Bonjour
Ceux sont deux jugements édifiants, à faire trembler. Il avait provoqué une forme de scandale éthique et génétique sanitaire. Il en connaît désormais le prix. He Jiankui, 35 ans, avait annoncé en novembre 2018 être parvenu à modifier l’ADN de jumelles humaines pour les rendre « résistantes au VIH » – modification transmissible à leur descendance. Le gouvernement chinois, accusé à l’époque de laxisme éthique, avait ordonné la suspension des recherches. Puis M. He avait alors fait l’objet d’une enquête policière.
Il vient d’être condamné par un tribunal de Shenzhen, là où il avait effectué ses travaux, pour « avoir illégalement procédé à la manipulation génétique d’embryons à des fins de reproduction », a précisé l’agence Chine nouvelle ce 30 décembre 2019. Sanction : trois ans de prison.
En janvier dernier les autorités chinoises avaient rapporté qu’une deuxième femme était enceinte d’un enfant à l’ADN modifié, en plus des jumelles, mais la naissance de ce bébé n’avait pas été officialisée. Chine nouvelle confirme finalement qu’au total trois bébés avaient été, « génétiquement modifiés ».
Orwell et Huxley enfin réunis
Toujours en Chine. Un pasteur protestant contestataire a été condamné lundi 30 décembre à neuf ans de prison pour «incitation à la subversion». Le pasteur contestataire Wang Yi avait été arrêté en décembre 2018 avec plusieurs dizaines de fidèles de son «Église de l’alliance de la pluie d’automne», une congrégation clandestine de la grande ville de Chengdu (Sud-Ouest).
« Le régime communiste a pour habitude de condamner des opposants politiques en période de fêtes de fin d’année, semblant miser sur un déficit d’attention des pays occidentaux » observe l’Agence France Presse. Le pasteur Wang se montrait ouvertement critique à l’encontre du pouvoir chinois. «Le parti peut prospérer pendant un certain temps, mais cela ne peut pas durer éternellement», écrivait-il sur la page Facebook de son église le 8 décembre 2018, à la veille de l’intervention de la police.
Dans ce texte, il s’insurgeait contre le contrôle du pouvoir politique sur la religion et dissertait sur la « désobéissance non violente ». Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, basée à New York, plus d’une centaine de fidèles avaient été interpellés en même temps que le pasteur. La congrégation aurait compté plus de 500 fidèles.
« La Chine du président Xi Jinping a accru ces dernières années sa surveillance de l’ensemble des cultes, souligne l’AFP. Des églises ont été détruites, des croix descendues des clochers et des écoles maternelles religieuses fermées. Dans les régions à forte population musulmane, ce sont des symboles islamiques qui ont été ôtés des espaces publics. Au Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, les Ouïghours et autres minorités ethniques de langues turciques sont punis s’ils enfreignent l’interdiction du port de la barbe et de la burqa, ou même pour la possession d’un Coran, selon des organisations de défense des libertés. Les cultes sont divisés en Chine entre les églises officielles, où l’on prie notamment pour le Parti communiste, et les ‘’clandestines’’. »
Où l’on en vient à se demander, Orwell et Huxley réunis, quels seront, demain, les honneurs réservés aux chercheurs capables de créer des embryons humains génétiquement modifiés pour ne plus pouvoir croire en un ailleurs – au-delà qui ne serait ni communiste, ni Chinois.
A demain @jynau
M’est avis que pour le chercheur, sans l’intervention internationale, il n’aurait pas eu droit à la condamnation, au contraire. Par contre le pasteur a fait exactement ce qu’il fallait pour que Winnie l’ourson ne soit pas content :D.