Médecin, comment accepter que Big Pharma puisse t’acheter en t’offrant repas et digestifs ?

Bonjour

C’est frais, léger, rassérénant : #NoFreeLunch. Où l’on voit que la génération montante peut se débarrasser de quelques boulets traînés par leurs aînés. Pour un peu on applaudirait. Explications. Mandé de Lyon c’est un communiqué de presse de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Elle annonce  lancer (pour la deuxième année consécutive) une campagne en ligne durant septembre. Objectif : « sensibiliser les jeunes médecins à l’impact du marketing pharmaceutique dans leur pratique quotidienne ».

En pratique : obtenir de tous les juniors qu’ils refusent « les divers repas sponsorisés par l’industrie ». Des vidéos retraçant les stratégies mises en œuvre pour séduire les généralistes seront dévoilées sur les réseaux sociaux. Un guide élaboré par la trop méconnue Troupe du R.I.R.E.(collectif d’étudiants en médecine mobilisé autour de l’indépendance médicale) sera diffusé, illustrant les comportements à adopter pour répondre aux funestes agissements de Big Pharma.

ISNAR-IMG @ISNARIMG Cette année encore, dites #NoFreeLunch !
Notre métier ne peut se concevoir sans l’industrie du médicament, mais il est primordial de nous garantir une formation basée sur les données acquises de la science et non soumise aux stratégies marketing.

Rassérénant. Cette opération « Pied de nez à Big Pharma » est menée avec le soutien de la revue Prescrire et de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Les différentes techniques utilisées par le marketing pharmaceutique seront passées au crible. Idées reçues, documentations, études scientifiques et même vidéos seront distillées sur les réseaux sociaux pour analyser et déconstruire les techniques de marketing.

Lundi 23 septembre, ouverture du procès pénal de l’affaire Mediator

« Point culminant de la campagne, une vidéo aura pour objectif de nous faire prendre conscience de la vulnérabilité que nous pouvons avoir en tant que prescripteurs, peut-on lire sous le plume des responsables de l’ISNAR-IMG : Lucie Garcin, présidente, Marianne Cinot, porte-parole et Matthieu Thomazzo, chargé de mission ‘’Lutte contre les conflits d’intérêt’’. Ce débat ne manquera pas de s’imposer dans le paysage médiatique de cette rentrée avec l’ouverture le 23 septembre du procès au pénal de l’affaire Mediator. Cette affaire avait ouvert les premiers débats publics sur l’indépendance des professionnels de santé et menée en 2011 à la Loi dite « anti-cadeaux », qui a notamment rendu obligatoire la déclaration des conflits d’intérêts en santé. »

Mediatorou pas, on lit des choses inimaginables il y a quelques années encore : « Notre métier, centré sur l’intérêt des patients, ne peut se concevoir sans l’industrie du médicament. Cependant, il est primordial de garantir aux futurs professionnels une formation basée entièrement sur les données acquises de la science et non soumise aux stratégies marketing. »

« Le nombre de repas offerts ou sponsorisés reste difficile à quantifier, croit savoir Le Quotidien du Médecin (Sophie Martos). La pratique serait néanmoins assez courante (sic). ‘’En milieu hospitalier, la présentation d’une nouvelle molécule par l’industrie peut être réalisée à midi devant un repas. Chez le médecin généraliste, ça peut prendre la forme d’un petit-déjeuner ou d’une pause entre deux patients, explique Matthieu Thomazo. Sous couvert de formation, ils réalisent des présentations publicitaires : médicaments, dispositifs médicaux ou prestataires de santé. Même si on pense être invulnérable, un mécanisme inconscient de réciprocité se met en place, on va rendre ce qu’on nous a offert inconsciemment. Les résultats des études montrent que ces présentations peuvent avoir un impact sur nos prescriptions.’’ »

Rasséréné ? Pourquoi ne pas poursuivre sur cette lancée ? Et obtenir des géants de Big Pharma qu’ils s’engagent, sur l’honneur, à en finir avec ces repas-démarchages méprisants, méprisables autant que d’un autre âge ? Ou faudrait-il, politique, se résoudre à considérer que ces pratiques sont consubstantielles de l’industrie pharmaceutique capitaliste ?

A demain @jynau

3 réflexions sur “Médecin, comment accepter que Big Pharma puisse t’acheter en t’offrant repas et digestifs ?

  1. Souvenir d’un de mes postes de travail, le confrère du marketing me disant dans un couloir (avais-je objecté à quelque chose? sans doute…): « La vérité, ça n’existe pas, la vérité c’est ce que nous disons aux prescripteurs ». Sic. Je ne me suis pas senti fier de travailler sinon dans le même service, du moins dans la même firme. Il a fait carrière. Moi pas. Ouf. Penser aux opiacés, notamment, au sujet desquels la tragédie étasunienne pourrait bien éclore en France, avec retard et avec moins de démesure mais tout de même. Tragédie qui semble s’exporter vers l’Inde, ai-je lu quelque part (https://www.theguardian.com/world/2019/aug/28/india-opioids-addiction-us-drugmakers-push-painkillers). Il faut bien gagner les sous pour payer les coûts des procès aux USA, n’est-ce-pas. Mon D… mon D…, dans quel monde vivons-nous.

  2. Dites ça aux médecins et vous entrez dans le champ de la dissonance cognitive.

    Au fait :
    Que peut penser un.e patient.e qui voit son.sa médecin écrire avec un stylo portant un nom de marque façon coureur cycliste, (de moins en moins, il pianote) ou qui voit trôner sur son.sa bureau.table une meugue (en français tasse, je crois) arborant les couleurs d’un marchant de médicament ? Déja que les cyclistes amateurs avec leurs tenues style panneaux Decaux sont ridicules …. alors les médecins tout de même ….

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