Décembre 2019: Charlie Hebdo, vieux journal libertaire, bat en retraite devant l’armée de terre

Bonjour

Il gèle sur la France. Les médias ont oublié l’ouverture, à Madrid, d’une nouvele conférence planétaire visant à lutter contre le réchauffement du globe. L’heure, médias à l’unisson, est à la « veillée d’armes » contre la colère nationale programmée à compter du 5 décembre. L’heure est aussi, aujourd’hui, à la  cérémonie d’hommage organisée aux Invalides à la mémoire des treize soldats français morts au Mali le 25 novembre 1.

On se souvient, ici, du texte du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Thierry Burkhard . Il avait publié, samedi 30 novembre sur son compte Facebook un courrier peu commun dans lequel il invitait le directeur de Charlie Hebdo, Riss, à venir assister à la cérémonie d’hommage national aux Invalides lundi 2 décembre. Riss, contacté par Le Monde (Nathalie Guibert) n’avait pas, alors, souhaité commenter cette initiative. Deux mondes que rien ne pouvait réunir.

Visant l’institution militaire et sa communication, les dessins publiés par Charlie détournent les slogans de la dernière campagne de recrutement de l’armée de terre– « J’ai rejoint les rangs pour sortir du lot » ou « Je suis tourné vers les autres et vers mon avenir » –en mettant en scène des cercueils portés par des camarades ou honorés par Emmanuel Macron.

Il y a cinq ans, « Je suis Charlie »

Dans sa lettre ouverte à Riss, le patron de l’armée de terre (à laquelle appartenaient les victimes engagées dans l’opération anti-djihadiste Barkhane) s’était indigné que « le temps du deuil de ces familles (ait) été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion ». Et, dépassant son indignation,il avait aussi « avec sincérité et humilité », invité Riss à participer à l’hommage national des Invalides, « pour leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent ».

On n’imaginait pas le journal libertaire, fondé par le professeur Choron et François Cavanna, répondrait un jour à une adresse de l’armée française. Or voici que Riss, est revenu, dimanche 1er décembre, sur les dessins publiés par l’hebdomadaire. Dans une lettre au général Burkhard, il écrit : « notre journal se doit de rester fidèle à son esprit satirique, parfois provocateur ». « Cela ne signifie nullement qu’il mésestime le dévouement de ceux qui se battent pour défendre des valeurs au service de tous. Nous tenions à vous le dire ainsi qu’aux familles des victimes »

« (…) Je tenais à vous dire que nous sommes conscients de l’importance du travail effectué par les soldats français pour lutter contre le terrorisme, » poursuit le patron de l’hebdomadaire, lui-même blessé en janvier 2015 lors de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo. Dans sa réponse, transmise à l’Agence France-Presse, Riss « exprime (ses) condoléances aux familles et aux proches endeuillés » et remercie le général pour son invitation à la cérémonie aux Invalides, « à laquelle (il) ne pourra cependant pas assister ». « Nous savons que leur mission (des soldats français) est difficile et qu’ils font face à des ennemis sans pitié. Ces dessins n’avaient pas pour but de douter de leur courage et de leur détermination. »

Riss ne sera pas, aujourd’hui, aux Invalides. Comment célébrera-t-on, dans quelques semaines, les cinq ans de l’attaque terroriste contre l’hebdomadaire satirique et qui avait conduit, on s’en souvient peut-être, au mouvement « Je suis Charlie » ?

A demain @jynau

1 Sur ce thème on lira avec intérêt, dans Le Monde : « Le ‘’héros’’, figure clé du récit national macroniste » (Cédric Pietralunga

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