Interdire la PMA «post mortem» : Agnès Buzyn remporte in extremis la première manche

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C’est la polémique inversée que l’on n’attendait pas : Agnès Buzyn défendant haut et fort la « PMA pour toutes » et voulant, dans une forme de réflexe « paternaliste », interdire la « PMA post mortem. Elle s’en expliquait le 8 septembre sur France Inter :

« La logique serait de dire, acceptons-le. Si on accepte la PMA pour les femme seules, acceptons-le pour les spermatozoïdes de leur conjoint. Ce que je ne souhaiterais pas, c’est que des femmes vulnérables, en situation de deuil et parce que c’est permis par la loi, se trouvent sous une pression sociétale ou familiale (…) ‘’vous avez ces gamètes… si vous aimez votre mari faites donc un bébé … j’aimerais tant avoir un petit-fils ….’’ Mon inquiétude c’est cette pression de la famille sur des femmes qui sont dans un travail de deuil et qui n’auraient pas d’autres choix que de faire un bébé alors que, peut-être, certaines souhaitent refaire leur vie autrement. C’est cette vulnérabilité là que je souhaite faire partager avec les députés. »

Trois jours plus tard elle vient de remporter une première manche. » La commission spéciale sur la de bioéthique de l’Assemblée nationale s’est prononcée contre l’ouverture du droit, pour les femmes veuves, à disposer des gamètes de leurs maris défunts, nous apprend La Croix (Béatrice Bouniol). Un sujet qui divise jusqu’au sein de la majorité. Le débat a été long et le vote serré. Cette disposition, qui ne figure pas dans le projet de loi initial, cristallise les oppositions entre le ‘’techniquement possible’’ et ‘’l’éthiquement souhaitable’’ ».

« Si le texte prévoit, dans son article premier, l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, la PMA post mortem n’y figurait pas, observe  Libération (Laure Equy) . Il ne s’agit en aucun cas d’un oubli du gouvernement, a insisté Agnès Buzyn la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en pointant les ‘’risques pour la construction de l’enfant’’ et la possibilité de pressions familiales sur la veuve. Mais une quinzaine d’amendements, dont ceux du co-rapporteur (LREM) Jean-Louis Touraine, ancien socialiste, visaient à l’autoriser. Il est question de permettre l’insémination ou l’implantation d’un embryon à une femme, engagée avec son conjoint dans une démarche de PMA, après la mort de ce dernier. Jean-Louis Touraine proposait de demander, au début du parcours de PMA, le consentement en cas d’un éventuel décès et de fixer des bornes dans le temps. »

Reprise de la polémique fin septembre

En 2016, le Conseil d’État a autorisé une femme à disposer et à exporter les gamètes de son mari défunt pour pratiquer une PMA en Espagne, pays où cette pratique est autorisée. Est-ce là une brèche qui pourrait inciter d’autres femmes à saisir la justice ?  Où l’on retrouve aussi, effet domino, celles et ceux qui évoquent l’« impasse éthique » que constituerait l’ouverture de la PMA non pas aux « couples de femmes » mais bien aux « femmes seules ». Comment pourra-t-on justifier que l’on puisse autoriser une femme veuve à recourir éventuellement à une PMA grâce au don d’un tiers, mais lui refuser l’accès au don de l’homme avec lequel elle a eu un projet parental ? Sans même parler de la question des embryons conservés par congélation et qui, en cas de disparition du conjoint doivent être détruits ou donnés. 

« La PMA pour les femmes seules n’entraîne pas la PMA post-mortem », croit toutefois pouvoir avancer la députée macronienne Aurore Bergé coresponsable LREM sur le projet de loi. Ce qui, comme le souhaitait le gouvernement, fut confirmé, d’extrême justesse par le vote des députés de la commission. Reprise de la polémique devrait se poursuivre lors du passage du texte dans l’hémicycle, fin septembre.

A demain @jynau

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