Bonjour
Bioéthique : Emmanuel Macron voulait un débat « apaisé ». Il ne l’est décidemment pas. Nous venons d’apprendre la censure dont a été victime la philosophe Sylviane Agacinski, l’une des voix les plus libres et les plus claires contre la gestation pour autrui(GPA) et la marchandisation des corps humains 1.Elle devait animer une conférence-débat prévue, jeudi 24 octobre, à l’université de Bordeaux. Thème : « l’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique ». Conférence-débat annulée à la suite de « menaces violentes », a annoncé l’université.
Selon l’université Bordeaux-Montaigne, « des groupes ont décidé d’empêcher la tenue d’un échange légitime et évidemment contradictoire sur ces questions d’ordre éthique et juridique dans le contexte de débats actuels sur la PMA ». Début octobre, plusieurs organisations, dont Riposte Trans, l’Association des jeunes et étudiant·e·s LGBT+ de Bordeaux, Solidaires étudiant-e-s, le Collectif étudiant-e-s anti-patriarcat, avaient dénoncé dans un communiqué une « tribune » offerte à une conférencière dont ils estiment les positions « réactionnaires, transphobes et homophobes ». Le collectif avait invité les étudiants à se mobiliser contre cette venue, et affirmé mettre « tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu ».
Le courage sinon l’élégance
Ce collectif l’a donc emporté sur la liberté d’exposer, de débattre, d’argumenter. A droite des voix politiques se sont élevées pour dénoncer les menaces et la censure. Calme plat à gauche comme au sein du gouvernement et de la majorité présidentielle. On connaît les convictions pro-GPA de Marlène Schiappa Il y a peu encore la secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations estimait que tout, ici, serait possible lors du prochain quinquennat.
On sait aussi que Voltaire n’a jamais dit ou écrit son célèbre : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » 2. Mais Voltaire ou pas on aimerait que Mme Schiappa la politique, si prompte habituellement à s’exprimer haut et fort dans les médias, trouve ici le courage sinon l’élégance de prendre publiquement la défense de son adversaire philosophe.
A demain @jynau
1 Sur ce thème on peut avec profit se reporter, sur France Culture, à l’émission Répliques de ce 26 octobre 2019 : « Les enjeux de la bioéthique » où Alain Finkielkraut reçoit Sylviane Agacinski et Fréderic Worms
2 Il semblerait que ce soit une Britannique, Evelyn Beatrice Hall qui, dans un ouvrage consacré à Voltaire en 1906, a été la première à lui attribuer le désormais célèbre « I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it ».
Non.