Bonjour
Pauvres vignerons qui pleurent, riches brasseurs en liesse ! Jeudi 24 octobre l’Assemblée nationale a voté l’instauration d’une taxe sur les «premix» (mélange de boisson alcoolisée et non-alcoolisée) à base de vin pour dissuader la consommation des jeunes, ces cœurs de cible fragiles.
La taxation des «premix» existe déjà à hauteur de 11 euros par décilitre d’alcool pur, mais les «premix» à base de vin étaient jusqu’alors exonérés. «Qu’est-ce-que ces premix? Ce sont des vins aromatisés pop, de type rosé-sucette, rouge-fraise ou blanc-pêche, a résumé Michèle Peyron (LREM, Seine-et-Marne) présidente du groupe parlementaire d’études contre les addictions. C’est aussi un marketing agressif qui vise prioritairement les jeunes et les femmes et conditionne des usages qui peuvent conduire à la dépendance. Nous pouvons être fiers de nos grands crus, pas de ces premix dont les trois-quarts sont fabriqués avec du vin étranger».
En pratique c’est l’amendement de la députée (LREM, Loire-Atlantique) Audrey Dufeu Schubert qui a été adopté en séance, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Il fixe une taxation intermédiaire de 3 euros par décilitre d’alcool pur pour ces produits – produits souvent utilisés pour « écouler des vins de moins bonne qualité en les mélangeant à des sirops ».
Le gouvernement : pas touche aux bières hyper-alcoolisées !
On observera, en même temps, que la députée Danielle Brulebois (LREM, Jura) a défendu sans succès une taxation réduite à 1 euro/dcl. Selon elle l’amendement voté «va impacter un secteur qui exporte 26% de ses produits et représente 20.000 hectares de vignes et 18.000 emplois».
On attendait Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Elle a déclaré : «L’exonération dont bénéficient actuellement des boissons aromatisées à base de vin ne repose sur aucune justification en terme de santé publique». Puis, en même temps, elle a souligné que la nouvelle taxe ne touchera pas les produits proposés à l’exportation (qui pourront ainsi continuer à être écoulés auprès des adolescents étrangers).
Côté brasserie la santé publique a lamentablement perdu. Les amendements en faveur de la surtaxation des redoutables bières ultra-alcoolisés (amendements soutenus notamment par la Fédération Addictions, la Ligne contre le cancer et l’activiste sanitaire en chef Axel Kahn ) ont été rejété après avis défavorabe du gouvernement. Argument invoqué : des « contraintes européennes ». Il semble qu’Agnès Buzyn ne se soit pas exprimée sur le sujet. Si tel est bien le cas, pourquoi ?
A demain @jynau