Bonjour
« Agnès Buzyn a bien résisté mais ne l’a pas emporté … ! » Telle est, pour l’heure, la petite musique des commentateurs politiques après l’invraisemblable annonce: la décision voulue par le président de la République d’instaurer un « délai de carence de trois mois » avant que les demandeurs d’asile puissent accéder à la Protection universelle maladie (PUMa). C’est là un franchissement symbolique qui ne sera pas sans conséquences médicales, politiques, morales. Christian Reboul, référent migration, droits et santé à Médecins du monde (MDM) cité par Le Monde (Manon Rescan et Julia Pascual):
« Jusqu’à présent, le principe d’accès aux soins des demandeurs d’asile n’avait jamais été remis en cause, eu égard à leur vécu, à qui ils sont. Donc c’est une étape de franchie, même symboliquement. Il y aura une aggravation des pathologies et une convergence vers les urgences. On va précariser davantage des personnes qui sont déjà en situation de vulnérabilité, quand on sait aujourd’hui que la moitié de ceux qui se trouvent dans les campements sont des demandeurs d’asile. »
Martine Lalande, vice-présidente du Syndicat de la médecine générale (SMG) : « C’est sscandaleux. Ce gouvernement fait du clientélisme vis-à-vis de l’électorat d’extrême droite. On n’a pas besoin de ça pour l’économie de la Sécurité sociale, au contraire. »
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, sur France Inter :
« C’est choquant. C’est choquant pour deux raisons. D’abord c’est une question d’humanité, ensuite c’est une question de santé publique. On aura bonne mine quand on aura mis un délai de carence, qu’une personne sera porteuse d’une maladie, qu’elle aura pendant trois mois développer cette maladie et qu’elle l’uara transmise. Il faut arrêter. Je le redis : santé publique et humanité.
« Tout cela va avoir des conséquences désastreuses… Et vous savez pour qui ? Pour les personnes concernées mais aussi pour les travailleurs sociaux, les bénévoles dans les associations, les personnes qui sont dans les centres de santé etc. On aurait pu en discuter avec les associations concernées, avec France Terre d’Asile, avec la Cimade, avec d’autres … mais non…. On a l’impression que tous ceux qui consacre leur temps à l’accueil des migrants sont quantité négligeable. Et pourtant, heureusement qu’ils sont là, heureusement ».
Chacun le voit: Emmanuel Macron a d’ores et déjà engagé sa bataille en vue de la prochaine présidentielle dans un duel contre le Rassemblement national. Aussi l’exécutif veut-il afficher en urgence sa volonté de lutter contre toute forme de fraude (présumée) dans les droits accordés aux étrangers. Ces mesures seront intégrées par voie d’amendement du gouvernement et votées dès après-demain dans le projet de loi de finances pour 2020 – et ce alors que les députés n’ont plus la possibilité de déposer d’amendement sur le texte.
« Agnès Buzyn a bien résisté mais ne l’a pas emporté … ! » Il semble exclu que la ministre des Solidarités et de la Santé ait, un instant, envisagé de démissionner.
A demain @jynau
Nouveau reniement des valeurs humaines les plus essentielles. Honte à ceux qui s en prennent aux plus faibles alors qu’ils sont les plus puissants. Honte à ceux qui vont voter cette loi scélérate demain. Mais on aura les noms.. et on dira la honte d avoir fait ça. Et maintenant où va s arrêter cette dérive paitiniste?
JP CARLAT