Agressions sexuelles, attouchements d’enfants : sursis pour le pédopsychiatre expert judiciaire

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Selon que vous serez expert judiciaire ou que vous ne le serez pas ? Il y a quelques jours un pédpsychiatre âgé de 71 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Poitiers pour cinq agressions sexuelles – accusé de s’être livré à des attouchements notamment sur des enfants et adolescents. L’AFP nous apprenait alors que le parquet avait  requis cinq ans de prison pour «des actes décalés, inutiles à la pathologie des patients» à l’encontre de l’expert en pédopsychiatrie, Philippe Jouin.

Ce spécialiste de l’enfance avait effectué toute sa carrière au centre hospitalier de La Roche-sur-Yon (Vendée), s’était dit étonné qu’on puisse lui reprocher ces agressions sexuelles «par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction», entre septembre 2010 et janvier 2014.

La justice avait dépaysé le dossier à Poitiers : le médecin (qui a réalisé près de 10.000 expertises pour les institutions judiciaires vendéennes pendant plus de trente ans) ne pouvait raisonnablement être jugé en Vendée. Des membres de son équipe avaient transmis en janvier 2014 à la direction de l’hôpital les curieux examens du Dr Jouin, radié par la suite en 2015 par son conseil de l’Ordre. Une enquête administrative avait par la suite fait état d’examens injustifiés, touchers rectaux ou vaginaux, sur des enfants et adolescents, filles et garçons vulnérables hospitalisés en psychiatrie dans l’unité psychiatrie infanto-juvénile dirigée par le Dr Jouin.

« Viols de mineur par personne ayant autorité »

« Ainsi, une jeune fille avait subi une pénétration digitale pour vérifier qu’il ‘’ne s’agissait pas de vaginisme’’, rapporte l’AFP. ‘’En aucun cas, ça ne fait partie de votre mission!’’, s’est indigné la présidente du tribunal correctionnel. ‘’Je suis assez méticuleux, je ne dis pas que j’ai bien fait mais il n’y avait pas d’autres moyens pour établir un diagnostic’’, s’est-il défendu. Une femme de 61 ans qui se plaignait de douleurs lombaires avait dû subir, lors d’une expertise, un examen vaginal poussé et prolongé du psychiatre. »

L’AFP ajoute que selon un collège d’experts, aucun doute n’était permis : le pédopsychiatre est largement sorti de sa sphère de compétence, osant pratiquer des examens intrusifs, injustifiés médicalement et qui plus est sur des patients souvent jeunes et vulnérables- des pratiques totalement étrangères aux missions d’expertises confiées par la justice. Le Dr Jouin, lui, a justifié les faits par des nécessités médicales ou des demandes émanant de ses patients.  Les faits de « viols de mineur par personne ayant autorité » reprochés au début des investigations, avaient été (pourquoi ?) requalifiés en « agression sexuelle ».

Etrange entre-soi médico-judiciaire. Le 21 novembre le pédopsychiatre a été condamné par le tribunal correctionnel de Poitiers à deux ans de prison avec sursis. Il devra verser 10.000 euros d’amende et plus de 15.000 euros aux parties civiles. Et devra aussi être inscrit au ficher des auteurs d’infractions sexuelles.

A demain @jynau 

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