Mediator®, dans quelques jours et pour six mois: procès d’un «scandale» ou d’un «désastre» ?

Bonjour

S’attendre, bientôt, à des rafales médiatiques judiciaires et moutonnières : le procès pénal du Mediator® s’ouvrira le 23 septembre devant le tribunal de grande instance de Paris. Pour une durée annoncée de … six mois. Un procès sanitaire à grand spectacle et à forte charge symbolique – dans la lignée de celui des affaires dites du sang contaminé. En toile de fond, des morts prématurées et un lien de causalité. La justice va donc, enfin, se prononcer sur les délits reprochés à la firme Servier, mais aussi à feu l’Agence française du médicament, et à certains de leurs responsables.

« La firme Servier et des filiales sont poursuivies à divers titres » rappelle Prescrire dans sa livraison de septembre dans une synthèse fondée sur l’ordonnance de renvoi (Emmanuelle Robinson, avec Claire Thépault, 30 août 2017, 677 pages). Les juges d’instruction du pôle de santé publique de Paris ordonnaient, conformément aux réquisitions du parquet, que soient renvoyées devant le tribunal correctionnel quatorze personnes physiques et onze personnes morales. 

« Blessures et homicides involontaires par violations manifestement délibérées »

 Prescrire : L’« obtention indue d’autorisation » fait référence au fait d’avoir obtenu un renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du benfluorex pour des indications liées aux troubles métaboliques, en particulier le diabète, en dissimulant ses effets anorexigènes (« coupe faim »). La firme devra aussi répondre de « tromperie sur les qualités substantielles et les risques inhérents à l’utilisation du Mediator° avec mise en danger de l’homme ». Elle sera aussi jugée pour « blessures et homicides involontaires par violations manifestement délibérées », notamment pour n’avoir pas informé les patients et les médecins de tous les effets indésirables du benfluorex, alors que les dangers étaient connus et que des cas de valvulopathies et d’hypertension artérielle pulmonaire liés à son usage avaient été signalés.

« Il est reproché à l’Agence française du médicament des « homicides involontaires par négligence » et des « blessures involontaires par négligence », notamment pour avoir tardé à suspendre l’AMM du benfluorex, et ne pas avoir prévenu patients et médecins de ses effets anorexigènes et de ses effets indésirables. D’autres délits seront aussi jugés, notamment « escroquerie », « trafic d’influence » et « prise illégale d’intérêts » pour des responsables nommément désignés. »

On observera que le mensuel indépendant de l’industrie pharmaceutique qualifie aujourd’hui cette affaire de « désastre » alors que chacun, dans les médias, usait aisément du terme de « scandale ». On pourra voir là, au choix, un lapsus ou, déjà, un commentaire.

A demain @jynau

1 « La firme Servier et l’Agence française du médicament devant le tribunal » Rev Prescrire 2019 ; 39 (431) : 700-701. (pdf, réservé aux abonnés)

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