Bonjour
Le rideau est enfin levé; un nom nous est donné. Spécialistes et observateurs affûtés le pressentaient mais l’affaire peut enfin être expliquée au plus grand nombre comme, fort heureusement aujourd’hui dans les colonnes du Figaro (Cécile Thibert).
Le contexte : depuis le début de l’été, les États-Unis font face à une épidémie sans précédent de cas d’atteintes pulmonaires graves et atypiques, parfois mortelles. Selon les derniers chiffres publiés par les CDC américains (Centers for disease control and prevention), 54 personnes sont décédées et on recense 2506 hospitalisations. « L’arme du crime ? La cigarette électronique. Ou plutôt, ce que les utilisateurs ont mis dedans » résume Le Figaro. C’est ainsi que la « maladies sans nom » du départ est désormais étrangement désignée : « E-cigarette, or vaping, product use associated lung injury » (EVALI). Une pathologie américaine pour laquelle toutes les données disponibles sont dans le (toujours) prestigieux New England Journal of Medicine.
« D’après cette étude, financée par les institutions sanitaires américaines, ces cas d’atteintes pulmonaires seraient liés à des liquides de vapotage achetés sur le marché noir et coupés avec de l’acétate de vitamine E, une substance potentiellement nocive, résume Le Figaro. les fluides pulmonaires de 51 autres patients ont été analysés: 94% contenaient de l’acétate de vitamine E à un niveau détectable. La quasi-totalité des échantillons n’ont pas révélé la présence d’autres substances toxiques. En parallèle, les scientifiques ont analysé les fluides de 99 personnes en bonne santé, dont 18 vapoteurs. Aucun ne contenait d’acétate de vitamine E. »
Exécutif allergique à la réduction des risques
Ce travail conforte pleinement l’hypothèse officielle des autorités sanitaires américaines. Début novembre, ces dernières avaient annoncé avoir retrouvé de l’acétate de vitamine E dans la totalité des échantillons de fluides pulmonaires prélevés sur 29 victimes. Cette substance est habituellement utilisée dans les produits cosmétiques ou en tant que complément alimentaire. Aucun danger. Mais quid de son inhalation ? On dispose désormais de la réponse à la question – sans connaître encore pleinement l’intimité de la cascade physiopathologique (altération directe des cellules pulmonaires par l’acétate ou via un gaz toxique produit lors du chauffage de la e-cigarette). Plusieurs études sont en cours (notamment chez l’animal) pour décrypter le sujet.
Dr Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC : «Compte-tenu de tous ces résultats, nous pouvons conclure que cette épidémie explosive de cas d’atteintes pulmonaires peut être attribuée à l’exposition à des produits de vapotage contenant du THC, qui contiennent également de l’acétate de vitamine E. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres substances dans la cigarette électronique ou dans les produits de vapotage qui ne provoquent pas d’atteintes pulmonaires. »
Aucun cas d’EEVALI en France. Où, après une vague de désinformations coupables, l’on comprend que la cigarette électronique n’est pas la cause mais, le cas échéant, le vecteur. Où l’on peut, aussi de féliciter de la récente mise au point éclairée de la vieille Académie nationale de médecine :
« Il ne faut pas accuser le contenant d’être nocif alors que c’est le contenu qui est en réalité nocif et responsable de l’alerte américaine. En France, nombre de fumeurs qui s’apprêtaient à passer à la vaporette au lieu du tabac ne doivent pas hésiter puisque l’HAS en a fait un produit utile à l’arrêt du tabac et qui a fait ses preuves. »
Un Académie aussitôt méchamment attaquée par les militants radicaux d’Alliance contre le tabac. Où l’on mesure, une nouvelle fois, la somme des énergies dont il faut disposer pour œuvrer dans le vaste champ de la réduction des risques – a fortiori quand le pouvoir exécutif s’y révèle, comme souvent aujourd’hui en France, radicalement allergique.
A demain @jynau