La «mort cérébrale» et l’OTAN : que faut-il garder en mémoire pour briller en société ?

Bonjour

C’est une nouvelle métaphore macronienne dont les médias ne cessent de se repaître : celle utilisée par le président de la République, contre tous les usages diplomatiques, dans The Economist. Extrait (nous soulignons) :

« (…) L’instabilité du partenaire américain et la montée des tensions font que l’idée d’une Europe de la défense s’installe progressivement. C’est un véritable aggiornamento d’une Europe puissante et stratégique. J’ajoute que nous devrons à un moment faire le bilan de l’OTAN. Ce qu’on est en train de vivre,c’est pour moi la mort cérébrale de l’OTAN Il faut être lucide (…) »  

L’affaire, depuis quelques jours fait florès. Nombre de journalistes y ont vu un « électro-choc » (sic). Une incitation officielle et française à la désinhibition. Ainsi le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est fendu d’un tacle-carton-diplomatique-rouge à l’endroit du président français le 29 novembre. « Ces déclarations ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale, a-t-il osé déclarer lors d’un discours à Istanbul. Personne ne fait attention à toi. Tu as encore un côté amateur, commence par remédier à cela. Lorsqu’il s’agit de fanfaronner, tu sais très bien le faire. Mais lorsqu’il s’agit de verser à l’Otan l’argent que tu lui dois, c’est autre chose. »

Mollaret et Goulon

Paris a aussitôt riposté en convoquant l’ambassadeur de Turquie au quai d’Orsay, dénonçant des « insultes ». Les citoyens attendent la suite.

Pour l’heure la métaphore impose de revenir à l’histoire et au concept, aujourd’hui sans cesse mis à mal, revisité, par les neurosciences. Rappeler qu’après des siècles d’observations et d’inquiétudes quant à la définition de la mort, le «coma dépassé » a pour la première fois au monde été décrit à Paris. C’était il y a précisément soixante ans, à l’hôpital Claude-Bernard par l’infectiologue Pierre Mollaret et le neurologue Maurice Goulon. Puis vint, en 1968, la révolution française d’une nouvelle définition, légale,  de la mort : « la mort cérébrale », qui devient « légale » en France via la « circulaire Jeanneney » du 24 avril 1968. Et tout, depuis un demi-siècle, n’a cessé de s’affiner afin, notamment, de faciliter les prélèvements d’organes pour réparer les vivants.

Où l’on voit, où l’on saisit, où l’on comprend les étroites limites de la métaphore cérébrale appliquée à l’OTAN (70 ans). Qui sait ? Il n’est pas impossible que la finesse diplomatique puisse s’emparer de ces subtilités pour nous sortir de l’ornière linguistique et politique.

A demain @jynau

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