Bonjour
10 décembre 2019. Impasses, galères et colères. Omniprésence étouffante, dans les médias, de l’impossible « réforme des retraites » et des angoisses qu’elle alimente. Et puis, en marge, un édifiant papier « société » du Parisien (Florian Loisy et Carole Sterlé) : « Comment le trafic de cigarettes inonde l’Ile-de-France ». Où l’on apprend qu’en dépit des milliers de paquets saisis, des arrestations de revendeurs, des condamnations en justice, le trafic de cigarettes est florissant en Ile-de-France et attire des filières criminelles. Extraits :
« Marlboro, Marlboro! Cigarettes, cigarettes! » A Barbès, dans le quartier de la Chapelle (Paris), mais aussi à la sortie des gares, à Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), Garges, Sarcelles (Val-d’Oise), sur le marché du Val-Fourré ou au rond-point de la Vigne-Blanche aux Mureaux (Yvelines), des paquets clandestins sont proposés aux clients de la main à la main. A 5 euros en moyenne (contre 9 euros en moyenne chez un débitant), les clients ne manquent pas. Ils sont parfois plus d’une vingtaine de vendeurs à jouer des coudes sur un seul trottoir. Prêts à allumer une clope pour faire tester la marchandise.
« Près de la gare RER de Grigny, dans l’Essonne, comme ailleurs, le trafic est en constante augmentation. A la fin novembre, après plusieurs semaines d’enquête, les policiers ont interpellé quatre Guinéens, ainsi que le semi-grossiste qui les approvisionnait. Cet homme de 27 ans, qui vit dans le quartier de Grigny 2, avait caché 50 000 cigarettes (250 cartouches) dans un appartement de la cité et dans le coffre d’une voiture épave. Il a écopé de 600 euros d’amende avec sursis. Dès le lendemain, le parquet d’Evry faisait appel de cette décision. A Châtillon-Montrouge (Hauts-de-Seine), entre le terminus de la ligne 13 du métro et celui du tramway T6, une dizaine de vendeurs à la sauvette ont pris position depuis septembre 2018. Jean-Pierre Schosteck, le maire (LR) de Châtillon se dit « scandalisé ». Car malgré les rondes régulières de la police municipale, le trafic perdure. »
Incontestables vertus de la cigarette électronique (réduction des risques)
L’exécutif n’est certes pas inactif. Une brigade spécialisée dans la vente à la sauvette a été créée dans le XVIIIe arronissement en 2017. Composée de vingt-quatre fonctionnaires, elle a saisi, entre le 1er janvier 2019 et le 31 octobre, plus de 19 000 paquets dans ce seul arrondissement. 140 personnes ont été interpellées dans le cadre de ce trafic. « Elles ont majoritairement fait l’objet d’une « procédure simplifiée » qui permet de ne pas encombrer les tribunaux, et de confisquer puis mettre à la benne la marchandise illégale » précise Le Parisien. Pas inactif, certes, mais quel rapport coût-bébéfice ?
Le sujet est bien évidemment repris par le site des buralistes français. Qui rappelle que l’Ile-de-France est approvisionnée par deux filières principales : celle d’Algérie (cigarettes de contrebande, achetées euro localement et revendues aux grossistes aux environs de 3 euros ; paquets avec des inscriptions en arabe) et celle d’Europe de l’Est (contrefaçon). Dans des entrepôts en Ukraine, Slovaquie, Pologne, les cigarettes sont confectionnées pour 70 à 80 centimes le paquet et seront revendues à 3 euros en France au premier maillon de la chaîne.
Selon une étude du cabinet d’audit KPMG, financée par l’industrie du tabac, estime que près de 8 milliards de cigarettes de contrefaçon et de contrebande et 8 autres milliards de produits rapportés légalement de voyage ont été consommés en France en 2018. En d’autres termes 16 milliards de cigarettes qui échapperaient aux taxes françaises – soit près de 29 % de ce qui est fumé dans l’Hexagone.
Où l’on mesure les étroites limites de la politique d’augmentation des prix dont se félicite pourtant régulièrement le gouvernement. Où l’on regrette, aussi, cette politique d’augmentation des risques inhérente à la sous-estimation chronique, par ce même gouvernement, des incontestables vertus de la cigarette électronique.
A demain @jynau
» l’augmentation constante des prix alimente filières criminelles et mafias »
Vieille répétition de l’Histoire.
Si vous taxez trop fortement un produit alors il devient financièrement intéressant de faire de la contrebande.
Et si vous le taxez vraiment trop fortement, alors même les pertes de la contrebande (liées aux prises des douaniers) sont amorties par la différence par rapport au prix du produit taxé (en gros).