en agriculture et en santés .
Salutations.
Une réponse dans cet article de la revue Up’Magazine http://www.up-magazine.info/index.php/planete/biodiversite/8821-pesticides-rejets-urbains-et-industriels-microparticules-le-cocktail-toxique-des-rivieres-francaises
oui, il est urgent de se remuer !
Bonjour,
Les avis rendus par divers organismes officiels sont difficiles à mettre en perspectives, car ils ne posent pas tout à fait la même question
On n’évalue pas de la même façon un produit quand on se place dans l’idée que l’on doit protéger les personnes qui travaillent là où est fabriqué un produit phytosanitaire (quelles mesures de protection recommander) ou que l’on doivent évaluer le risque encouru pour des personnes exposées dans leur vie quotidienne au même produit, mais dans des doses a priori plus faibles.
De même, l’évaluation d’une substance se réalise le plus souvent en ne tenant pas compte d’une exposition à d’autres substances ayant elles mêmes un impact possible sur la santé.
Je souhaite bon courage aux futurs rédacteurs du rapport final pour trouver des formulations claires et non ambiguës afin que ce rapport puisse, j’espère, prétendre à être une somme finale sur ce sujet.
Rémi Dufourcq-Lagelouse
Pharmacien
Si ma mémoire est bonne, le glyphosate était une « bonne idée » et considéré comme inoffensif pour plusieurs raisons:
– créer un désherbant total.
– n’étant absorbé que par les feuilles
– dégradé dans le sol par les micro-organismes en environ 1mois
Cela éliminait les inconvénients associés à un désherbant long terme (chlorate de soude) ou spécifique (herbicides auxiniques).
L’hypothèse était que:
1- le glyphosate est projeté sur les mauvaises herbes.
2- celles-ci meurent
3- le glyphosate restant est dégradé dans le sol
4- il devient possible de planter la culture.
Dans ce schéma, l’éventuelle nocivité du glyphosate se limitait à l’application de celui-ci. Je suppose que les précautions habituelles (gants, masques) étaient recommandées. Je ne sais pas si des études de toxicité sur l’homme ont été faites à l’époque. On a peut-être supposé que l’absorption de glyphosate serait minime dans ce contexte, et que les tests ne devaient porter que sur la possibilité d’absorption de glyphosate en transcutané.
Par rapport à cette hypothèse idéale, il y a quelques différences avec la réalité.
– la vitesse de dégradation du glyphosate dans le sol varie suivant l’activité et la présence d’agent microbiens ad hoc.
– ce qui peut entraîner une contamination des rivières par lessivage
– les plantes de culture peuvent développer une résistance au glyphosate et l’absorber sans pour autant le dégrader ce qui l’inclurait alors dans la chaîne alimentaire. (le glyphosate agit par inhibition de l’enzyme EPSPS. Une mutation de l’enzyme le rend inopérant – c’est d’ailleurs comme cela que certaines plantes transgéniques survivent au glyphosate).
– qu’advient il du glyphosate présent dans les mauvaises herbes mortes? Comment est-il dégradé?
Partant de là, on peut considérer que le glyphosate peut arriver dans la chaîne alimentaire. Il faut donc tester ses effets potentiels comme pour un médicament ou un nouvel aliment.
A ma connaissance, les humains ne possèdent pas le gène GOX qui permet de dégrader le glyphosate. Je ne sais pas non plus si les sous-produits de cette dégradation ne sont pas toxiques.