Charcuteries, omissions et autres tromperies : quand un lanceur d’alerte accuse deux experts

Bonjour

Dénoncer les conflits d’intérêt(s). C’est dans le dossier du Journal du Dimanche consacré aux risques sanitaires inhérents aux charcuteries industrielles.On peut y découvrir  : « Danger de la charcuterie : des experts au secours de l’industrie agroalimentaire » (Guillaume Coudray). Guillaume Coudray est diplômé de Sciences Po et ancien allocataire de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques. Il est aussi l’auteur d’une enquête sur les nitrites et accuse certains scientifiques de propager le doute. Enquête qui nourrit son ouvrage Cochonneries (La Découverte, 2017),

« Cela fait plus de dix ans que ­j’enquête sur les risques liés aux nitrites dans la charcuterie, écrit-il.  J’ai vu plusieurs experts mettre en doute les connaissances scientifiques. Ce sont souvent les mêmes qui propagent ces théories contestables, et tous ont des liens d’intérêt avec l’industrie agroalimentaire. »

Il précise que le 2 décembre, par exemple, Le Quotidien du médecin a publié une tribune de Jean-Michel Lecerf titrée « Une consommation modérée est compatible avec une nutrition équilibrée ». Et il ajoute que feux jours plus tard, une vidéo de ce même médecin était mise en ligne sur le site de la Fédération professionnelle, représentative des industries charcutières, traiteurs et transformatrices de viandes (FICT). « À chaque fois, il est précisé que Lecerf est le chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille 1 mais pas qu’il a été consultant pour la FICT » souligne-t-il.

Ne pas hésiter à tricher avec la science ?

Selon lui le fond du propos pose également question. « Dans Le Quotidien du ­Médecin, le nutritionniste disserte sur le risque lié à la consommation de viande rouge, moins élevé que celui lié à la charcuterie, écrit-il encore dans le JDD. C’est un contre-feu habituel pour braquer la lumière sur un sujet moins grave. Dans la vidéo, cet habitué des plateaux de télé affirme que « même les plus gros consommateurs de charcuterie ne consomment que 11% de la DJA, dose journalière admissible ». Il poursuit en expliquant que, pour atteindre 50% de la DJA des nitrites, « il faudrait huit à dix tranches de jambon par jour toute sa vie ». Avant de conclure : « On est dans un niveau de sécurité extrêmement élevé. » » Or on sait très bien que les nitrites ne provoquent jamais directement le cancer. (…) Car, après avoir été injectés dans la viande, ces additifs se décomposent et donnent naissance à des molécules cancérogènes. En évoquant la DJA, Jean-Michel Lecerf parle des nitrites eux-mêmes mais omet de signaler les composés cancérogènes, non pris en compte par celle-ci. »

Le lanceur d’alerte vise aussi autre expert « qui prend souvent la parole pour défendre les nitrites ». Dans le même numéro du Quotidien du Médecin, puis dans une tribune dans Les Échos, Gérard ­Pascal, ­ancien directeur de recherches à l’Inra, n’hésite pas à tricher avec la science en affirmant que le rapport du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2015 la charcuterie dans la catégorie « cancérogène probable pour l’homme ». La vérité, c’est qu’elle fait partie des cancérogènes avérés et qu’il suffit de deux clics sur Internet pour s’en convaincre! Ces tours de prestidigitation ne manquent pas d’audace. »

Prestidigitation ou pas les deux scientifiques consultants pour des entreprises alimentaires auront-ils ou non l’audace de répondre à l’attaque ?

A demain @jynau

1 Le Dr Jean-Michel Lecerf est l’auteur de « La viande, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. » Éditions Buchet Chastel, 2016

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