Bonjour
C’est, au choix, peu de chose ou insupportable. Se taire ou parler. La philosophe Sylviane Agacinski est, en France, l’une des voix les plus libres et les plus claires contre la gestation pour autrui et la marchandisation des corps humains. Elle devait animer une conférence-débat prévue, jeudi 24 octobre, à l’université de Bordeaux. Thème : « l’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique ». Conférence-débat annulée à la suite de « menaces violentes », a annoncé l’université.
« C’est une première, a déclaré Bernard Lachaise, professeur d’histoire contemporaine à l’université Bordeaux-Montaigne et coorganisateur de la conférence sur France 3. Nous avions déjà connu des débats houleux ou animés, mais jamais nous avions eu ce genre de menaces. »
La philosophe était invitée depuis plusieurs mois dans le cadre d’un cycle de thématiques diverses sur l’année animées par des universitaires, écrivains, philosophes.
Selon l’université Bordeaux-Montaigne, « des groupes ont décidé d’empêcher la tenue d’un échange légitime et évidemment contradictoire sur ces questions d’ordre éthique et juridique dans le contexte de débats actuels sur la PMA ». Début octobre, plusieurs organisations, dont Riposte Trans, l’Association des jeunes et étudiant·e·s LGBT+ de Bordeaux, Solidaires étudiant-e-s, le Collectif étudiant-e-s anti-patriarcat, avaient dénoncé dans un communiqué une « tribune » offerte à une conférencière dont ils estiment les positions « réactionnaires, transphobes et homophobes ». Le collectif avait invité les étudiants à se mobiliser contre cette venue, et affirmé mettre « tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu ».
Les organisateurs, qui dénoncent une « censure », ont hésité à annuler la conférence : « Nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre, quel était le degré de la menace, reconnaît Bernard Lachaise sur France 3. Les conférences se tiennent dans un amphithéâtre, et l’escalier d’accès est assez étroit. Nous avons quand même un quart de notre public qui est extérieur à l’université, dont des personnes âgées… On a préféré annuler. »
Sur Twitter quelques personnalités politiques se sont indignées de cette décision, dénonçant une « terreur intellectuelle ». On les compte sur les doigts d’une main. On ne compte pas celles qui gardent le silence.
A demain @jynau
Les arguments pour ne pas accepter la GPA existent. Certains se focalisent sur le bien-être de la futur personne par rapport à sa quête d’origines, sur sa psychologie, sur ses besoins parentaux, etc. D’autres sur le bien-être psychique de la mère porteuse séparée après la naissance de celui ou celle qui était « son bébé » le temps de la gestation,etc… Enfin, et c’est pour moi un argument fort, la grossesse est une aventure physiologique qui a une probabilité certes faible, mais non nulle, de mal finir. Les décès maternels sont de l’ordre de 1 pour 10 000 naissances vivantes en France, probablement moins (mais pas zéro!) pour une grossesse chez une femme jeune sans pathologie connue et bien suivie dans un pays moderne. Il peut aussi y avoir des séquelles plus ou moins graves de péripéties obstétricale non mortelles. Le point important est que ce taux de mortalité maternelle et de séquelles obstéricales n’est pas de zéro. Faire porter ce risque (même très petit) d’un danger très grave à une autre personne, pour avoir « son » bébé, reste extrêmement discutable. Ce n’est pas nier la légitimité du désir d’enfants des personnes qui ne peuvent, de par leur état physiologique, enfanter directment, que de considérer très soigneusement le coût infligé à autrui par la GPA. Ce n’est pas non plus être qui-que-ce-soit-phobe. Le désir d’enfant est un droit. Mais sa satisfaction à tout prix n’en est pas un. Il est important que le législateur entende toutes les voix, et décide au nom de principes protecteurs de tous qui ne doivent pas être foulés aux pieds. L’irruption de la violence dans la discussion est d’autant plus inadmissible que le sujet est plus grave.
Je suis d’accord avec vous Michel. Mais où fixer la limite ? La femme de ménage qui se tue le dos relève de la même logique. Au nom de notre désir légitime de ne pas faire le ménage on paye quelqu’un pour le faire à notre place; On paye aussi pour qu’elle nous fasse don d’heures de sa vie qu’elle préfèrerait peut-être passer auprès de ses enfants qui ont besoin d’elle ?
Ce n’est pas simple, où est la limite ?
Votre argument, d’apparence séduisant, permet de ne jamais rien décider, ou plutôt de ne s’opposer à rien, car il y a toujours un parallèle plus ou moins approchant qui est déjà considéré comme acceptable, et c’est bien confortable. La question de la division et de la rémunération du travail est un aménagement par rapport au temps ou nous devions, isolément ou par petits groupes, chasser et cueillir pour survivre. Choisir l’exemple de la « femme de ménage » est une sélection culpabilisante, le problème posé est celui du travail en général. Pour payer la personne qui fait le ménage chez vous, vous travaillez aussi, et vous vous abimez aussi la santé. Par exemple en étant sédentaire 8 heures par jour minimum dans un bureau. Très mauvais pour la santé! Et cette personne, homme ou femme de ménage, dans votre appartement, vos bureaux, votre copropriété, etc., achète avec son salaire de la nourriture qu’un autre a produit par son travail. Mais peut-on envisager sérieusement de créer une profession de « gestante pour autrui »? Sans débattre ici de la GPA, il faut aussi revenir à la question posée par Jean-Yves Nau, qui est celle de la violence appliquée par certains pour faire taire une personne avec laquelle ils ou elles n’étaient pas d’accord. Et ça, c’est inadmissible.
Et en faisant mon ménage moi-même si si, avec la participation de mon épouse, et faisant notre cuisine nous mêmes nous privons des gens d’emploi. Vils que nous sommes.
Votre argument est allez, je dirai exagéré.
La GPA c’est loin du ménage mais plutôt comme envoyer travailler des gens dans des mines dans des pays sans régulation: il y a un risque vital , légère différence avec le ménage.