Bonjour
On a connu, jadis, un Libé plus flamboyant 1.
La polémique fait rage et le journal compte les points. « La vapoteuse n’aiderait pas à arrêter de fumer et contiendrait même des particules nocives pour la santé, selon un rapport de l’OMS rendu public vendredi. Des médecins y voient pourtant un outil de réduction des risques » résume le quotidien de Sartre et de July (« E-cigarettes vapeur panique » – Louise Guibert). Libé parle ainsi du « jugement très sévère » de l’OMS sur les cigarettes électroniques. Et Libé de citer l’AFP elle-même au cœur de la polémique. Avant de définir le vapotage comme s’il s’adressait à des enfants sages. Et de faire comme s’il nexistait aucune bibliographie sur la question de la « porte d’entrée » :
« L’inquiétude de l’OMS vis-à-vis de ces produits concerne également leur adoption par des non-fumeurs, notamment les adolescents, cibles du marketing de nombreuses marques. Plusieurs études semblent montrer que les jeunes non-fumeurs qui se mettent au vapotage sont plus susceptibles ensuite de passer aux cigarettes. »
On a connu, il y a longtemps, un Libé moins plan-plan, plus proche des militants.
Le quotidien cite ensuite la réaction des fabricants de e-cigarettes qui « parlent ouvertement de « désinformation » ainsi que de « certains spécialistes de la lutte contre le tabac, qui défendent l’efficacité de la cigarette électronique ». Evoque un « consensus scientifique » selon lequel « remplacer la cigarette par le vapotage est moins nocif ». Mais que vaut ce consensus si l’OMS « se montre plus prudente »… ?
On aimerait connaître un Libé plus apte à defendre la cause de la réduction des risques.
Toujours et encore les pincettes : « pour l’OMS, la possibilité que les vapoteuses jouent un rôle dans l’aide au sevrage tabagique ‘’n’est pas claire’’ » et d’autres estiment que «ce n’est pas un outil magique en termes de sevrage du tabac». Sans oublier que « les chercheurs ont également peu de recul sur les cigarettes électroniques, vendues depuis le milieu des années 2000 ». Sans oublier non plus Santé publique France qui ne fait rien mais observe que « près de la moitié des vapoteurs français en 2017 continuaient à fumer des cigarettes, tous les jours (40 %) ou occasionnellement ».
Comment finir sans citer le « ministère de la Santé français » qui « s’est toujours montré réticent vis-à-vis de la cigarette électronique, pratique qui a pour particularité d’avoir été imposée au début par les consommateurs eux-mêmes ». « Pour la ministre Agnès Buzyn, qui a fait de la lutte contre le tabac l’une de ses priorités, la baisse du nombre de fumeurs est surtout liée à l’augmentation des prix, au remboursement des patchs et gommes et à l’opération ‘’Mois sans tabac’’ » conclut le quotidien.
Ou comment un quotidien jadis militant en est venu à ne pas prendre position dans un combat majeur de santé publique mené, en France, contre le pouvoir exécutif et sous l’oriflamme médical et libertaire de la réduction des risques.
A demain @jynau
1 Et notament deux écrits sur le sujet de Laurent Joffrin, patron de Libération : « E-cigarette : Laurent Joffrin (Libération) dénonce l’obscurantisme de Marisol Touraine » (Journalisme et santé publique du 29 septembre 2014) et « Cigarette électronique: réplique à Laurent Joffrin et au ‘’pochetron invétéré’’, avec verre de vin » (Journalisme et santé publique du 20 mai 2016)
Même si je ne suis pas lecteur de Libération, j’ai remarqué que sur certains sujets la rédaction de ce journal sait se montrer prudente plutôt que de lancer la polémique. Même les professionnels sont gênés par ces écarts de discours entre les uns et les autres. Cela étant, la hausse des prix a sans doute contribué à la baisse de la consommation chez les gens raisonnables mais a également favorisé le marché noir, et la vente aux frontières. A l’opposé la cigarette électronique a favorisé l’arrêt du tabac chez des gens en situation de réelle addiction mais qui ne parvenaient pas arrêter, en maintenant les sensations mais en réduisant l’exposition et donc la dépendance. Ce qui est un vrai progrès. Pourtant, On ne peut pas nier que les jeunes sont exposés à l’addiction via la cigarette électronique qui semble être l’attibut dont il faut se doter. Néanmoins, le risque est moins élevé et de toutes les façons on sait déjà que s’il n’y avait pas les vapoteuses, ils fumeraient du tabac à rouler qui expose 4 fois plus qu’une cigarette industrielle.
Entre deux mots,
Il faut choisir le moindre.
On pourrait réfléchir sur le ou les produits bons pour la santé des jeunes, qui sont les futurs adultes, susceptibles de les détourner du tabac. Faire du sport, dessiner, jouer de la musique ou chanter, serait plus branché que de fumer du tabac ou du canabis. Il faudrait alors que ce soit accessible au plus grand nombre, pour ne pas se maintenir dans l’esprit de beaucoup d’ados comme des pratiques de gens sérieux.