Poursuite de la grève des urgences : les millions d’euros d’Agnès Buzyn ont fait long feu

Bonjour

Hier, avec 754 millions d’euros sur trois ans elle avait fait tapis, pensait pouvoir gagner. Aujourd’hui Agnès Buzyn a perdu : comme prévu son « plan de refondation des urgences » n’a pas convaincu. Le collectif Inter-Urgences, réuni mardi 10 septembre en assemblée générale, l’a jugé insuffisant et a voté la poursuite du mouvement de grève – un mouvement entamé il y a près de six mois et affectant désormais deux-cent cinquante services.

Rassemblés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) les représentants des grévistes ont voté à main levée une motion rappelant leurs revendications. Et ils ont acté le principe de « rassemblements locaux » pour le 26 septembre, en attendant de fixer prochainement une « date de mobilisation nationale ». La « participation aux autres actions » a également été approuvée, sans pour autant d’appel clair à rejoindre la manifestation de la CGT mercredi à Paris.

Comem prévu le collectif Inter-Urgences continue de réclamer des « réouvertures de lits », des « recrutements à la hauteur des besoins » et une « augmentation de 300 euros net mensuels pour tous les hospitaliers ». Ce qu’Agnès Buzyn ne veut/ne peut entendre : son plan se fonde sur l’orientation des patients pour limiter l’afflux aux urgences, avec un nouveau Service d’Accès aux Soins (SAS) pour réguler les appels aux secours et des « admissions directes » sans passage aux urgences pour les personnes âgées.

La ministre avait fait tapis. Il lui faudra revenir autour de la table.

A demain @jynau

Une réflexion sur “Poursuite de la grève des urgences : les millions d’euros d’Agnès Buzyn ont fait long feu

  1. L’administration et les politiques disent toujours que c’est l’organisation le problème.
    encore faut il avoir quelque chose (des lits, des soignants) à organiser.

    Les « bed managers » ou « gestionnaires de lits » il leur faut des lits à gestionner, et que les lits vides leurs soient honnêtement déclarés. J’ai dit un gros mot ?

    Or il a été calculé que pour qu’un hôpital puisse accueillir des urgences sans risque pour les malades il faut

    (ATTENTION CONTENU SENSIBLE : DIRECTEURS D’HOPITAUX LIRE EN POSITION ASSISE !) …

    que le taux d’occupation des lits soit au plus de 85%.

    Ca y’est , je l’ai dit .

    Cliquer pour accéder à 155.full.pdf

    « RISKS are discernible when average bed occupancy rates exceed about 85%, and an acute hospital can expect regular bed shortages and periodic bed crises if average bed occupancy rises to 90% or more. »
    Un éditorial (accès payant) accompagne cet article.
    https://www.bmj.com/content/319/7203/0.1

    Corollaire : il faut qu’il y ait assez de lits et que l’on puisse faire sortir les malades qui occupent un lit dont ils n’ont pas besoin:
    – aides à domicile
    – places (dignes) en EHPAD, MAPA, établissements de long et moyen séjour ou de ré-éducation, ou convalescence.

    Pour ça il faut non PAS DES MOTS, DES MOTS, DES MOTS, mais DES SOUS, DES SOUS, DES SOUS , BEAUCOUP DE SOUS.

    Le problème ce n’est pas tant les problèmes de « bobologie » mis en avant par les dirigeants qui ne fréquentent d’ailleurs pas les urgences (et par de plus, tant que ce n’est pas moi c’est de la bobologie) que les lits d’aval.

    Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas que français, c’est l’objet de déni, scotoma .

    Par exemple en bas de chez nous :
    https://emj.bmj.com/content/22/5/351
    Access block (= absence de lit d’hospitalisation) causes emergency department overcrowding and ambulance diversion in Perth, Western Australia.

    ========================================================
    Pour approfondire:

    Déjà en 2002 une revue , encore de Fatovich, sur les faits marquants de l’année en médecine d’urgence décrivait 5 sujets, le premier étant la surcharge des urgences, phénomène MONDIAL.
    Recent developments – Emergency medicine – BMJ 2002
    https://www.bmj.com/content/324/7343/958.full

    Ce qu’il y écrit fait froid dans le dos :

     » Le gouvernement de l’État australien de Victoria a publié un document sur la gestion de la demande d’urgence, selon lequel l’équivalent d’ UN AUTRE HOPITAL de banlieue est nécessaire.
    L’ouverture de lits supplémentaires en 1999-2000 a entraîné une REDUCTION de 24% du nombre de patients des services d’urgence en attente d’admission pendant plus de 12 heures et les cas de détournement d’ambulance ont diminué de 30%.
    Cependant, en juillet, août et septembre 2000, les détournements d’ambulances et l’absence de lit d’aval et ont encore augmenté ce qui montre que le système hospitalier fonctionnait à pleine capacité et était incapable d’absorber de nouvelles pressions.
    Les services d’urgence constituent le principal point d’entrée en milieu hospitalier pour les personnes nécessitant des soins hospitaliers de courte durée non programmés. Si tout échoue dans le système de santé, le service des urgences est toujours disponible pour vous aider. Ce principe de base est maintenant remis en question et le grand public risque de ne plus pouvoir compter sur les services d’urgence pour obtenir des soins d’urgence rapides et de grande qualité. »

    Encadré 1:
    CAUSES de l’encombrement des services d’urgences (adapté de Derlet et Richards * )
    – Complexité et acuité accrues des patients se présentant au service des urgences
    – Augmentation globale du nombre de patients
    – Manque de lits pour les patients admis à l’hôpital
    – Manoeuvres visant à éviter l’admission de patients à l’hôpital au prix d’une évaluation et d’un traitement intensifs au service des urgences à la place.
    – Retards dans les services fournis par les services de radiologie, de laboratoire et les services auxiliaires
    – Pénurie de personnel infirmier
    – Manque de spécialistes disponibles pour uneavis.
    – Pénurie de soutien administratif et d’assistants pour les tâches de communication et de bureau.
    – Pénurie d’espace physique au service des urgences
    – Problèmes liés aux barrières linguistiques et culturelles.
    – Exigences de documentation pour les dossiers médicaux.
    – Difficulté à organiser les soins de suivi.

    Encadré 2:
    CONSEQUENCES de l’encombrement au service des urgences (adapté de Derlet et Richards * )
    – La sécurité des patients est menacée par des les conséquences néfastes sur les soins.
    – Douleur et souffrances prolongées
    – Le personnel peut démissionner en raison des exigences qui lui sont imposées
    – Attentes prolongées et insatisfaction des patients
    – Détournement des ambulances
    – Diminution de la productivité cliniques et de l’efficacité
    – Violence
    – Effet négatif sur l’enseignement et la recherche
    – Mauvaise communication en raison de l’augmentation du nombre de patients
    – Conséquences médico-légales
    – Incapacité à évacuer en cas d’urgence, comme un incendie

    Ce genre d’horreurs ne se trouve pas dans les revues d’hématologie pédiatrique.

    L’idée , hypothèse que l’on peut piquer 700 millions d’euros ailleurs dans le système hospitalier pour les mettre « aux urgences » et s’attaquer à la bobologie c’est s’en tenir à l’arbre en se cachant la forêt qui fait peur (les loups, venus d’Italie bien sûr) cette idée me fait penser à la citation de Thomas Huxley (grand père de l’auteur de Brave New World ) :

    The great tragedy of science – the slaying of a beautiful hypothesis by an ugly fact.

    C’est plus simple d’occulter les faits (la forêt de lits qui manquent à l’hôpuital et dans son aval)

    * https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10613941

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