Naloxone® pour ne pas mourir, en France, d’une overdose aux opiacés : qui ment, qui dit la vérité ?

Bonjour

Les surdoses ont, elles aussi, leur journée. Cela s’appelle « La Journée internationale de sensibilisation aux surdoses » (Overdose Awareness Day) – organisée la veille de la rentrée des classes, le 31 août. A cette occasion l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a réalisé un point de situation sur l’offre thérapeutique des antidotes aux opioïdes en France. Une occasion, pour cette Agence de vanter son action :

« Depuis 2015, l’ANSM s’est mobilisée pour permettre aux usagers de drogues, aux patients en situation de surdosage et à leur entourage un accès large et facilité à la naloxone pour le traitement d’urgence des overdoses aux opioïdes médicamenteux tels que la morphine et la méthadone, ou illicites tels que l’héroïne ou les fentanyloïdes de synthèse, dans l’attente d’une prise en charge médicale. »

En vérité il fallut bien des atermoiements, bien des crises et des noms de certains oiseaux pour en arriver à la situation réglementaire présente :  deux autorisations de mise sur le marché (AMM) pour des kits de naloxone prête à l’emploi : depuis 2018 pour Nalscue ®, naloxone par voie nasale et, depuis mai 2019 pour Prenoxad ®, naloxone injectable. Et afin que les patients puissent les obtenir sans ordonnance obligatoire (ce qui est loin d’être un détail, l’ANSM a également proposé, après avis de la Commission des stupéfiants et des psychotropes, des modifications de la réglementation en ce sens.

Ainsi actuellement, officiellement, « sont disponibles en France et à la portée de tous via les kits prêts à l’emploi » :

Prenoxad ® solution injectable intramusculaire en seringue préremplie (0,9 mg/ml) : 
Disponible depuis mai 2019 dans les établissements de santé, en Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), en Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD). Il est également disponible dans les pharmacies de ville,   Nalscue ®, solution pour pulvérisation nasale en récipient unidose (naloxone 0,9mg/0,1mL) : Disponible dans les établissements de santé, les CSAPA et les CAARUD.  

D’autres kits de naloxone prête à l’emploi et sous forme de spray nasal (Nyxoid ®, Naloxone Adapt ® et Ventizolve ®) ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM européennes) et, assure l’ANSM, « vont être commercialisés ».

Loin de l’ANSM, une autre réalité

Dans le même temps d’autres voix se lèvent qui disent une autre réalité. Ainsi Aides. « La consommation d’opioïdes ayant plus que doublé en dix ans en France et les décès par surdose ne cessant d’augmenter » souligne l’assiociation qui lance une semaine d’actions spécifiques  partout en France, du 2 au 6 septembre dans tout son réseau. La « Semaine de la naloxone » sera, prévient-elle, l’occasion d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de rendre la naloxone, antidote puissant aux overdoses d’opioïdes, effectivement accessible et de sensibiliser les usagers-es et leurs proches. Ecoutons Aides :

« Aujourd’hui, en France, environ 400 personnes succombent à une surdose d’opioïdes – licites (traitement anti-douleurs) ou illicites – chaque année. Dans la palette de dispositifs de réduction des risques existants, la naloxone a une place particulière. En effet, la naloxone est un médicament qui permet de neutraliser les effets d’une surdose d’opioïdes et de sauver ainsi des vies.

« Morphine, méthadone, héroïne, fentanyl, tramadol, nombreux sont les produits licites et illicites à base d’opioïdes. En plus de l’injection intraveineuse et des médicaments l’associant à des traitements de substitution que peuvent délivrer des professionnels de santé habilités, deux formes de naloxone sont disponibles à la distribution aux usagers-es via les CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) et les CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) : un spray nasal et une injection intramusculaire. »

Des vies qui ne sont pas sauvées

Et Aides de rappeler, en écho de l’ANSM, que la  naloxone est promue par le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 – un Plan qui préconise de « veiller à l’accessibilité physique et économique de la naloxone, faciliter en particulier la délivrance de la naloxone dite ‘’take home’’ par des structures spécialisées (CSAPA / CAARUD) et non spécialisées, et développer la formation des professionnels-les, des intervenants-es, des usagers-es concernés-es et de leurs proches ».  

« Néanmoins concrètement rien n’est fait pour que ces recommandations soient suivies d’effets, bien au contraire ! accuse Aides. Le grand écart est visible à plusieurs endroits. Au niveau de l’offre tout d’abord, Indivior, le laboratoire qui produit  le seul spray nasal disponible aujourd’hui en France a annoncé la fin de sa commercialisation parce que non rentable financièrement. Pourtant reconnue par les professionnels-les de santé et les usagers-es pour sa facilité d’utilisation, fin 2020, les usagers-es seront donc privés-es d’une des deux modalités  de prise à leur disposition aujourd’hui. 

« Sur sa diffusion et son déploiement ensuite, ajoute l’association. Pour une efficacité optimale du dispositif, la distribution des kits doit être doublée d’une formation des personnes concernées, à la fois les usagers-es mais aussi leurs proches qui doivent être aptes à réagir rapidement et à administrer l’antidote le plus vite possible. A ce stade, et malgré la mobilisation des structures communautaires, la capacité à délivrer le produit et former les personnes reste trop faible. »  

Pour Aides, il est primordial que ces deux formes de naloxone demeurent disponibles en France, « avec une meilleure accessibilité effective aux personnes concernées ». Et Aides de dénoncer « l’absence de dotation de kits de naloxone aux services de premiers secours, malgré leurs demandes ». En tant que premiers acteurs du système de santé à entrer en contact avec les victimes de surdoses, ils doivent absolument être en mesure d’administrer la naloxone et ainsi assurer leur mission : sauver des vies.

A demain @jynau        

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