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Prohibition, un parfum américain. En septembre dernier Donald Trump réclamait une interdiction pure et simple des cigarettes électroniques « aromatisées ». Puis il avait reculé semble-t-il persuadé par des conseillers de l’impact politique d’une telle mesure de nature à lui faire perdre des voix à l’élection présidentielle de novembre prochain . L’industrie et les propriétaires de « vape shops » avaient manifesté jusque devant la Maison Blanche sous le slogan de « Nous vapotons, nous votons ».
Puis Juul, jeune géant californien leader des e-cigarettes (associé à Altria, géant du tabac) a volontairement cessé de vendre aux Etats-Unis ses arômes aux fruits, à la mangue ou au concombre, pour ne laisser que les goûts tabac et menthol (dans d’autres pays Juul continue à faire du profit avec ses autres arômes)
Nouvelle étape : le Congrès américain a adopté, jeudi 19 décembre, une loi relevant de 18 à 21 ans l’âge minimum pour acheter tabac et cigarettes électroniques sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis. En pratique le tabac et les cigarettes électroniques vont rejoindre l’alcool et le cannabis (là où ce dernier est légal) de même que l’ensemble des substances interdites aux moins de 21 ans ou plus. Jusqu’alors 19 des 50 Etats américains avaient imposé cet âge minimum, la plupart depuis cette année.
La e-cigarette prend progressivement la place du tabac
Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur dans neuf mois – après publication des décrets d’application précisant les sanctions contre les commerces qui ne les resepcteraient pas.
Pourquoi ? L’Agence France Presse nous explique : « ce relèvement de l’âge vise à combattre la fulgurante popularité des vapoteuses chez les collégiens et les lycéens depuis quelques années, alors que de moins en moins de jeunes consomment de l’alcool et des cigarettes traditionnelles : 27,5 % des lycéens de « douzième » (équivalent de la terminale) disaient avoir vapoté dans les 30 derniers jours, selon l’enquête annuelle menée par le gouvernement en 2019, contre 11,3 % en 2016. »
Une autre enquête de référence, Monitoring the Future, montre que 52 % des lycéens de terminale déclaraient avoir bu de l’alcool durant l’année précédente – contre 73 % en 2000. Pour la cigarette, la proportion de lycéens ayant fumé dans le mois passé est tombée à 5,7 %, près de moitié moins qu’en 2016. « Non seulement le vapotage augmente, mais de plus en plus de jeunes vapotent du cannabis. 14 % des lycéens ont déclaré l’avoir fait dans les 30 jours précédant le questionnaire » résume l’AFP.
En d’autres termes, aux Etats-Unis comme dans nombre d’autres endroits, la cigarette électronique prend progressivement la place du tabac – phénomène inespéré en termes de réduction des risques. Comment comprendre, dès lors que les pouvoirs législatif et exécutif ne saisissent pas la portée sanitaire de ce phénomène ? Et prenne le risque de rejeter dans l’ombre des mafias une pratique qu’elle ne pourra pas, dans les faits, interdire. Avec toutes les conséquences désastreuses que l’on connaît – gâce notamment à la prohibition américaine de l’alcool (1919-1932).