«Des centaines de corps entassés … ils vendaient des jambes, des bras, des têtes, des cœurs ! »

Bonjour

L’indécence nourrit parfois le fantastique, aide à la résurgence de l’étrange.

Jardin de la France, 1er décembre 2019. Marché de la place François-Rabelais à Tours (Indre-et-Loire). Une ville calme, presque celle de Babar. Le confort, sinon l’opulence, sur les étals. Les municipales approchent : ancien journaliste le maire actuel, immobile est tout sourire. Son concurrent « en marche », un universitaire, est déjà ailleurs. Les innombrables bataillons fragmentés de la gauche et de l’écologie se font attendre.

Entre les pommes clochards de Vallères et les fromages de Sainte-Maure, la queue chez l’un des nouveaux bouchers de la place. Comme sur tous les marchés de France l’homme découpe, renseigne sur les durées de cuisson, tient le haut du pavé. Ici il commente l’actualité.  

« Vous avez vu, un truc de fou, une vraie bombe, à Paris, à Descartes … – Non  – Mais si, à l’hôpital Descartes, une bombe, des centaines de corps entassés…. Ne savaient plus où le mettre … ça débordait.. Partout… Dépassés .. Non, je n’ai pas vu …- Un truc de folie, allez sur internet et vous faites « Paris-Descartes » tout y est, on voit tout…une bombe … Oui, c’est vrai, moi je l’ai vu chez Jean-Pierre Bourdin … – ??? … – Bourdin, le journaliste du matin, à RMC … ils expliquaient tout ….

« – C’est pas tout… Des rats, des souris, l’odeur … Impensable… – Et encore … ils vendaient des jambes, des bras, des têtes, des cœurs … – Oui mais les journalistes … c’est pas possible … – Comme je vous le dis, allez-y, sur internet, tout y est, c’est des étudiants, ils ont tout filmé, tout y est raconté. C’est un truc de dingue, une vraie bombe  … – C’est vrai … Ils ont même, après la télé, été obligé de tout fermer … – On va regarder … Et puis il faudra le dire à te belle-sœur, elle qui voulait donner son corps à la science… »

Le maire et ses concurrents n’ont rien perçu, rien entendu. Qu’auraient-ils répondu ? Jardin de la France, 1er décembre 2019. Place François-Rabelais. A deux pas de la faculté de médecine du même nom. A moins d’une heure ferroviaire de Paris. A quelques lieux de la maison de naissance, intacte, de René Descartes devenu symbole mondial de la raison.

A demain @jynau

 

3 réflexions sur “«Des centaines de corps entassés … ils vendaient des jambes, des bras, des têtes, des cœurs ! »

    • Très bon papier, du vécu sans fard, sans pathos.
      Les médecins doivent apprendre à transgresser des choses interdites au commun des mortels.
      Dont, outre faire couler le sang des vivants, toucher des morts, aller regarder ce qu’il y a à l’intérieur avec des outils tranchants. Qui ne se souvient de cette bouleversante expérience ? Initiatique ?

      Mais, au fait. Sait-on comment les laboratoires d’anatomie se procurent des corps. Il se disait jadis à la fac des Saints-Pères qu’ils étaient achetés, faute de ressources locales suffisantes, tout préparés, en Chine de Mao.
      Cela étant, respirons tranquilles, une enquête parlementaire ne va pas manquer d’être « diligentée ».
      J’adore ce dernier verbe avec son parfum de Far West. Les balles des Colts justiciers vont fendre l’air.

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