«2000 euros par jour !» La guerre d’Agnès Buzyn contre les médecins mercenaires-sorcières

Bonjour

C’est un formidable sous-dossier dans le grand classeur des malheurs et de la réforme de l’hôpital public français. Une affaire financière et judiciaire qui dit beaucoup des absurdités d’un service public dégradé sur lequel l’exécutif ne semble plus avoir vraiment prise. rebondit aujourd’hui avec la déclaration du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Elargi aux autres spécialités (SNPHARE).

Il faut ici rappeler le lourd contentieux qui oppose le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH) à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. En 2018 le ministère avait porté plainte devant l’Ordre contre ce syndicat. Audience prévue le 14 janvier prochain devant la chambre disciplinaire du conseil régional d’Île-de-France de l’Ordre des médecins.

« La colère est née de la mise en œuvre, depuis le 1er janvier 2018, d’un décret d’application de la loi de santé 2016, rappelait il y a peu Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas-Primbault) Celui-ci contraint les directeurs d’hôpitaux à plafonner les rémunérations des praticiens remplaçants recrutés dans les spécialités en tension de leur établissement (anesthésie, urgences, réanimation, obstétrique). Le plafond était fixé à 1 404,05 euros brut pour 24 heures de travail en 2018. Il est de 1 287,05 euros pour l’année 2019 et doit passer à 1 170,04 euros à partir de 2020. Vent debout contre cette mesure, un collectif de médecins remplaçants – devenu ensuite le SNMRH – avait publié en mars 2018 sur son site Internet la « liste noire » des hôpitaux qui appliquent ce plafonnement, encourageant ses adhérents à ne pas aller y travailler. »

« Cette plainte s’apparente à nouvelle offensive de la ministre de la Santé face à des médecins remplaçants qu’elle n’a cessé de brocarder. Tantôt qualifiés de ‘’mercenaires (…) payés 2 000 euros par jour’’, tantôt accusés d’adopter une ‘’attitude irresponsable’’, Agnès Buzyn fait de la lutte contre les dérives de l’intérim médical un quasi-sacerdoce depuis son arrivée à Ségur » ajoutait Le Quotidien.

Le prix du marché et la chasse aux sorcières

Et la ministre d’annoncer « des campagnes de contrôle dans les prochaines semaines auprès des médecins pratiquant l’intérim via les comptables publics ». Ainsi que « l’opportunité d’une mesure législative pour renforcer encore l’effectivité de l’encadrement des rémunérations ». Selon elle  « l’hôpital ne peut constituer une zone de non-droit dans laquelle certains acteurs imposeraient par le chantage exercé sur la continuité des soins leurs conditions tarifaires aux acteurs du système de santé ».

C’est dans ce cadre potentiellement explosif que s’exprime aujourd’hui le SNPHARE et sa présidente, le Dr Anne Geffroy-Wernet. « Le ministère de la Santé vient d’annoncer un ‘’probable’’ amendement au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, afin de contrôler le non-respect du décret et de l’arrêté du 24 novembre 2017 encadrant les rémunérations des praticiens intérimaires, explique-t-elle. Si le SNPHARE s’est ému des montants exorbitants de certaines rémunérations des intérimaires, il rappelle que la réglementation encadrant les rémunérations des intérimaires devait être assortie d’une revalorisation des praticiens hospitaliers… qui n’est jamais venue ! »

Pour ce syndicat les choses sont claires et les mercenaires ne sont là que parce que les soldats du cru n’ont pas le solde qui leur est dû. « L’intérim est un palliatif à la pénurie médicale dans les hôpitaux, notamment en anesthésie-réanimation ou dans les services d’urgences en raison de la démographie mais surtout du manque d’attractivité de l’hôpital public : les médecins intérimaires ont souvent renoncé à des postes de praticiens hospitaliers en raison de conditions de travail trop difficiles et/ou de rémunérations insuffisantes fait valoir le Dr Geffroy-Wernet. La flambée des tarifs dans certaines régions ou à certaines périodes de l’année, contraignant les établissements à outrepasser la loi pour garantir la permanence des soins, reflètent simplement le prix réel du marché et jettent une lumière crue sur la faiblesse des rémunérations médicales hospitalières. »

Pour le SNPHARE, « il est consternant de constater que les mesures d’urgence se réduisent à une chasse aux sorcières – dont le seul effet sera, faute de médecins remplaçants, de fermer des blocs opératoires et des lignes de garde aux urgences/SAMU ». Une affaire exemplaire qui éclaire les impasses d’un système en perte de sens – un hôpital public que la ministre des Solidarités et de la Santé semble, au fil du temps, incapable de régénérer.

A demain @jynau

Une réflexion sur “«2000 euros par jour !» La guerre d’Agnès Buzyn contre les médecins mercenaires-sorcières

  1. Tout est dit.

    Notez déja que lorsque l’on indique de telles rémliunérations par 24 heures :
    – ce n’est pas « net » mais brut »
    – ça n’ouvre aucun droit à retraite voire à protection sociale en cas d’exercice exclusif, sauf erreur.
    – ce n’est PAS UN JOURNEE DE TRAVAIL mais 24 heures cumulées.

    L’ETAT et la ministre se prévalent de leur propre TURPITUDE.

    Ils ONT CREE LA PENURIE par essentiellement les conditions de travail approchant trop souvent l’exécrable, et par une rémunération des gardes scandaleuse. Sans compter les rémunérations de début de carrière. Voir ce lien (le tarifs sont nationaux):

    Cliquer pour accéder à remunerationmedecin.pdf

    Je répète : REMUNERATION DES GARDES SCANDALEUSE : 250 euros pour en général 14 heures de travail de nuit. A noter: c ‘est une indemnité , qui n’entre PAS dans le calcul des RETRAITES.

    AU passage, pour des raisons raisons qui relèvent de l’injustice, un universitaire (« académique » en néo-français mal traduit) sera payé le double pour la même garde. Ainsi un chef de clinique est payé le double du praticien hospitalier qui fut chef de clinique . Le praticien hospitalier qui par nature (temps plein hospitalier) a plus d’expérience clinique qu’un universitaire est payé moitié moins pour sa garde.

    Accessoirement, travailler 24 heures d’affilée, c’est délirant. Notamment pour un médecin.
    Déja 14 heures c’est beaucoup. Il faut cesser le culte du/de la prétendu/e sur-homme/femme dans lequel trop d’entre eux se complaisent.

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