Le SAMU a-t-il vraiment «raccroché trois fois»? Mourir à 54 ans d’une rupture de l’aorte à Nancy.

Bonjour

C’était il y a deux ans. Naomi Musenga, 22 ans, était décédée aux urgences de l’hôpital de Strasbourg, après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu. Deux enquêtes, judiciaire et administrative avaient été ouvertes. L’affaire avait suscité une immense émotion en France et entraîné une réforme de la formation des assistants de régulation médicale du Samu.

On apprend aujourd’hui que parquet de Nancy a ouvert une enquête pour « recherche des causes de la mort » et visant la prise en charge par le Samu de la ville d’un homme décédé le 6 novembre, a indiqué mercredi 13 novembre à l’AFP le procureur de la République.

Selon une amie de cet homme âgé de 54 ans, ce Samu a raccroché à trois reprises en l’espace d’un quart d’heure alors qu’elle-même et le malade, résidant à Dombasle-sur-Meurthe, à une quinzaine de kilomètres de Nancy, tentaient d’obtenir de l’aide, a rapporté L’Est Républicain (Alain Thiesse), révélant l’affaire. Selon le quotidien régional, au terme d’un quatrième appel, les pompiers qui avaient transmis les trois premiers au Samu, se sont eux-mêmes déplacés. Le patient, qui souffrait de fortes douleurs à la poitrine et dont l’état de santé ne cessait de se dégrader, a fait un arrêt cardiaque et n’a pu être ranimé – et ce en dépit de l’arrivée d’une équipe du Samu, venue finalement en renfort.

Saisie et exploitation de l’enregistrement de la régulation

L’amie de l’homme décédé a raconté à L’Est Républicain ses appels au Samu. «On me demande alors si je suis médecin avant de m’entendre dire :  »Vous n’allez pas faire le diagnostic à ma place ». On m’explique qu’il s’agit d’une grippe et qu’il faut l’emmener chez son médecin traitant. Et puis ça raccroche», a-t-elle relaté au sujet du premier appel.

Trois minutes plus tard, deuxième appel. Cette fois, c’est la victime en personne qui se saisit du téléphone portable. « Il a parlé avec le Samu et je l’ai entendu dire : ‘’Il a raccroché !’’ », indique-t-elle avant un… troisième appel. « Le 18 me passe à nouveau le 15 mais ça raccroche encore ! », reprend-elle. Durant ces trois appels qui s’inscrivent dans un créneau de 15 minutes, l’état du quinquagénaire, qui rentrait d’un voyage en Chine, s’est fortement dégradé. « Mais il était toujours conscient ». Un quatrième appel d’urgence est lancé, toujours sur le 18. « Là, j’ai haussé le ton. Et cette fois, on ne m’a pas passé le Samu ! Et trois pompiers sont arrivés », déclare-t-elle enfin au quotidien régional.

Interrogée par l’AFP, l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est a indiqué avoir ouvert de son côté une enquête administrative qui donnera lieu «à une inspection dans les prochains jours». «Une enquête interne, en lien avec l’ARS est en cours», devant permettre «d’analyser les conditions de prise en charge du patient», a également indiqué à l’AFP le Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Nancy.

Une autopsie médico-légale a permis de préciser l’origine du décès : une rupture de l’aorte. Et le procureur a précisé que les enquêteurs procéderont à la saisie et à l’exploitation de l’enregistrement de la régulation du SAMU.

A demain @jynau

2 réflexions sur “Le SAMU a-t-il vraiment «raccroché trois fois»? Mourir à 54 ans d’une rupture de l’aorte à Nancy.

  1. Que dire ?
    Une douleur thoracique reste une douleur thoracique et jusqu’à plus ample informé, il s’agit d’une urgence médicale ou chirurgicale.
    La grippe, soyons sérieux !
    Si ces propos ont été effectivement tenus et ces faits avérés, on est en droit de se demander qui répond au téléphone et qui régule ?
    C’est affligeant et très inquiétant, surtout après le cas retentissant de Strasbourg.

    • Je ne suis pas d’accord avec « Une douleur thoracique reste une douleur thoracique et jusqu’à plus ample informé, il s’agit d’une urgence médicale ou chirurgicale. »
      La plupart de ces douleurs ne sont pas des urgences, et le médecin reste méfiant et rigoureux.

      Sur ce cas précis on ne sait pas assez pour défendre ou accuser mais évidemment quand on sait le diagnostic, a posteriori c’est très accusateur.

      J’ai l’impression que le décès étant survenu en une vingtaine de minutes après le premier appel ce malade malheureusement n’aurait probablement pas pu être sauvé. Le diagnostic de rupture de l’aorte en examinant le patient ne peut pas être affirmé mais évoqué et parfois mais ce sont les formes les plus graves avec une très forte probabilité. Il faut confirmer avec le scanner ou une échographie avec la sonde dans l’oesophage, parfois une échographie « standard ». Le SAMU aurait éventuellement fait une telle échographie sur place (ce n’est pas systématique) qui peut-être aurait fortement suggéré le diagnostic , ou l’aurait affirmé , mais cela arrive rarement, et commencé un traitement hypotenseur agressif (et antalgique à base d’opiacé) en attendant un scanner et soit la poursuite du traitement médicamenteux, soit un traitement en chirurgie cardiovasculaire.

      Attendons l’enquête le jugement a posteriori ne peut être juste que sous réserve d’un examen policier et juridique très soigneux et impartial..

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