Bonjour
C’est la rentrée des classes et des cours de morale. L’affaire s’infiltre dans le fil de l’AFP, se glisse dans les titres des médias généralistes. « Des mini-cerveaux créés en laboratoire s’activent, une première » (20 minutes). Un soupçon d’espérance dans un océan d’angoisse. Ou l’inverse.
Les spécialistes en apprendront plus en gagnant le site de Cell Stem Cell : «Complex Oscillatory Waves Emerging from Cortical Organoids Model Early Human Brain Network Development » (Trujillo et al.). « Une découverte qui pourrait faire avancer la recherche sur les maladies neurologiques complexes… Mais qui pose quelques questions éthiques, résume l’AFP. Pour la première fois, des scientifiques ont détecté dans des cerveaux minuscules minuscules développés in vitro à partir de cellules-souches une activité électrique ressemblant à celle des humains.Les scientifiques pensent que les cerveaux ne sont pas conscients (sic), car ils ressemblent à ceux de bébés prématurés (re-sic), mais ne peuvent pas le prouver, ce qui en soi soulève de nouvelles questions éthiques (re-re-sic). »
On parle ici d’ « organoïdes », structures tridimensionnelles qui reproduisent la micro-anatomie d’un organe. « Si vous m’aviez demandé il y a cinq ans si je pensais qu’il serait possible qu’un organoïde cérébral développe un réseau sophistiqué capable de générer des oscillations, j’aurais dit non », Alysson R. Muotri, l’un des auteurs de cette création (University of California San Diego, Stem Cell Program, School of Medicine, Dept. Pediatrics/Rady Children’s, La Jolla). Où l’on comprend qu’aujourd’hui il dit oui.
La Devinière, Chinon, 1483
Cette « percée » a été en partie obtenue par l’amélioration de la procédure et de l’environnement de culture des cellules-souches. « Une autre avancée fut de donner plus de temps aux neurones pour se développer, tout comme les cerveaux des foetus dans le ventre » ajoute l’AFP qui cite le Pr Muotri : « Les premières étapes du développement neurologique humain sont inscrites dans notre génome », explique Alysson Muotri. Les premières ondes ont été détectées dans les organoïdes au bout de deux mois. Les signaux étaient rares et gardaient une même fréquence, tout comme dans les cerveaux humains très immatures. Mais en continuant à croître, les ondes ont été produites à différentes fréquences, et à intervalles plus réguliers.
Puis, en comparant le développement de ces organoïdes aux courbes observées chez trente-neuf bébés prématurés, les scientifiques se sont aperçus que les trajectoires étaient similaires. Et maintenant ? Se réjouir que des organoïdes puissent être développés à partir de cellules-souches de personnes « atteintes de problèmes neurologiques tels que l’épilepsie et l’autisme » ? Peut-être.
Et relire le Dr François Rabelais qui, entre Pantagruel et Gargantua, créa une langue qui n’était pas sans morale. Rabelais (La Devinière, Chinon, 1483- Paris, 1553). Rabelais et sa conscience, immense écrivain, ecclésiastique et anticlérical, chrétien et considéré par certains comme libre penseur, médecin. Rentrée des classes.
A demain @jynau